On ne peut aborder ce chapitre sans un très grand respect. Il est un des plus merveilleux du N.T. Il est évidemment une prière ; c’est la prière du Seigneur, l’épanchement de son âme devant son Père dans une parfaite communion et une entière dépendance. Les vérités merveilleuses annoncées dans la chambre haute trouvent un aboutissement sublime sur le chemin du jardin des Oliviers. Jésus embrasse dans une même vision son service passé, présent et futur envers les siens. La pensée divine ne nous est plus révélée par l’enseignement comme dans les chapitres précédents, mais par une prière, la plus longue qui soit rapportée du Seigneur pendant son ministère1. La prière que le Seigneur avait enseignée à ses disciples contenait des demandes que le Fils de Dieu ne pouvait pas faire pour lui-mêmeMatthieu 6. 9-15. Ici, le Seigneur fait des demandes que lui seul pouvait présenter. Comme d’autres l’ont remarqué, « il reçoit tout, mais ne s’approprie rien » et « il ne demande que pour donner. »
Jésus s’adresse à son Père, parce qu’il sait que seule la prière peut rendre efficace ce qu’il a enseigné à ses disciples jusqu’ici. Par cette prière le Seigneur démontre qu’il a aimé ses disciples vraiment jusqu’à la fin (13. 1).
L’élévation de la pensée et la puissance des expressions remplissent le cœur du croyant comme nulle autre parole du Seigneur. C’est la prière du médiateur entre Dieu et les hommes1 Timothée 2. 5, celle de notre Souverain SacrificateurHébreux 4. 14. Il considère l’œuvre de la croix comme déjà accomplie, puisqu’il fallait qu’il passe par la mort, soit ressuscité et glorifié, pour être médiateur entre Dieu et les hommes. Les bénédictions qu’il apportait à son peuple nécessitaient elles aussi sa mort et sa résurrection.
Pour reprendre une figure de l’A.T., Jésus entre dans le lieu très saint comme Souverain Sacrificateur et intercède pour ses disciples, ceux que le Père lui a donnés. Le voile qui fermait l’accès du lieu très saint dans le tabernacle, puis dans le temple, est déjà déchiréLuc 23. 45 ; Hébreux 10. 20.
Après avoir enseigné à ses disciples tout ce qu’ils pouvaient comprendre avant sa mort et leur avoir promis l’Esprit Saint qui leur expliquerait ce qu’ils ne pouvaient pas encore saisir, Jésus se tourne tout entier vers son Père et considère les résultats de son sacrifice. Il lève les yeux au ciel et s’adresse à son Père2 en regardant à la gloire qui suivrait ses souffrances1 Pierre 1. 11. Si Jésus était resté dans le sépulcre, la honte aurait été complète, car la gloire du Père n’aurait jamais pu éclater le jour de la résurrectionRomains 6. 4.
Pour la septième et dernière fois3, Jésus parle de l’heure ; la sienne, mais aussi celle du Père dans laquelle le Fils le glorifiera. Ici, il ne s’agit pas de l’heure du grand sacrifice où la croix devient une gloire (13. 31, 32), car Jésus considère son œuvre comme achevée4. C’est l’heure où le Fils est glorifié par la résurrection et son ascension auprès du Père. En demandant d’être glorifié, le Fils demande seulement ce que le Père lui a promis (12. 28). En Jésus, porteur de la gloire de Dieu, toutes les perfections divines rayonnent et révèlent la gloire du Père, comme il l’avait dit à Philippe : “Celui qui m’a vu a vu le Père” (14. 9). Jésus ne cherche pas les honneurs du monde. L’objet de sa demande n’est pas pour lui-même. Son but premier est de faire connaître le Père en donnant la vie éternelle à ceux que le Père lui a donnés. Faire connaître le Père aux hommes, c’était les amener à voir en Christ sa parfaite image (1. 18).
Comme Fils de l’homme, Jésus a reçu autorité sur l’humanité entièreMatthieu 28. 18. Cette autorité, reçue avec le pouvoir de l’exercer en grâce comme en jugement, est universelleColossiens 2. 10 ; 1 Pierre 3. 22. En attendant d’exercer son autorité en jugement sur toutes les nations, avant l’établissement de son règne sur la terre, Jésus s’en sert, non pour lui-même, mais pour donner la vie éternelle aux hommes. Cependant pas à tous. Elle n’est donnée qu’à ceux que le Père lui a confiés : “Tout ce que le Père me donne viendra à moi” (6. 37).
La vie éternelle n’est pas seulement une vie immortelle, mais une vie qui appartient à un domaine hors de l’espace et du temps2 Corinthiens 4. 18. Elle contient toutes les bénédictions.
Vivre, c’est connaître le seul véritable Dieu et son Fils Jésus Christ5 dans une relation vivante. Dans ce sens, l’homme sans relation avec Dieu n’est pas vraiment vivant, puisqu’il ne possède pas la vie éternelle, mais seulement une existence éternelle. L’obtention de la vie éternelle ne dépend pas de la connaissance du mystère des Personnes divines, trois Personnes en une, mais de la foi au Fils de Dieu (3. 36 ; 5. 24) 1 Jean 5. 13.
La vie éternelle a encore un autre caractère : c’est Christ lui-même1 Jean 5. 20. “Celui qui a le Fils a la vie” 1 Jean 5. 12.
Jésus a glorifié son Père sur la terre en manifestant toutes les perfections divines (1. 14). Il a glorifié le Père dans sa personneHébreux 1. 3, par ses miraclesMatthieu 9. 8, par ses paroles (12. 27, 28), par sa vie sainte. Cette œuvre, accomplie sur la terre quand il s’est dépouillé de sa gloire de Fils unique, est maintenant achevée (4. 34). Jésus en mesure toutes les conséquences6. Le voile jeté sur sa splendeur pendant sa vie sur la terre peut être levé. Le Fils demande au Père : “Glorifie-moi, toi, Père, auprès de toi-même, de la gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde fût” (verset 5). C’est l’expression de l’identité de nature du Père et du Fils.