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Évangile selon Jean
Sondez les Écritures - 4e année

Jean 18. 28-40

Jésus en face du gouverneur

1. Jésus devant Pilate

Incompétence des autorités religieuses à juger Jésus : versets 28-32

Jésus a été d’abord traduit devant les autorités religieuses. Elles n’ont pas assumé leur rôle devant le Dieu qu’elles prétendaient servir. Anne et Caïphe se sont comportés en accusateurs de Jésus plutôt qu’en juges. De toute manière, leur jugement était arrêté d’avance (11. 53).

Les Juifs mènent ensuite Jésus chez Pilate, le représentant du pouvoir civil, mais ils ne pénètrent pas eux-mêmes dans la cour de justice (le prétoire). Les lois juives de l’époque interdisaient à un Juif d’entrer dans la maison d’un non-Juif sous peine de se souiller et de ne pas pouvoir participer aux cérémonies religieuses, à moins de s’être longuement purifié. Malgré leurs desseins iniques, les chefs du peuple respectent scrupuleusement les formes religieuses pour pouvoir fêter la Pâque1. Ils refusent de se laisser souiller par le pavé romain, mais n’hésitent pas à réclamer la mort de Jésus à Pilate, quand le gouverneur sort à leur rencontre. Le ritualisme et l’hypocrisie sont les pires aspects de la religion.

Sans apporter aucune preuve, les Juifs accusent Jésus par un raisonnement circulaire et fallacieux qui n’a certainement pas trompé le gouverneur :

  • Comme Jésus est un malfaiteur, ils ont décidé de le lui amener.
  • Puisque Jésus est maintenant devant lui, il est donc coupable.

Rapidement, Pilate réalise que le prisonnier est innocent, mais le désir de sauver sa réputation et de plaire aux Juifs qui le détestent lui fait imaginer un stratagème : il tente sans succès de persuader les autorités religieuses de décider pour lui : “Jugez-le selon votre loi”. Pilate ne déclare pas formellement qu’ils pouvaient le mettre à mort. En entendant cela, les Juifs se réfugient derrière le code romain qui, selon eux, leur ôtait le droit de mort. En fait, il semble bien que le sanhédrin pouvait exécuter la sentence capitale avec l’autorisation du gouverneur.

Jésus devait être mis à mort par crucifixion, la méthode romaine d’exécution, comme il l’avait déclaré (3. 14 ; 8. 28) Matthieu 20. 19, et non par lapidationLévitique 24. 16. Il devait être “élevé” (3. 14 ; 12. 32), suspendu entre ciel et terre, et ainsi fait malédiction pour nousGalates 3. 13 ; Deutéronome 21. 23.

En refusant l’offre de Pilate, les Juifs reconnaissaient implicitement la domination étrangère sur eux. Ils montraient aussi que leur volonté n’était nullement de juger, mais de “faire mourir” Jésus. Quant on sait combien ils pouvaient être pointilleux sur les moindres détails de la loi et combien ils détestaient l’occupant romain, on reste stupéfait de leur réaction. Mais Dieu dirigeait toutes les circonstances derrière ce procès inique.

Le roi des Juifs : versets 33-38

Dès son premier contact avec Jésus, Pilate a conscience d’être devant quelqu’un d’extraordinaire. Les Juifs avaient dû insinuer quelque accusation contre Jésus auparavantMatthieu 27. 11 ; Luc 23. 2 pour que Pilate lui demande, après être rentré dans le prétoire, s’il est le roi des Juifs. De quels sentiments était animé Pilate pour qu’il pose cette question ? Se moquait-il de Jésus, voulait-il l’humilier ou au contraire avait-il peur de se trouver devant un rival de Rome ou de lui-même ? L’évangéliste n’en dit rien. Il ne rapporte que les faits.

En répondant à Pilate par une autre question (verset 34), Jésus lui montre combien sa première question était ambiguë et il en appelle à sa conscience : avait-il basé sa question sur une conviction personnelle ou sur des ouï-dire ? Au fond, voulait-il la justice ou était-il un instrument aux mains des Juifs ? Défendait-il les droits de Rome ou répondait-il simplement aux accusations des Juifs ? Pilate élude la question. Il nie tout intérêt personnel dans cette affaire. Pour garantir Jésus et se garantir lui-même, le gouverneur tente alors d’amener l’accusé à retirer ses prétentions à la royauté. Il lui dit : “Qu’as-tu fait ?” C’est cette même question que Dieu posa à Ève après qu’elle eut pris le fruit défendu, et à Caïn, le premier meurtrier ! Les rôles sont complètement retournés !

Mais Jésus ne peut abandonner son titre de roi des Juifs et de roi de toute la terre, même si son propre peuple le désavoue et le rejette. Son royaume n’est pas de ce monde (il ne dit pas : dans ce monde). Deux systèmes sont en présence. D’un côté, les empires qui se maintiennent par la force des armes charnelles ; de l’autre, le royaume de Dieu établi par des armes spirituelles, dans lequel règne la véritable justice. Ni le Seigneur (8. 23 ; 17. 14, 16), ni ses disciples (17. 14, 16) ou son royaume n’appartiennent à ce monde2.

Le royaume de Jésus Christ est céleste et universel. Un jour, il l’établira sur la terre quand son peuple le reconnaîtra comme Messie. Alors seulement ses serviteurs combattrontMichée 4. 13 ; Zacharie 12. 6. Aujourd’hui, Jésus Christ est Seigneur dans l’église, un titre plus glorieux que celui de roiPhilippiens 2. 9-11. Il est la tête, non le roi, de l’assemblée qui est son corpsÉphésiens 1. 22.

En entendant Jésus, Pilate a dû pressentir qu’il était roi d’un royaume qu’il ne connaissait pas et penser qu’il n’avait pas grand chose à craindre de lui sur le plan politique. Étonné, il revient à sa question : “Tu es donc roi ?” Jésus continue d’en appeler à la conscience de Pilate en attirant son attention sur la nature de la vérité. Jésus était venu pour rendre témoignage à la vérité. “Quiconque est de la vérité, écoute ma voix” (verset 37). Être de la vérité, ce n’est pas simplement être honnête et sincère, ou encore connaître la vérité. C’est être dans un état qui permet de l’aimer et de la mettre en pratique1 Jean 3. 18, 19, c’est être de Dieu (8. 47). Pilate pose alors la question restée célèbre : “Qu’est-ce que la vérité ?” Était-ce de sa part une véritable question ou plutôt une exclamation désabusée ? Sans attendre la réponse, Pilate quitte le prétoire pour retourner vers les Juifs.

Jésus parlait de la vérité dans son sens absolu ; Pilate, lui, de vérité relative (l’article est omis). Pour lui, un homme cynique, la vérité était subjective.

Contrairement à ce que les hommes pensent, et comme Pilate le croit, personne ne peut déterminer par lui-même et pour lui-même ce qui est vrai. Pour pouvoir le faire, il faut une référence absolue. Seuls, Jésus (14. 6), la parole de Dieu (17. 7), et l’Esprit sont la vérité1 Jean 5. 6.

Par l’évangile selon Luc, nous savons que Pilate a envoyé Jésus à Hérode qui l’a interrogé longuement. Ses soldats le traitèrent avec mépris et brutalité avant qu’il le renvoie à PilateLuc 23. 7-12.

Jésus ou Barabbas : versets 39, 40

Bien que le gouverneur déclare son prisonnier innocent, il ne le libère pas, mais propose un marché sinistre. La coutume voulait qu’un prisonnier soit relâché à la Pâque. Le gouverneur propose Jésus. En somme, Pilate est prêt à déclarer que Jésus est un malfaiteur si les Juifs acceptent sa proposition. Il croit encore que cela satisfera les Juifs. Mais ils demandent Barabbas, un brigand. Pilate ne s’y attendait certainement pas.

Pour les Juifs, relâcher un prisonnier à la Pâque symbolisait leur délivrance de l’Égypte. Les chefs l’avaient compris : Jésus était une plus grande menace pour leur système de société que Barabbas. Cet épisode montre bien ce que choisit le monde quand Christ est rejeté. Le contraste entre Barabbas (qui signifie “fils de son père”) et Jésus (le Fils du Père) est total.

Par sa lâcheté et son cynisme, Pilate perdit sur tous les plans. Rien ne pouvait arrêter Dieu dans l’accomplissement de ses conseilsActes 4. 27, 28. Jésus a été “livré par le conseil défini et par la préconnaissance de Dieu” Actes 2. 23. Mais Pilate n’était pas un jouet dans les mains de Dieu. Jésus le considère comme un homme pleinement responsable de ses actes, puisqu’il s’adresse à sa conscience (verset 37).

Notes

1Pour expliquer pourquoi Jésus a célébré la Pâque un jour avant les Juifs, on peut avancer l’explication suivante : les synoptiques suivent le calendrier des Galiléens qui mangeaient la Pâque le 14 Nisan. Jean utilise le calendrier judéen. Les Juifs de Judée mangeaient la Pâque le jour suivant.
2Cette déclaration du Seigneur indique sans ambiguïté que le rôle des croyants n’est pas de nature politique.

Jean 18

28Ils mènent donc Jésus de chez Caïphe au prétoire (or c’était le matin) ; et eux-mêmes, ils n’entrèrent pas au prétoire, afin qu’ils ne soient pas souillés ; mais qu’ils puissent manger la pâque. 29Pilate donc sortit vers eux, et dit : Quelle accusation portez-vous contre cet homme ? 30Ils répondirent et lui dirent : Si cet homme n’était pas un malfaiteur, nous ne te l’aurions pas livré. 31Pilate donc leur dit : Prenez-le, vous, et jugez-le selon votre loi. Les Juifs donc lui dirent : Il ne nous est pas permis de faire mourir personne ; 32afin que fût accomplie la parole que Jésus avait dite, indiquant de quelle mort il devait mourir. 33Pilate donc entra encore dans le prétoire, et appela Jésus, et lui dit : Toi, tu es le roi des Juifs ? 34Jésus lui répondit : Dis-tu ceci de toi-même, ou d’autres te l’ont-ils dit de moi ? 35Pilate répondit : Suis-je Juif, moi ? Ta nation et les principaux sacrificateurs t’ont livré à moi ; qu’as-tu fait ? 36Jésus répondit : Mon royaume n’est pas de ce monde. Si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu, afin que je ne sois pas livré aux Juifs ; mais maintenant mon royaume n’est pas d’ici. 37Pilate donc lui dit : Tu es donc roi ? Jésus répondit : Tu le dis que moi je suis roi. Moi, je suis né pour ceci, et c’est pour ceci que je suis venu dans le monde, afin de rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité, écoute ma voix. 38Pilate lui dit : Qu’est-ce que la vérité ? Et ayant dit cela, il sortit encore vers les Juifs ; et il leur dit : Moi, je ne trouve aucun crime en lui ; 39mais vous avez une coutume, que je vous relâche quelqu’un à la Pâque ; voulez-vous donc que je vous relâche le roi des Juifs ? 40Ils s’écrièrent donc tous encore, disant : Non pas celui-ci, mais Barabbas. Or Barabbas était un brigand.

(La Bible - Traduction J.N. Darby)