Malgré leur différence fondamentale, il y a une réelle continuité entre le service de Jean-Baptiste et le ministère du Seigneur Jésus. Jean préparait le chemin du Seigneur dans le cœur du peuple. Son baptême était le signe de la repentance qui ouvrait le cœur à la réception du salut. Jésus apportait ce salut et allait en payer le prix par son œuvre à la croix. La continuité de ces deux ministères est soulignée par le court séjour de Jésus sur la rive du Jourdain et par le fait que ses disciples se mettent à baptiser eux aussi. Notons que Jésus lui-même ne baptisait pas (4. 2), car il ne le fera qu’après sa résurrection en baptisant de l’Esprit Saint.
Nous ne savons pas quels ont été les arguments des uns et des autres dans la discussion intervenue au sujet de la purification (verset 25), mais souvenons-nous que la discussion religieuse sur des points de forme et de procédure n’aboutit à rien, si ce n’est à des litiges qui ne peuvent que fourvoyer.
L’action des disciples de Jésus est mal interprétée par ceux de Jean qui voient là une concurrence à leur maître. Ils pensent que le service de Jésus va lui être préjudiciable. S’ils avaient compris la signification des paroles de Jean quand il avait dit : “Voilà l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde”, ils auraient été heureux de voir les foules se rendre auprès de Jésus.
Jean leur parle avec beaucoup de tact, en rappelant quel était le sens profond du témoignage qu’il avait rendu à Jésus. Il avait lui-même reçu de Dieu le ministère qu’il accomplissait ; Jésus, à son tour, remplit le service que Dieu lui confie. Pour Jean-Baptiste, c’était un réel privilège d’être témoin des premiers actes de Celui dont il était le précurseur.
Jean n’était que l’ami de l’époux. Du moment que de nombreuses personnes venaient vers Jésus, sa joie de précurseur était accomplie. Le premier mouvement de ces quelques personnes était le gage du salut de nombreuses autres qui deviendraient plus tard l’épouse de l’Agneau. Jean s’efface devant cette action de l’Esprit de Dieu dans les cœurs, car le Seigneur seul a tous les droits sur les affections des croyants. Le souhait de chacun devrait être que Jésus grandisse toujours plus dans nos cœurs. Mais cela ne peut se réaliser que dans la mesure où diminue l’appréciation que nous avons de nous-mêmes. Puissions-nous dire comme Paul : “Je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi” Galates 2. 20.
Jésus devait grandir encore dans l’estime de ceux qui voulaient le suivre. Quant à Jean, il allait être mis de côté, car son service était accompli et sa course achevéeActes 13. 25. Il ne savait pas que “diminuer” comporterait pour lui des mois de prison, avant d’être décapité par un roi impie. Nous comprenons que, plus tard, il ait été en proie au découragement ; mais qui ne l’aurait été ? A cette occasion, alors, le Seigneur aura soin de relever l’honneur de son fidèle serviteurLuc 7. 26-28.
Jésus est venu d’en haut, Jean est venu de la terre, comme l’un d’entre nous. Jésus est donc au-dessus de tous. Lui seul peut apporter un témoignage irréfutable comme il le dit plus loin : “J’ai un témoignage plus grand que celui de Jean” (5. 36). Ceux qui ont reçu ce témoignage scellent que Dieu est vrai, c’est-à-dire le reconnaissent positivement. Voilà ce qu’est la foi : mettre son sceau sur la véracité de la parole de Dieu en recevant celui que Dieu a envoyé. Jésus exprime entièrement les paroles de Dieu et il a la plénitude de l’Esprit (verset 34). Étant Dieu lui-même, il partage l’amour du Père, ainsi que son autorité (verset 35).
Le verset 36 est peut-être une adjonction faite par l’évangéliste, comme conclusion aux paroles de Jean-Baptiste. Il souligne l’excellence de la personne de Jésus, le Fils de Dieu, mais aussi la responsabilité de chacun de croire en lui. La fin de ce verset est solennelle : “Qui désobéit au Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui”. Ne pas croire, c’est désobéir et encourir le jugement de Dieu. Ce jugement, appelé la colère, devrait s’exercer envers chaque individu, mais le Seigneur l’a enduré à la place des coupables. Refuser de croire à l’offre du pardon en Jésus, c’est demeurer sous l’effet de cette colère, c’est être exclu de la vie éternelle. Que nul ne s’y expose !