Quelle tristesse pour le Seigneur de n’avoir pas été compris, après avoir tout fait pour ses disciples ! Philippe avait suivi le Seigneur dans le chemin, mais sans faire beaucoup de progrès spirituels. Comme les autres disciples, il avait entendu Jésus déclarer : “Moi et le Père, nous sommes un” (10. 30). Dans cet évangile, Philippe est la première personne à qui Jésus a demandé de le suivre (1. 43), mais il n’avait pas compris qui était véritablement Jésus. Il avait incité Nathanaël à venir voir par lui-même qui était le Messie qu’il venait de rencontrer (1. 46). Philippe connaissait l’Éternel au travers des Écritures, mais comme un enfant adopté, il recherchait encore son Père.
Philippe pense avoir trouvé la solution à ses problèmes ou la réponse à ses questions quand il demande à Jésus de leur montrer le Père. “Cela nous suffit”, dit-il. D’un côté, la foi de Philippe est remarquable. Le Père était tout pour lui. Mais d’un autre côté, on constate qu’il croyait pouvoir établir les normes selon lesquelles Dieu doit se révéler. Il veut voir le Père 1, mais Jésus demande de croire. Il réclame une démonstration extérieure, mais Jésus demande une conviction intérieure. “Celui qui m’a vu a vu le Père… Ne crois-tu pas que je suis dans le Père, et que le Père est en moi” ? Dans cette réponse, se trouve l’expression de l’union parfaite du Père et du Fils. Cet état n’est possible que dans la nature divine. Dans le Fils “habite toute la plénitude de la déité corporellement” Colossiens 2. 9. En voyant Jésus, nous voyons le Père, car Jésus est l’image du Dieu invisible, l’empreinte de sa substanceColossiens 1. 15 ; Hébreux 1. 1-4. Si le Fils de Dieu n’était pas égal au Père, notre foi serait idolâtre, car nous rendrions hommage à une créature.
La foi précède les œuvres : “Celui croit en moi fera…” Elle se démontre par des actions concrètes dans des situations concrètes. Ce principe se trouve dans toute la parole de Dieu, à commencer par l’exemple d’AbrahamRomains 4. 1-5. Nous n’avons aucun mérite à accomplir des œuvres, car Dieu les “a préparées à l’avance afin que nous marchions en elles” Éphésiens 2. 10. Ces œuvres ne sont pas préparées pour que nous nous glorifiions, mais pour que les hommes glorifient Dieu (comp. verset 13 et Matthieu 5. 16). Mais les actions seules, sans la foi qui les génère, sont inutilesGalates 2. 16. De même la foi sans les œuvres est morteJacques 2. 26.
Comment un disciple du Seigneur peut-il faire des œuvres plus grandes que celles de son Maître (verset 12) ? Le Seigneur fait une différence entre les miracles dans le monde matériel et dans le monde spirituelMarc 2. 9. Les œuvres que le Seigneur opère aujourd’hui par ses serviteurs sont plus grandes que les miracles qu’il faisait jadis en guérissant les malades, parce qu’elles sont spirituelles et donc apportent non seulement le pardon, mais aussi la réconciliation avec Dieu, ce qui était impossible avant le sacrifice de Jésus Christ. Elles sont aussi plus grandes parce que plus durables, ayant des effets éternels. Même Lazare ressuscité d’entre les morts a dû mourir une seconde fois. Elles sont enfin plus grandes parce qu’elles ont une portée beaucoup plus large, car la prédication de l’évangile n’est plus restreinte à une seule nation. Le Seigneur n’était envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’IsraëlMatthieu 15. 24. Il envoie ses disciples dans le monde entierMatthieu 28. 19. A travers eux, ses œuvres se multiplient.
Jésus n’était pas comme un maître humain, dont l’enseignement cesse avec son départ. Sur la terre, Jésus pourvoyait aux besoins des disciples et leur donnait ses directives pour tout ce qu’ils devaient accomplirLuc 9. 1. Pour l’avenir, rien n’est laissé à l’aventure. Jésus promet que si nous demandons quelque chose en son nom, il le fera. Cela ne veut pas dire que nous pouvons demander n’importe quoi. Dieu ne répond pas aux prières qui sont contraires à sa nature et à sa volonté. Le Seigneur ne nous a pas laissé un chèque en blanc que nous pouvons remplir à notre guise avec nos demandes pour satisfaire des désirs égoïstes et des ambitions personnelles, même au travers de « bonnes œuvres ». Mais si notre foi s’empare des promesses de Jésus, le Fils de Dieu, nos prières se fondront dans sa sainte volonté et il répondra pour que le Père soit glorifié.
Ainsi nous devons prier Dieu :
Si nous voulons profiter de la promesse de Jésus, nous devons prier en son nom (15. 16 et 16. 23). Dans l’usage biblique, le nom représente la totalité de la personne. Demander en son nom était quelque chose de nouveau (16. 24). C’était, en quelque sorte, prier à sa place, prier de sa part, en accord avec sa nature et sa volonté.
Notez la réciprocité : au verset 14, le Seigneur promet de faire ce que nous demandons par la prière. Au verset 15, Jésus demande que nous fassions ce qu’il commande et lui priera le Père.
Les versets 13 et 14 peuvent être présentés de la manière suivante :