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Évangile selon Jean
Sondez les Écritures - 4e année

Jean 13. 1-11

Dans la chambre haute avec les disciples

1. Le lavage des pieds des disciples

Le ministère public du Seigneur est maintenant terminé. Dans les chapitres 5 à 12, Jean a montré pourquoi les chefs des Juifs n’ont pas reçu Jésus comme Messie et l’ont rejeté comme Fils de Dieu. Une nouvelle section de l’évangile s’ouvre : dans les chapitres 13 à 16, Jésus s’entretient intimement avec ses disciples la nuit avant sa mort. Rejeté, le Seigneur ne peut pas encore régner sur son peuple terrestre, mais il donne à ses disciples une part avec lui dans la gloire céleste. Il leur révèle la place qu’ils occupent dans son cœur, leur nouvelle position dans le monde et devant le Père, leurs privilèges, et leurs responsabilités.

Aimer jusqu’à la fin : verset 1

Le Seigneur n’a jamais été surpris par les événements. Il savait qui il était et quel était le but de son œuvre. Il est monté à Jérusalem connaissant ce qui devait lui arriver1. Son heure est maintenant venue pour passer de ce monde au Père. Mais auparavant il désire célébrer la Pâque une dernière fois. Cette fête n’est plus appelée celle des Juifs (6. 4). Tout ce que Dieu s’est proposé en instituant la Pâque va s’accomplir. Jésus va s’offrir en sacrifice comme le véritable Agneau de Dieu.

Malgré le trouble de son âme à la perspective de la mort (12. 27) et la présence de Judas dans la chambre haute (verset 21), Jésus poursuit sans interruption son service d’amour envers les siens. Alors qu’il savait que l’un de ses disciples le trahirait, qu’un autre le renierait et que tous l’abandonneraient pour un temps, Jésus se tourne vers ses disciples pour leur montrer qu’il ne les laisse pas à eux-mêmes, comme ils auraient pu le craindre. Les yeux fixés sur le sanctuaire céleste où il va bientôt monter, le Seigneur les aime jusqu’à la fin2, c’est-à-dire jusqu’à la limite de toute une série d’événements qui conduisent à sa mort, à sa résurrection, et même à son retour.

Amour et haine : verset 2

Que de contrastes pendant ce dernier souper dans la chambre haute que le Seigneur s’était réservée à l’avance pour célébrer la PâqueLuc 22. 7-13 ! Dans les scènes les plus sublimes, le diable est toujours présent. Fidélité et trahison sont face à face ; d’un côté l’amour de Jésus, de l’autre la machination de Judas. Satan avait semé la trahison dans son cœur, mais Judas porte l’entière responsabilité de ses actes, car il avait lui-même préparé le terrain par sa cupidité.

L’amour aime servir : versets 3, 4

L’entrée de Jésus dans le monde et sa sortie du monde sont uniques. Pendant les dernières heures passées avec ses disciples avant de mourir, Jésus parle à plus d’une reprise de son mouvement3 vers le Père, en pleine connaissance de son éternelle divinité et de l’autorité que le Père lui a donnée (14. 12, 28 ; 16. 5 ; 17. 11). Les déclarations du Seigneur à ce sujet soulignent combien il s’est abaissé en prenant volontairement la position d’un esclave au milieu des siens. L’amour est une puissance irrésistible. Il aime servir et s’exprime dans des tâches souvent humblesLuc 22. 27. Quelqu’un a dit : « Personne n’est plus proche des hommes que celui qui est proche de Dieu ».

Le Seigneur lave les pieds de ses disciples : verset 5

A cette époque, en Orient, les pieds étaient chaussés de sandales et se salissaient vite sur les chemins poussiéreux. Laver les pieds était un geste d’hospitalité. Quand on entrait dans une maison, et surtout avant de prendre un repas, il était d’usage de procéder à l’ablution. Cette tâche, l’une des plus humiliantes, était réservée aux esclaves. Ce soir-là, dans la chambre haute, les disciples avaient complètement manqué de civilité par orgueil4 ou par négligence. Se sentaient-ils au-dessus de cette tâche ? Avaient-ils oublié la présence du Seigneur au milieu d’eux ?

Le Seigneur ne fait pas de reproche, mais leur donne un exemple en accomplissant ce qu’ils auraient dû faire eux-mêmes. Il bouleverse leur conception de l’autorité. Mettant de côté sa seigneurie jusqu’à enlever ses vêtements, symboles de la personnalité, Jésus prend la place d’un esclave5. Sans un mot, il lave les pieds de ses disciples. Par cet acte d’humilité, il réduit les tensions entre les disciples et réveille la conscience de Pierre. La dignité du Seigneur est mise en relief par la beauté de son geste et jette une lumière nouvelle sur son ministère.

Marie de Béthanie avait oint de parfum les pieds du Seigneur, et les avait essuyés avec ses cheveux, dans un élan d’adoration envers Celui qui n’avait jamais contracté la moindre souillure en marchant dans le monde (chapitre 12). Ici, le Seigneur lave les pieds de ses disciples et les essuie avec un linge pour effacer toute trace du lavage opéré. Le Seigneur est plus occupé de notre sainteté que nous pouvons le penser, car l’amour divin ne peut tolérer l’impureté. Jésus voulait parler à des cœurs sanctifiés (14. 1) avant d’instituer la Cène à la fin du repas, comme nous le rapportent les autres évangiles.

L’acte du Seigneur nous montre que, pour vivre en communion avec lui, il faut un lavage renouvelé6, car aucun croyant ne peut éviter la souillure morale en vivant dans ce monde. Ce que nous voyons, entendons et faisons dans la vie quotidienne peut nous salir. Seule la parole de Dieu, symbolisée par l’eau, accomplit cette purification7Éphésiens 5. 26.

Le refus de Pierre : versets 6-8

Jésus vient à Pierre qui s’étonne de le voir accomplir un tel service. Mais qui, d’entre les disciples, s’était levé pour saisir le linge et laver les pieds des hôtes ? Pierre refuse catégoriquement que le Seigneur lui lave les pieds : “Tu ne me laveras jamais (litt. : en éternité) les pieds !” Sa présomption lui cache son ignorance. Alors Jésus explique à Pierre qu’il comprendra plus tard la signification spirituelle de son geste. Beaucoup d’actions de Jésus sont restées énigmatiques pour les disciples jusqu’à la venue du Saint Esprit. Pierre fut sans doute le premier à comprendre la nécessité de cette purification morale quand le Seigneur le rencontra en privé le jour de la résurrectionLuc 24. 34 avant de le rétablir publiquement quelques jours après (21. 15-17). Il faut être dans un état convenable, c’est-à-dire nettoyé, pour recevoir les paroles du Seigneur.

L’épître à Philémon illustre ce service d’une manière remarquable. Paul ne fait pas de reproche à Onésime, un esclave qui s’était enfui, ni à Philémon, son maître. L’apôtre était prêt à indemniser Philémon pour réparer la faute d’Onésime. L’épître aux Philippiens donne un autre exemple de « lavage des pieds » : un des buts de cette lettre est de rétablir la communion dans le service entre deux sœursPhilippiens 4. 2.

Être purifié : versets 9-11

Pierre n’a pas compris la signification spirituelle que Jésus donne au lavage des pieds. Mais il a discerné quelque chose d’insolite et change vite d’opinion, comme nous le faisons si souvent. Il vient de refuser que Jésus lui lave les pieds, et demande à présent d’être lavé tout entier ! Conclusion trop hâtive, car il n’a pas pris le temps de comprendre ce que Jésus voulait lui enseigner. Une remarque dite hors de propos entraîne souvent des exagérations dans le mauvais sens. Pierre avait oublié que le premier devoir d’un disciple est d’apprendre et d’obéir.

Les disciples, à l’exception de Judas, sont déclarés purs (lavés de leurs péchés, pardonnés) par le Seigneur. Leurs corps avaient été déjà entièrement baignés8 parce qu’ils ont cru à sa parole (15. 3). Il s’agit de la purification initiale lorsqu’on reçoit Jésus comme Sauveur. Elle est faite une fois pour toutesHébreux 10. 10, 14. Quand nous sommes lavés, Dieu nous regarde non seulement comme pardonnés, mais aussi comme justes.

La pureté initiale vient du pardon accordé1 Corinthiens 6. 11. Mais il y a aussi un exercice quotidien et nécessaire de purification, comparable au lavage des pieds, pour chacun. Le Seigneur montre à Pierre que s’il ne le purifie de ces inévitables souillures, la communion est interrompue : “Tu n’as pas de part avec moi”. Nous sommes totalement incompétents pour le faire par nous-mêmes ! C’est l’œuvre de la parole de Dieu.

Notes

1Paul, dont la vie est pourtant si conforme à celle de Jésus, est allé à Jérusalem ignorant les choses qui devaient lui arriver (Actes 20. 22).
2On peut aussi traduire : les aima jusqu’à l’extrême, mit le comble à son amour. Cette traduction s’accorde mal avec l’exemple du lavage des pieds des disciples, car l’amour suprême est de donner sa vie pour ses amis (15. 13).
3Ce terme cherche à indiquer le fait que le Fils de Dieu va vers son Père. Parler de son retour au Père, comme s’il l’avait jamais quitté, serait impropre à l’évangile selon Jean, car le Fils unique est dans le sein du Père (1. 18).
4On sait que, pendant le souper, les disciples s’étaient disputés pour savoir qui serait le plus grand dans le royaume de Dieu (Luc 22. 24-27).
5Sept actes du Seigneur sont mentionnés dans les versets 4 et 5 : Jésus se lève du souper, met de côté ses vêtements, prend un linge, s’en ceint, verse de l’eau dans un bassin, lave les pieds de ses disciples, les essuie avec un linge. De même, Paul mentionne sept étapes dans l’abaissement du Seigneur jusqu’à sa mort sur la croix (Philippiens 2. 6-8).
6Les sacrificateurs ne se lavaient qu’une fois tout entiers, lorsqu’ils étaient consacrés (Exode 29. 4 ; Lévitique 8. 6). Par contre, avant d’accomplir leur service dans le tabernacle, ils devaient chaque fois se laver les pieds et les mains. C’était un statut perpétuel (Exode 30. 17-21).
7L’eau que Jésus verse dans un bassin n’avait pas été apportée par les disciples, mais par un homme mystérieux (Marc 14. 13 ; Luc 22. 10). Il symbolise le Saint Esprit qui nous permet de comprendre la parole de Dieu et de l’appliquer à nos vies.
8L’adjectif lavé ou baigné évoque une ablution complète. Le temps du verbe indique une action passée avec un effet dans le présent. Le sens spirituel implique qu’on est lavé des péchés une fois pour toutes. L’autre verbe laver du verset 8 est le terme habituellement utilisé dans le N.T. pour se laver les pieds ou les mains.

Jean 13

1Or, avant la fête de Pâque, Jésus, sachant que son heure était venue pour passer de ce monde au Père, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’à la fin. 2Et pendant qu’ils étaient à souper, le diable ayant déjà mis dans le cœur de Judas Iscariote, [fils] de Simon, de le livrer, –3 [Jésus], sachant que le Père lui avait misa toutes choses entre les mains, et qu’il était venu de Dieu, et s’en allait à Dieu, 4se lève du souper et met de côté ses vêtements ; et ayant pris un linge, il s’en ceignit. 5Puis il verse de l’eau dans le bassin, et se met à laver les pieds des disciples, et à les essuyer avec le linge dont il était ceint. 6Il vient donc à Simon Pierre ; et celui-ci lui dit : Seigneur, me laves-tu, toi, les pieds ? 7Jésus répondit et lui dit : Ce que je fais, tu ne le sais pas maintenant, mais tu le sauras dans la suite. 8Pierre lui dit : Tu ne me laveras jamais les pieds. Jésus lui répondit : Si je ne te lave, tu n’as pas de part avec moi. 9Simon Pierre lui dit : Seigneur, non pas mes pieds seulement, mais aussi mes mains et ma tête. 10Jésus lui dit : Celui qui a tout le corps lavéb n’a besoin que de se laverc les pieds ; mais il est tout net ; et vous, vous êtes nets, mais non pas tous. 11Car il savait qui le livrerait ; c’est pourquoi il dit : Vous n’êtes pas tous nets.

Notes

alitt. : donné.
bou : Celui qui est baigné.
cmot spécial employé pour le lavage d’une partie du corps seulement, pieds ou mains.

(La Bible - Traduction J.N. Darby)