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Pour plusieurs raisons sans doute, les frères du Seigneur le poussent à se rendre à Jérusalem. Leur but était peut-être de confirmer la foi des disciples de Judée, puisque ceux de Galilée l’avaient délaissé, à l’exception des douze. Ou alors, espéraient-ils revendiquer leur relation avec Jésus du moment qu’il serait mis en vedette par l’opération de miracles ? Ou encore souhaitaient-ils que Jésus étende son influence leur permettant ainsi de tirer parti de son éventuelle popularité ? Mais ce n’était pas la foi, bien au contraire ! Leur demande est un véritable défi lancé à Jésus (verset 4). L’incrédulité des frères du Seigneur est ouvertement déclarée au verset 5, et la réponse de Jésus ne laisse aucun doute sur leur état d’esprit. Il faudra le déroulement de tout le drame de la croix et une puissante opération de la grâce divine pour changer leur cœur ; cela est rendu manifeste après l’ascension du SeigneurActes 1. 14.
N’y a-t-il pas, dans cet exemple, un avertissement pour chacun ? On peut vivre dans un environnement chrétien favorable tout en restant étranger à la grâce de Dieu. Seule la foi qui reçoit la vérité de l’évangile, se l’approprie et agit en conséquence est en mesure de plaire à DieuHébreux 11. 6.
L’expression “Mon temps n’est pas encore venu” (verset 6) signifie le moment de l’établissement du règne de justice lors de l’apparition glorieuse du Seigneur. Ce temps n’arrivera qu’après la période de jugement et la repentance du peuple que préfigurait la fête précédente, celle des propitiationsLévitique 23. 27. Cette fête n’est pas mentionnée dans les évangiles, car l’arche et le propitiatoire, éléments nécessaires à son rituelLévitique 16, ne se trouvaient plus dans le temple2. Recevoir la gloire d’un monde qui rejette Christ ne peut pas être la part d’un croyant fidèle. Pour Christ et pour ceux qui désirent le suivre, le temps actuel n’est pas celui des honneurs, mais celui de l’opprobre. Demeurant donc en Galilée pour quelques jours encore, Jésus laisse sa propre parenté monter à Jérusalem. Il ne peut pas s’associer à la fête comme le monde, mais il y viendra pour apporter un message de salut en faveur de quiconque a soif (verset 37).
Jésus quitte la Galilée pour ne plus y revenir, sinon après sa résurrection. Il monte à Jérusalem et restera en Judée jusqu’à sa mort. Il ne s’y rend pas publiquement, car son heure n’était pas encore venue, pas plus celle de sa mort que celle de sa gloire.
Si le Seigneur n’était pas monté à Jérusalem pour la fête des tabernacles, il aurait désobéi à la loi, car le Juif fidèle était contraint d’y participer. Il monte en secret, non par crainte d’être persécuté (comme il savait devoir l’être) ou pour recevoir des honneurs (comme ses frères le souhaitaient), mais pour servir. Il n’a qu’une seule pensée : apporter au peuple ce que tout le rituel religieux ne pouvait lui procurer. Durant les premiers jours de la fête qui durait huit joursLévitique 23. 33-36, les Juifs cherchent Jésus, mais non pas par amour. Des rumeurs contradictoires circulaient à son sujet, chuchotées par crainte des chefs du peuple. Par ses appréciations, la foule démontre un trait caractéristique de tout vrai serviteur : il sert Dieu “dans la gloire et l’ignominie, dans la mauvaise et la bonne renommée” 2 Corinthiens 6. 8.
Partout où il passait, Jésus enseignait. Le premier sujet d’étonnement des habitants de la Judée est la parole même de Jésus. Les Galiléens avaient fait les mêmes remarques à deux reprisesMatthieu 7. 28, 29 ; Marc 1. 22. Leur étonnement prend sa source dans l’incrédulité, car si l’origine divine de Jésus n’est pas reconnue, on ne peut que s’étonner de ses paroles. Jésus seul possède la vérité. Ses paroles sont divines dans leur essence même. Il n’en est pas ainsi du serviteur du Seigneur, si fidèle soit-il. Toutefois, le Seigneur dit à ses disciples que Dieu leur donnera une sagesse à laquelle leurs adversaires ne pourront répondreLuc 21. 15. Il en a été ainsi d’Étienne, premier martyr chrétien, auquel nul ne pouvait résister, tant sa parole était puissante par l’Esprit SaintActes 6. 10.
Une fois de plus, Jésus donne toute la gloire à son Père (verset 16). Il était venu pour honorer le Père et pour communiquer ses paroles. Dans son chemin d’humilité et d’obéissance, il était “vrai” et “sans injustice” (verset 18). Seul celui qui fait la volonté de Dieu est rendu capable de connaître l’origine de la doctrine de Jésus. Il en est ainsi encore maintenant : nous sommes invités à discerner les multiples doctrines répandues dans la chrétienté. “Par ceci vous connaissez l’Esprit de Dieu : tout esprit qui confesse Jésus Christ venu en chair est de Dieu, et tout esprit qui ne confesse pas Jésus Christ venu en chair n’est pas de Dieu ; et ceci est l’esprit de l’Antichrist” 1 Jean 4. 2, 3. Quand aujourd’hui un enseignement glorifie Christ et honore le Père, c’est celui du Saint Esprit ; sinon, c’est l’esprit d’erreur. La doctrine enseignée par Jésus ne se laisse pas examiner dans un esprit d’indépendance, comme on étudie une pensée philosophique. Beaucoup de personnes cherchent la vérité. En fait, il s’agit moins de chercher que d’obéir.
Puisque la foule relève que Jésus n’a pas “appris les lettres” (n’a pas fait des études rabbiniques selon les normes en vigueur), le Seigneur se tourne alors vers ces “lettrés” pour leur montrer qu’ils n’obéissent pas à la loi qu’ils prétendent si bien connaître. Lors d’un précédent passage à Jérusalem, Jésus avait opéré une guérison un jour de sabbat (5. 9). Cela avait excité la colère des Juifs qui avaient voulu le faire mourir. Le Seigneur le leur rappelle. Ils insultent alors Jésus en le disant possédé, car à cette époque, on attribuait tous les dérangements psychiques à la puissance des démons.
Le Seigneur ne relève pas l’insulte, mais il base ses arguments sur la loi de Moïse pour démontrer l’aberration des raisonnements de ses objecteurs. Le respect d’une ordonnance de la loi impliquait la violation d’une autre si l’on appliquait la lettre et non l’esprit de la loi3. S’il s’agissait de la guérison d’un paralytique un jour de sabbat, le respect de l’ordonnance devait faire place à la grâce et à l’amour. Le jugement superficiel aboutit à la condamnation, mais la juste appréciation selon Dieu laisse libre cours à l’amour (verset 24).