Jésus donne une nouvelle preuve de sa résurrection à ses disciples. Un fait extraordinaire réclame des preuves extraordinaires. Ce chapitre est aussi un chapitre de contrastes : le jour s’oppose à la nuit, la pêche fructueuse à de vains efforts, Jésus relève Pierre qui l’avait renié, etc.
Jésus avait dit à ses disciples qu’il les précéderait en Galilée. Le jour de la résurrection, les anges avaient confirmé cette paroleMatthieu 26. 32 ; 28. 7. Les disciples sont donc en Galilée, là où le Seigneur les attendait. Mais la vie des disciples reprend comme si une parenthèse de leur existence s’était fermée. Simon Pierre1 veut travailler, peut-être pour oublier, et décide d’aller pêcher2. Dans les moments de désarroi spirituel, on est prêt à faire n’importe quoi. Ses amis l’accompagnent pour ne pas le laisser seul. Notez qu’ils sont ensemble parce qu’ils sont disciples3 du Seigneur, non sur la base d’une même profession ou d’une occupation commune. Même Thomas cherche maintenant leur compagnie.
Ils pêchent toute la nuit sans succès, bien que le Seigneur, source de vie et de puissance, soit ressuscité. A la fin de cet évangile, la preuve est donc faite : même si nous nous trouvons là où le Seigneur nous veut, nous sommes incapables de faire quelque chose d’utile par nous-mêmes. Jésus ne voulait pas que Pierre reste un pêcheur de poissons, mais qu’il devienne un pêcheur d’hommesMatthieu 4. 19.
Dans le jardin d’Éden, Dieu se promenait au frais du jour, cherchant la communion avec l’hommeGenèse 3. 8. Ici, Jésus se tient sur la rive du lac et cherche le contact avec ses disciples. Bien qu’invisible, il a tout observé durant la nuit. Il retrouve les siens le matin, comme au début de son ministère, et désire entrer en contact avec eux. Le lieu, les circonstances et plusieurs personnes sont les mêmesLuc 5. 1-11. Jésus avait appelé les disciples à son service. Il veut maintenant se révéler à eux comme leur Seigneur et leur enseigner à travailler dans sa dépendance, non par leurs propres efforts.
Jésus intervient lorsque tout semble avoir échoué en leur disant : “Enfants4, avez-vous quelque chose à manger ?” (l’expression signifie : « quelque chose à ajouter au pain d’un repas », particulièrement du poisson). Travaillant pour eux-mêmes, les disciples avaient perdu toute capacité de discernement spirituel. Ils ne reconnaissent ni la personne, ni la voix caractéristique de Jésus (20. 15).
Cette scène est une démonstration de ce que Jésus avait affirmé. “Séparés de moi, vous ne pouvez rien faire” (15. 5). Souvent, comme les disciples, nous pêchons du mauvais côté de la barque, et pourtant si près d’un banc de poissons ! Mais Jésus veut servir de guide dans tout service. Il y a une grande récompense à écouter DieuPsaume 19. 12, car le Seigneur fait des miracles à la frontière de nos faiblesses. Remarquez l’ordre moral : confession (verset 5), obéissance (verset 6), bénédiction (verset 7).
Des miracles (signes) décrits par Jean, celui-ci est l’unique opéré par Jésus en faveur de ses disciples et le seul rapporté après sa résurrection. Le premier, comme le dernier, a été accompli en Galilée. Là, aux noces de Cana, le Seigneur a manifesté sa gloire “le troisième jour” (2. 1, 11) ; ici, lors de sa troisième manifestation après la résurrection (verset 14), le Seigneur témoigne de son amour à ses disciples.
La personnalité des disciples n’a pas changé : Jean est le premier à reconnaître Jésus, mais Pierre est le premier à agir. En entendant Jésus parler, Jean, qui avait été si proche du Seigneur durant son ministère (verset 20), reçoit la lumière et dit : “C’est le Seigneur !” Vivre en communion avec le Seigneur permet de reconnaître sa présence, même dans nos échecs.
Quand les disciples arrivent sur la berge, ils voient un brasier avec du poisson mis dessus. La vue de la braise a dû rappeler à Pierre la scène où il avait renié son Maître5.
En toutes choses le Seigneur a la prééminence. Il n’avait pas besoin du poisson de ses disciples pour les nourrir. Il était allé lui-même à la pêche avant eux ! Mais dans sa grâce, il les associe à la préparation du repas en leur demandant d’apporter quelques-uns des poissons qu’ils venaient de prendre.
Maintenant que Pierre a lui aussi reconnu le Seigneur, il est capable de faire ce que sept n’avaient pu accomplir auparavant (verset 6) : il tire le filet à terre, plein de cent cinquante trois gros poissons. Tout ce qui est fait avec le Seigneur est compté. Et quelle force chez celui qui ouvrira les portes du royaume aux païens !
Au début de son ministère, le Seigneur avait dit : “Venez et voyez” (1. 39) car tout restait à accomplir. Pendant son ministère, il a invité quiconque à venir à lui et à boire (7. 37). Maintenant que son œuvre est achevée, le Seigneur peut dire à ses disciples : “Venez et dînez”. C’est la fête6.
L’évangile selon Jean commence par trois jours symboliques. Il se termine de la même manière. Après sa résurrection, Jésus s’est présenté aux apôtres, puis à Thomas (le reste juif), enfin, lors de sa troisième manifestation, il associe les nations (la prise des poissons) à la bénédiction. Ces trois jours sont comme un aperçu de l’histoire de l’Église et d’Israël.
Jésus vient un matin, une figure du beau jour qui inaugurera son règne millénaire. Il demande à ses disciples de jeter le filet de l’évangile du royaumeMatthieu 24. 14 pour qu’une multitude soit tirée de la mer des nations et associée à la bénédictionÉzéchiel 47. 10. Le filet ne se déchire pas. Rien n’est perdu, tout est abondant. “Toutes les nations de la terre se béniront en ta semence”, avait promis Dieu à AbrahamGenèse 22. 18. On lit aussi ailleurs : “L’abondance de la mer se tournera vers toi” Ésaïe 60. 5.