A cause de la déclaration de Jésus : “Moi et le Père, nous sommes un” (verset 30), les Juifs cherchent une nouvelle fois à le lapider. Mais lui, avec une parfaite sérénité, leur demande de justifier leur violence : “pour quelle bonne œuvre1 me lapidez-vous ?” (verset 32). En effet, les œuvres qui témoignaient de sa divinité n’avaient pas manqué. La première réalisée publiquement avait déjà attiré sur lui la menace de mort (5. 16). Aucune de ses actions n’avait laissé les Juifs indifférents, mais la plupart avaient valu à Jésus la haine des chefs du peuple.
Afin de justifier leur geste, les Juifs accusent Jésus de blasphème pour avoir déclaré son unité avec Dieu le Père en disant : “Nous sommes un” (verset 30). En effet, aucune créature ne peut s’associer à Dieu en utilisant le pluriel sans être coupable de blasphème. C’est donc une des affirmations les plus puissantes de la divinité de Jésus.
Les Juifs avaient bien compris cette parole de Jésus, mais ils ne voulaient pas admettre que Dieu puisse se faire homme, et encore moins qu’un homme puisse être Dieu. Aujourd’hui encore, certaines personnes nient la divinité de Christ en prétendant s’appuyer sur la Bible, ce qui est la marque de la plupart des hérésies1 Jean 2. 22 ; 4. 3 ; 2 Jean 7.
Par un verset du Psaume 82, le Seigneur ferme la bouche à ses ennemis. Cette argumentation nécessite une explication détaillée. Ce psaume s’adresse aux juges d’Israël (verset 1), lesquels sont blâmés pour ne pas juger justement (verset 2). Dans les versets 3 et 4, Dieu leur enjoint d’agir avec justice, mais déplore, au verset 5, leur inintelligence. Au verset 6, Dieu leur rappelle la dignité de leur fonction en leur disant : “Vous êtes des dieux, et vous êtes tous fils du Très-haut”. Les juges sont appelés “dieux” par métaphore, car la fonction judiciaire conférait une autorité divineExode 7. 1. Ces juges d’Israël n’ont pas répondu à leur responsabilité, aussi le jugement les atteindra (verset 7). Le dernier verset du psaume dirige les regards sur le Messie qui héritera de toutes les nations et les jugera avec justice.
Puisque la Parole appelle “dieux” ceux à qui Dieu délègue son autorité, Jésus est en droit d’affirmer qu’il n’est pas un blasphémateur quand il dit : “Je suis le Fils de Dieu”, lui que le Père a sanctifié et envoyé dans le monde pour y accomplir ses œuvres. La seule base pour justifier un incrédule serait que Jésus n’ait pas fait les œuvres du Père. Mais cette hypothèse ne résiste pas à l’examen : tout ce que Jésus a accompli démontre sa divinité. Les paroles de Jésus étaient suffisantes pour convaincre ses auditeurs. Mais s’ils restaient réfractaires, Jésus leur demande de se laisser convaincre au moins par ses œuvres. Comme ses paroles, elles avaient pour but d’amener quiconque à croire que le Père était dans le Fils et le Fils dans le Père (verset 38).
Un peu plus tard, quand Jésus sera avec ses disciples, une parole semblable sera dite à Philippe, mais les termes sont inversés : “Moi je suis dans le Père, et le Père est en moi” (14. 10). Mais à ses ennemis, Jésus déclare : “Le Père est en moi, et moi en lui”. Le disciple connaissait la personne de Jésus et désirait connaître aussi le Père, tandis que ses ennemis ne connaissaient ni lui, ni le Père (16. 3).
Échappant une fois de plus à ses ennemis, Jésus se retire de l’autre côté du Jourdain, là où il avait commencé son ministère. Comme pour répondre à l’incrédulité des Juifs au sujet de sa divinité, Jésus se rend là où Jean-Baptiste l’avait proclamée (1. 34). En vue de sa mort désormais fort proche, Jésus est aussi là où Jean l’avait signalé comme “l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde” (1. 29). En revenant pour ainsi dire au point de départ, Jésus démontre que son service public se termine. Pour nous aussi, revenons aux choses du commencement, à Jésus, Agneau de Dieu, s’offrant sur la croix en sacrifice pour nos péchés. Nous nous élèverons au-dessus des contestations qui nous atteignent comme les Juifs autrefois.
Même retiré, le Seigneur ne peut rester caché. Les gens de la région viennent à lui, car ils ne peuvent que constater la vérité de ce que Jean-Baptiste a dit au sujet de Jésus. C’est un fruit posthume du témoignage de ce remarquable serviteur de Dieu. Jean n’avait fait aucun miracle, non par incapacité, mais pour laisser toute la place au Fils de Dieu. Il y a là maintenant quelques brebis qui reconnaissent la voix du bon berger et qui vont pouvoir le suivre après l’œuvre de la croix. Ce résultat montre que Jésus disait la vérité.