En signe d’avertissement à la population, un condamné à la crucifixion devait porter sa croix le long de la route menant au lieu d’exécution. Jean note qu’ils prirent Jésus (verset 16), mais ajoute immédiatement que Jésus sortit portant lui-même sa croix vers Golgotha1, le lieu où règne la mort. Il s’était avancé vers ceux qui le cherchaient (18. 4), il était sorti du prétoire vers les Juifs après avoir été flagellé et couronné d’épines (19. 5), il sort maintenant hors des portes de JérusalemLévitique 16. 27 ; Hébreux 13. 12, la ville qui tue les prophètesLuc 13. 34.
La description de la crucifixion de Jésus est saisissante par son extrême brièveté : “Ils le crucifièrent, et deux autres avec lui, un de chaque côté, et Jésus au milieu” (verset 18). “Deux autres…” Jésus leur était-il donc semblable ? Il devait être “compté parmi les transgresseurs” Ésaïe 53. 12 et occuper la place centrale comme le plus coupable d’entre eux. Au milieu des deux autres, Jésus a été cloué, pieds et mains, comme David l’avait prophétisé : “Ils ont percé mes mains et mes pieds” Psaume 22. 17.
Celui pour qui et par qui toutes choses ont été crééesColossiens 1. 16 et dont la puissance soutient l’universHébreux 1. 3 est réduit à une immobilité totale, mais pas à l’impuissance. Dans ce moment unique et solennel, le parfum de son offrande s’élève de la terre vers le cielÉphésiens 5. 2.
La mort de Christ peut être considérée sous différents aspects. C’était :
Maintenant que Jésus est crucifié, Pilate veut reprendre la situation en main. Peut-être pour se moquer des Juifs ou pour libérer sa conscience, il fait placer un écriteau sur la croix : “Jésus le Nazaréen, le roi des Juifs”. Lui qui avait demandé : “Qu’est-ce que la vérité ?” n’a écrit que la vérité sur cet écriteau. Un païen proclame les titres de Jésus ! Sans le savoir, Pilate accomplissait les desseins de Dieu. Pour que chacun puisse bien prendre connaissance de l’écriteau, Pilate le rédige en araméen pour les habitants du pays, en latin pour les forces romaines d’occupation, et en grec pour les étrangers et les Juifs de la diaspora présents à Jérusalem pour la fête de Pâque2.
Dieu n’a pas permis que Pilate cède aux chefs religieux qui lui demandaient de changer le libellé du chef d’accusation. Pour la première fois dans l’évangile selon Jean, ils sont appelés les principaux sacrificateurs “des Juifs”. Ayant rejeté le Messie, ces hommes ne peuvent plus être sacrificateurs de Dieu.
Les quatre soldats se partagent le peu qui reste, mais ils tirent au sort le vêtement de corps de Jésus, une tunique sans couture. L’Esprit souligne ces détails pour montrer que les Écritures s’accomplissaient à la lettre3. Dieu dirigeait tout selon ses conseils éternels.
Dans la parole de Dieu, le vêtement parle du témoignage visible aux yeux des hommes. Le Seigneur a marché sur la terre sans commettre la moindre faute. Toute sa vie a été comme d’une seule pièce, sans couture, pareille à sa tunique. Tout était parfait en lui. Jamais il n’a eu à retirer une parole qu’il avait prononcée, ni à corriger aucun de ses actes.
Jean décrit ensuite un petit groupe de personnes qui se tient près de la croix : la mère de Jésus4, une autre Marie, sœur de sa mère5, femme de Clopas6 (sans doute la belle-sœur de Marie), et Marie de Magdala. Salomé, la mère de Jean, quoique présenteMarc 15. 40, n’est pas nommée. Un seul disciple est présent, tous les autres avaient fuiMatthieu 26. 56. Marie de Béthanie n’était pas là. Sans doute avait-elle compris qu’elle avait déjà fait pour le Seigneur tout ce qui était en son pouvoirMarc 14. 8.
Au début de son ministère, lorsque sa mère voulait agir en conseillère aux noces de Cana (2. 3), Jésus avait dû marquer la distance qui le séparait, comme Fils de Dieu, de celle-ci. Maintenant qu’une épée transperçait l’âme de MarieLuc 2. 35, Jésus lui dit en parlant de Jean : “Femme, voilà ton fils”, puis il la confie à Jean, “le disciple qu’il aimait” : “Voilà ta mère”. Qui mieux que celui qui se laisse pénétrer par l’amour du Seigneur, peut être en aide à d’autres ? Jean emmène Marie immédiatement chez lui pour lui épargner la suite. Quelle scène d’amour, en contraste avec la haine environnante !
Jésus a prononcé cette parole, la troisième sur la croix, avant d’entrer dans les trois heures de ténèbres. Même les liens les plus profonds sur la terre, celui d’un fils avec sa mère, devaient être rompus. Il fallait que Jésus entre seul dans le lieu où Dieu jugeait le péché.
Pourquoi Jésus n’a-t-il pas confié sa mère à l’un de ses frères ou à l’une de ses sœursMatthieu 13. 55, 56 ? Un prophète donne la réponse : Jésus était devenu comme un étranger à ses propres frèresPsaume 69. 9. Ils ne croyaient pas en lui (7. 5).