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Évangile selon Jean
Sondez les Écritures - 4e année

Jean 4. 1-42

Jésus traverse la Samarie

1. Un parcours obligé : versets 1-4

Raisons du départ de Judée : versets 1-3

La discussion entre un Juif et les disciples de Jean mentionnée au chapitre précédent a eu plus de conséquences qu’on ne l’aurait cru. Il en est souvent ainsi de tout litige. Les réponses de Jean-Baptiste auraient pourtant dû convaincre chacun, mais la rumeur persiste. Les pharisiens sont mis au courant de cette affaire et ils en tirent une fausse conclusion, n’y voyant qu’un conflit de personnes. Ne voulant pas que Jean en subisse un préjudice quelconque, le Seigneur se retire en Galilée. Non pas uniquement pour laisser la place à Jean, mais pour que soit établie la distinction entre les deux ministères. On ne peut pas maintenir le ministère de la loi (Jean en était le dernier représentant) tout en proclamant celui de la grâce.

La loi a fait place à la grâce et à la vérité venues par Jésus Christ (1. 17). C’est le thème de l’enseignement de l’apôtre Paul dans plusieurs de ses épîtres, en particulier celle aux Galates. Le danger n’est plus le même aujourd’hui, du moins quant au judaïsme, mais il subsiste un risque de mélanger des principes de loi avec l’enseignement de la grâce. Le légalisme conduit à la servitude tandis que la grâce nous place dans la libertéGalates 5. 1.

Il fallait passer là : verset 4

Il ne s’agit pas tant de considérations géographiques, car il y avait la possibilité de contourner la Samarie. C’est ce que les Juifs faisaient couramment. Une autre nécessité était présente pour le Seigneur. En dépit du “qu’en dira-t-on”, le Seigneur passe par cette région méprisée. N’y avait-il pas là une âme à sauver, un village entier aussi ? Oui, “il fallait qu’il traversât la Samarie”. Le salut d’une seule âme a beaucoup plus d’importance pour Dieu que l’œuvre la plus grandiose aux yeux des hommes. Tel est le cas de Philippe envoyé sur un chemin désert pour parler à un seul homme, alors que son service semblait utile pour le peuple des SamaritainsActes 8. 26.

2. Jésus à Sichar : versets 5-9

Lassé du chemin, Jésus s’assied sur le bord du puits : versets 5, 6

Le parcours de Jésus le conduit donc à une ville nommée Sichar. C’est probablement la ville de Sichem mentionnée dans la GenèseGenèse 34. 18, 19 ; 48. 22 au cours d’une phase sombre de la vie de Jacob. Cette ville a été le point de départ de la rébellion des dix tribus1 Rois 12. 25, bien que ville de refuge choisie par JosuéJosué 20. 7. Ce lieu historique fait ressortir un fait constamment attesté par les Écritures : la surabondance de la grâce là où le péché abondeRomains 5. 20.

La tradition attribuait au patriarche Jacob la découverte ou le creusement du puits de Sichar et les Samaritains prétendaient en être les héritiers légitimes. Mais ce n’est pas sur ces considérations que le Seigneur engage la conversation qui va suivre, car il y a des choses bien plus importantes que des discussions sur la validité des traditions. (Retenons aussi cela pour nous-mêmes.)

N’est-il pas surprenant que la fatigue de notre Seigneur soit mentionnée dans l’évangile du Fils de Dieu ? La divinité de Jésus n’enlevait rien à sa réelle humanité. Il n’a jamais utilisé ses attributs divins pour soulager sa propre souffrance. Jésus a connu la faim, la soif, la fatigue ; il a été angoissé dans son âme et troublé dans son esprit ; il a été éprouvé en toutes choses comme nous, à l’exclusion du péchéHébreux 4. 15 ; il a porté dans son cœur la douleur de ses créatures souffrantesMatthieu 8. 17.

Lassé du chemin, dans la chaleur du milieu du jour (sixième heure : midi1), Jésus attend… Mais qu’attend-il ? Pas spécialement la nourriture que les disciples étaient allés acheter à Sichar. Une autre nourriture va le rassasier, un autre breuvage le rafraîchir, selon ce que dit un Psaume : “Il boira du torrent dans le chemin, c’est pourquoi il lèvera haut la tête” Psaume 110. 7.

Une simple entrée en matière : versets 7-9

Tandis que Jésus est là, assis sur la margelle du puits, une femme vient pour puiser de l’eau. Le Seigneur sait d’avance pourquoi elle vient à cette heure inaccoutumée. D’une façon toute simple, banale même, le Seigneur établit le contact avec cette Samaritaine. Celui qui donne en abondance se fait demandeur pour apaiser sa soif. Il s’abaisse jusqu’à dépendre d’une femme étrangère de mauvaise réputation. Quel glorieux mystère de l’amour divin !

La surprise de la femme se comprend doublement quand on sait quels étaient les usages à cette époque2. Elle-même ne sait pas comment interpréter l’attitude de cet étranger, ne la mettant que sous la lumière de l’animosité entre Juifs et Samaritains3. Si elle avait réalisé que celui qui lui demandait à boire était le Fils de Dieu, elle aurait encore moins bien compris !

Notes

1De façon générale dans le N.T. les heures du jour sont comptées à la façon des Juifs, soit douze heures diurnes et douze heures nocturnes. Une exception se trouve en Jean 19. 14 où la mention de la sixième heure est donnée en rapport avec la façon romaine de compter les heures. La raison probable est que, les affaires juridiques du tribunal s’établissaient selon le mode romain.
2La femme était traitée en esclave dans la plupart des nations. Même en Israël, les rabbins jugeaient la femme indigne de toute instruction et ne lui parlaient jamais en public. Combien plus s’il s’agissait d’une étrangère.
3Le chapitre 17 de 2 Rois nous renseigne sur l’origine des Samaritains. Ils étaient venus du nord, transportés par le roi d’Assyrie pour peupler le pays des dix tribus que ce même roi avait déportées dans les régions subcaucasiennes. Ce peuple étranger avait été enseigné par des ressortissants des dix tribus, de sorte qu’il avait établi un culte mélangé d’idolâtrie et de crainte de l’Éternel. Le conflit judéo-samaritain avait ses racines là. Plus tard, lors du retour des Juifs de Babylone, le peuple de la Samarie manifeste son opposition et intimide les Juifs (Esdras 4. 10). Ceci était bien propre à perpétuer l’animosité entre ces deux peuples.

Jean 4

1Quand donc le Seigneur connut que les pharisiens avaient entendu dire : Jésus fait et baptise plus de disciples que Jean2 (toutefois Jésus lui-même ne baptisait pas, mais ses disciples), 3il quitta la Judée, et s’en alla encorea en Galilée. 4Et il fallait qu’il traverse la Samarie. 5Il vient donc à une ville de la Samarie, nommée Sichar, près de la terre que Jacob donna à Joseph son fils. 6Et il y avait là une fontaine de Jacob. Jésus donc, étant lassé du chemin, se tenait là assisb sur la fontaine ; c’était environ la sixième heure. 7Une femme de la Samarie vient pour puiser de l’eau. Jésus lui dit : Donne-moi à boire8 (car ses disciples s’en étaient allés à la ville pour acheter des vivres). 9La femme samaritaine lui dit donc : Comment toi qui es Juif, me demandes-tu à boire à moi qui suis une femme samaritaine ? (Car les Juifs n’ont point de relations avec les Samaritains.) 10Jésus répondit et lui dit : Si tu connaissais le don de Dieu, et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire, toi, tu lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive. 11La femme lui dit : Seigneurc, tu n’as rien pour puiser, et le puits est profond ; d’où as-tu donc cette eau vive ? 12Es-tu plus grand que notre père Jacob qui nous a donné le puits ; et lui-même en a bu, et ses fils, et son bétail ? 13Jésus répondit et lui dit : Quiconque boit de cette eau-ci aura de nouveau soif ; 14mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai, moi, n’aura plus soif à jamais ; mais l’eau que je lui donnerai, sera en lui une fontaine d’eau jaillissant en vie éternelle. 15La femme lui dit : Seigneur, donne-moi cette eau, afin que je n’aie pas soif et que je ne vienne pas ici pour puiser. 16Jésus lui dit : Va, appelle ton mari, et viens ici. 17La femme répondit et dit : Je n’ai pas de mari. Jésus lui dit : Tu as bien dit : Je n’ai pas de mari ; 18car tu as eu cinq maris, et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari ; en cela tu as dit vrai. 19La femme lui dit : Seigneur, je vois que tu es un prophète. 20Nos pères ont adoré sur cette montagne-ci, et vous, vous dites qu’à Jérusalem est le lieu où il faut adorer. 21Jésus lui dit : Femme, crois-moi : l’heure vient que vous n’adorerez le Père, ni sur cette montagne, ni à Jérusalem. 22Vous, vous adorez, vous ne savez quoid ; nous, nous savons ce que nous adoronse ; car le salut vient des Juifs. 23Mais l’heure vient, et elle est maintenant, que les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; car aussi le Père en cherche de tels qui l’adorent. 24Dieu est esprit, et il faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en esprit et en vérité. 25La femme lui dit : Je sais que le Messie qui est appelé le Christ, vient ; quand celui-là sera venu, il nous fera connaître toutes choses. 26Jésus lui dit : Je le suis, moi qui te parle. 27Et là-dessus ses disciples vinrent ; et ils s’étonnaient de ce qu’il parlait avec une femme ; toutefois nul ne dit : Que lui demandes-tu ? ou, de quoif parles-tu avec elle ?

28La femme donc laissa sa cruche et s’en alla à la ville, et dit aux hommes : 29Venez, voyez un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait ; celui-ci n’est-il pointg le Christ ? 30Ils sortirent de la ville, et ils venaient vers lui.

31Mais pendant ce temps, les disciples le priaient, disant : Rabbi, mange. 32Mais il leur dit : Moi, j’ai de la viande à manger que vous, vous ne connaissez pas. 33Les disciples donc dirent entre eux : Quelqu’un lui aurait-il apporté à manger ? 34Jésus leur dit : Ma viande est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé, et d’accomplir son œuvre. 35Ne dites-vous pas, vous : Il y a encore quatre mois, et la moisson vient ? Voici, je vous dis : Levez vos yeux et regardez les campagnes ; car elles sont déjà blanches pour la moisson. 36Celui qui moissonne reçoit un salaire et assemble du fruit en vie éternelle ; afin que, et celui qui sème et celui qui moissonne, se réjouissent ensemble. 37Car en ceci est [vérifiée] la vraie paroleh : L’un sème, et un autre moissonne. 38Moi, je vous ai envoyés moissonner ce à quoi vous n’avez pas travaillé ; d’autres ont travaillé, et vous, vous êtes entrés dans leur travail.

39Or plusieurs des Samaritains de cette ville-là crurent en lui, à cause de la parole de la femme qui avait rendu témoignage : Il m’a dit tout ce que j’ai fait. 40Quand donc les Samaritains furent venus vers lui, ils le priaient de demeurer avec eux ; et il demeura là deux jours. 41Et beaucoup plus de gens crurent à cause de sa parole ; 42et ils disaient à la femme : Ce n’est plus à cause de ton dire que nous croyons ; car nous-mêmes nous [l’]avons entendu, eti nous connaissons que celui-ci est véritablement le Sauveur du monde.

Notes

apl. omettent : encore.
blitt. : s’assit ainsi.
cici et v. 15, 19 ; plutôt : Monsieur.
dou : vous adorez ce que vous ne connaissez pas.
elitt. : nous adorons nous savons quoi.
fou : pourquoi.
gou : celui-ci serait-il.
hpropr. : le vrai dicton.
iou : nous avons entendu et.

(La Bible - Traduction J.N. Darby)