Par les chapitres 13 et 14, nous apprenons ce que Christ fait pour ses disciples : il leur prépare une place dans le ciel, maintient la communion avec lui-même, se manifeste aux siens, en prend soin par le Saint Esprit. Dieu (Père, Fils et Saint Esprit) demeure dans le croyant. Dans le chapitre 15, nous voyons l’autre face de la vérité, celle de notre responsabilité envers le Seigneur et envers le monde. Jésus révèle ce que nous devons être et faire ici-bas.
La clef de ce chapitre est l’obéissance dans l’amour. Tout ce que le Seigneur demande est d’obéir, c’est-à-dire de demeurer en lui, pour que les sarments portent du fruit. Tout le reste concerne le vigneron. Porter du fruit pour Dieu ne va pas sans difficulté, parce que le monde est en totale opposition à Christ. Mais l’Esprit Saint vient au secours des croyants. Dans cet entretien, le Seigneur s’adresse aux onze disciples, c’est-à-dire à des hommes qui croyaient en lui.
La vie en Christ, c’est le salut ; la vie avec Christ, la communion ; la vie pour Christ, porter du fruit.
La vigne1 est une image d’IsraëlPsaume 80. 9 ; Ésaïe 5. 1-7 ; Jérémie 2. 21 ; Ézéchiel 19. 10-14 ; Osée 10. 1. Comme Israël n’a pas porté de fruit, il est mis de côté. Christ, “planté” par le Père dans ce monde quand la Parole a été faite chair, est le vrai Israël. Il est le véritable cep parce qu’il est le seul à avoir porté constamment du fruit à la gloire de Dieu. Quel choc pour les disciples qui pensaient que le peuple d’Israël était le véritable cep, et Christ, le principal sarment !
Par une similitude2 (16. 25, 29), Jésus déclare qu’il est le vrai cep et ses disciples, les sarments3. Ils connaissent Jésus, demeurent en lui et lui obéissent. Ce sont eux qui vont porter le fruit en restant attachés au cep. Quelqu’un a remarqué : « Notre acceptation devant Dieu dépend de ce que Christ a fait pour nous, mais notre utilité parmi les hommes, dépend de ce qu’il peut faire en nous ».
Pour augmenter la production de la vigne et la qualité du fruit, le viticulteur soigne la vigne de deux manières :
Plusieurs commentateurs voient dans le sarment qui ne porte pas de fruit et qui est coupé une personne qui professe le christianisme. Comme elle ne possède pas la vie divine (la sève) pour servir Dieu, elle ne peut pas produire de fruit. Ce sarment ne sert à rien, qu’à être brûlé (verset 6).
On peut aussi considérer que le sarment inutile est le disciple qui ne porte pas de fruit pour Dieu. Ses œuvres ne résistent pas au feu1 Corinthiens 3. 13. Cette explication est préférable, car elle rend compte d’exemples que nous trouvons dans le N.T., comme celui d’Ananias et SapphiraActes 5. 1-11.
Dieu est patient. Parfois, il peut paraître que quelqu’un ne porte pas de fruit, et pourtant il n’est pas coupé. Il ne nous appartient pas de juger. C’est le vigneron qui apprécie le fruit, pas les sarments, et s’il ne coupe pas un sarment, nous pouvons être certains que le vigneron a encore de l’espoir ! Celui qui ne porte pas de fruit se sent très vite jugé, et peut être conduit à des réflexions salutaires.
La vigne n’est bonne que pour produire du fruit. Dieu nettoie les sarments utiles pour qu’ils portent plus de fruit, et il attend du fruit du véritable disciple. On ne peut vouloir vivre Christ et échapper au sécateur du Père. La paix que Jésus donne n’est pas une garantie contre toute épreuve. Ce nettoyage rend les sarments plus vigoureux et augmente la production de fruitLévitique 25. 3 ; Ésaïe 18. 5. C’est l’œuvre de Dieu.
Les disciples étaient tous purs, maintenant que Judas était parti, car ils avaient cru les paroles de Jésus (verset 3 ; 13. 10).
Nous devons réunir trois conditions pour porter du fruit : être purifié (versets 2, 3), demeurer (versets 4-5), obéir (verset 10).
Pour bien comprendre la comparaison que Jésus fait de lui-même, du Père et des croyants avec la vigne, il faut distinguer entre la position et l’état des croyants sur la terre. La position est liée à ce que Dieu a fait pour nous, l’état à ce que nous faisons. D’une part, par la foi en l’œuvre de Christ, nous sommes purifiés (litt. baignés) initialement et pour toujours (13. 10 ; 15. 3). Notre position est inaltérable devant Dieu. Mais notre état sur la terre est un état de faiblesse, en attendant que nous soyons introduits dans le ciel. Nous avons besoin d’être purifiés chaque jour des péchés que nous commettons encore. Les deux aspects de cette vérité sont clairement distingués dans le N.T. Nous avons purifié nos âmes en obéissant à la vérité (1 Pierre 1. 22), mais nous avons besoin de nous purifier, comme Lui est pur (1 Jean 3. 3). Nous sommes lavés (1 Corinthiens 6. 11), mais nos pieds doivent être constamment lavés (13. 10). Nous sommes purs (15. 3) et pourtant le Seigneur nettoie les sarments (15. 2) par l’action purifiante de sa Parole.