Jean ne décrit pas le ministère de Jésus de façon systématique, ni dans une chronologie absolue. L’Esprit de Dieu a en vue la gloire du Fils de Dieu, aussi conduit-il l’auteur à la mettre toujours en évidence.
Jésus était en Galilée depuis quelque temps déjà car sa renommée s’y était répandue. Les foules le suivent pour pouvoir profiter de sa puissance. Les autres évangiles disent qu’à cette occasion, Jésus s’était retiré à l’écart avec ses disciples en leur proposant de se reposer un peuMarc 6. 31, mais Jean n’en fait pas mention. La multiplication des pains est le seul miracle de Jésus relaté dans chaque évangile (6. 5-13) Matthieu 14. 13-21 ; Marc 6. 34-44 ; Luc 9. 10-17. Son enseignement est donc important.
Pour souligner la gloire du Fils de Dieu, Jean passe sous silence la proposition des disciples de renvoyer la foule. Ici, Jésus prend lui-même l’initiative et met ses disciples à l’épreuve. C’est le test de la foi qui met en évidence deux choses : l’immensité des besoins et la pauvreté des moyens. En face de cela, Philippe et André réagissent comme nous le faisons souvent : l’un évalue l’étendue des besoins et avoue ne rien pouvoir faire ; l’autre, par contre, mesurant l’insuffisance des moyens, les apporte à Jésus. Quelqu’un a dit : « Quand Dieu veut opérer une délivrance, il nous place dans des circonstances difficiles. S’il veut opérer un grand miracle, il nous place dans des circonstances impossibles. » Que faut-il donc faire quand la situation semble inextricable ? Se tourner vers soi-même et constater son insuffisance, ou se tourner vers le Seigneur en lui faisant confiance ? Dans ce deuxième cas, nous devons être disposés à écouter ce qu’il dit et à obéir, car il veut souvent opérer avec nous.
Les cinq pains d’orge, nourriture des pauvres, et les deux poissons font ressortir la puissance du Fils de Dieu qui dit par le psalmiste : “Je bénirai abondamment ses vivres, je rassasierai de pain ses pauvres” Psaume 132. 15. Seul cet évangile mentionne le petit garçon, montrant ainsi que Dieu se glorifie par ce qui est faible ou méprisé.
Donnant l’ordre aux disciples de faire asseoir la foule, le Seigneur rend grâces et distribue les pains et les poissons. Il désire que chacun soit à son aise pour recevoir les bienfaits qu’il dispense. Nous-mêmes aussi, prenons du temps pour écouter sa Parole, pour nous asseoir à ses pieds comme MarieLuc. 10. 39-42, laissant pour plus tard ce qui peut nous paraître urgent.
Le gaspillage des biens du Seigneur n’est pas permis, même s’il y a surabondance. C’est encore la leçon que fournit le Seigneur en donnant l’ordre aux disciples de ramasser les restes. Quel paradoxe de l’arithmétique divine : les pains ont été multipliés quand ils ont été partagés et leur nombre a été augmenté après soustraction ! Il en est ainsi de l’amour de Dieu : plus on y puise, plus il y en a. De quoi nous parle cette nourriture donnée en abondance ? De Jésus lui-même, pain de vie et nourriture de l’âme, comme le montre la suite de ce chapitre.
Devant la preuve de la puissance divine de Jésus, les Galiléens s’accordent à dire que Jésus est véritablement le prophète qui vient dans le monde. Qu’entendaient-ils par là ? Leur espérance, quoique basée sur l’A.T., correspondait à leurs aspirations nationales : obtenir un libérateur politique, peut-être même un bienfaiteur, sans que leur conscience soit nécessairement amenée à la repentance. On suivait Jésus pour bénéficier de sa puissance, pour tirer profit de ses miracles, comme quelques-uns, encore aujourd’hui, suivent un “guérisseur”. Cette excitation du moment ne trompe pas le Seigneur, aussi se retire-t-il seul sur la montagne. Ailleurs il est précisé : “pour prier” Matthieu 14. 23 ; Marc 6. 46.
Dans cette circonstance, les foules veulent faire Jésus roi, mais il ne pouvait pas régner sur ce peuple non régénéré. Il recevra le titre de roi de la part de Dieu lui-mêmePsaume 2. 6. Ce n’est pas la popularité que Jésus recherchait. Il savait “être abaissé” et “être dans l’abondance” Philippiens 4. 12, il savait aussi être “dans la bonne et dans la mauvaise renommée” 2 Corinthiens 6. 8. Dans chaque situation, la perfection morale de “l’homme Christ Jésus” est démontrée avec éclat.