Parmi la foule qui suivait Jésus, se trouvait une grande diversité de gens. Plusieurs paraissaient lui être attachés et sont appelés disciples (verset 60), mais la réalité de cette appellation devra se confirmer par leur persévérance (8. 31). Ébranlés dans leur estimation par les paroles de Jésus qui leur semblent incompréhensibles, vont-ils se lasser de le suivre parce que son enseignement les choque ? Le Seigneur leur pose alors une question cruciale : “Ceci vous scandalise-t-il ?” ce qui signifie : cela vous fait-il trébucher et tomber ? Il peut en être de même aujourd’hui. Être parmi une assemblée de chrétiens sans avoir ouvert son cœur à Jésus empêche de recevoir l’enseignement spirituel que donne la parole de Dieu.
Manger la chair d’un homme et boire son sang choque chacun. C’est pourquoi Jésus dit que ses paroles sont esprit et vie. Son enseignement est de nature spirituelle et ne peut être reçu que par l’action vivifiante de l’Esprit : “Personne ne connaît les choses de Dieu… si ce n’est l’Esprit de Dieu… l’homme naturel ne reçoit pas les choses qui sont de l’Esprit de Dieu… parce qu’elles se discernent spirituellement” 1 Corinthiens 2. 11, 14.
En disant qu’il va monter où il était auparavant, Jésus interrompt sa phrase comme s’il voulait dire qu’ils seront encore plus scandalisés. Comment pourraient-ils encore se nourrir de lui ? Jésus laisse entendre que seule la foi en sa Personne permettra de comprendre ses paroles. Or déjà alors, parmi ceux qui le suivaient, quelques-uns ne croyaient pas. Jésus les connaissaient comme il connaît chacun, et même Judas qui allait le trahir. Répétant ensuite la parole dite au verset 44, le Seigneur met à l’épreuve la réalité de leur foi. Leur cœur est-il vraiment engagé à sa suite ?
Dès ce chapitre, les rangs s’éclaircissent. Il n’y aura plus de foules pour écouter le Seigneur, à l’exception du jour de son entrée à Jérusalem (12. 12). Bientôt il ne s’en trouvera que onze pour être avec lui dans l’intimité de la dernière soirée.
Ces défections n’ont pas laissé le Seigneur indifférent. La question posée aux douze disciples laisse entrevoir la peine profonde de notre Sauveur : “Et vous, voulez-vous aussi vous en aller ?” (verset 67). Plus tard, cette douleur s’accentuera encore quand Jésus réalisera les paroles du psalmiste : “Ceux qui m’aiment, et mes compagnons, se tiennent loin de ma plaie, et mes proches se tiennent à distance” Psaume 38. 12.
Simon Pierre est toujours prompt à répondre, parfois avant de réfléchir. Mais ici, sa réponse est l’élan sincère d’un cœur qui, malgré ses défaillances, restera attaché à Jésus. C’est une confession de foi qui devrait être celle de tout chrétien. Voyons-en les éléments successifs :
En disant “nous croyons et nous savons”, Pierre exprime l’ordre normal de la réception de l’évangile : d’abord la foi, ensuite la connaissance et la certitude. L’homme naturel veut voir pour croire, l’homme spirituel croit pour voir et comprendre : “Par la foi, nous comprenons…” Hébreux 11. 3
Peut-être Pierre se croit-il en mesure de répondre aussi pour les autres ? Le Seigneur lui montre alors avec beaucoup de délicatesse que lui seul connaît l’état de chaque cœur. Tirons-en leçon pour nous-mêmes, afin de ne jamais juger autrui quant à l’état de son cœur. Le fait d’être les rachetés de Jésus ne dépend pas de notre propre choix. Ce n’est pas nous qui avons choisi Jésus pour Sauveur (15. 19), mais lui est venu nous chercher et nous sauver, s’étant donné lui-même pour nous.
La parole de Jésus : “L’un d’entre vous est un diable” est forte. Il ne semble pas qu’elle ait produit un effet particulier sur les disciples. Il est facile de faire une déclaration de foi quand les circonstances sont favorables. Restons-nous aussi hardis quand vient l’opposition, ouverte ou larvée ?
Au sujet de Judas, nous pourrions discuter sans fin sur la raison de son choix. Il fallait qu’il en fût ainsi pour l’accomplissement des Écritures (17. 12). Mais cela nous montre ce qu’est le cœur humain. Il peut rester fermé à l’amour de Dieu, même dans la proximité de Jésus.