Le court séjour de Jésus avec sa mère et ses frères à Capernaüm n’est mentionné que par Jean, de même que sa montée à Jérusalem pour la fête de Pâque. L’évangile selon Jean montre Jésus venant quatre fois à Jérusalem. La majeure partie des récits de cet évangile se situe dans cette ville. Ne font exception que les chapitres 4, 6 et 11. Cette particularité souligne l’amour de Dieu pour Jérusalem, la ville sur laquelle son regard repose de tout temps et qui symbolise l’unité du peuple de Dieu. C’est encore là que Jésus reviendra pour établir son règneÉsaïe 60. 13 ; Zacharie 14, 4a.
Le Seigneur arrive dans le parvis du temple de Jérusalem, car l’accès au temple lui-même n’était autorisé qu’aux sacrificateurs. C’est la fête de Pâque appelée ici “la Pâque des Juifs” et non plus la Pâque de l’Éternel, car elle avait perdu son vrai caractère. Devenue une fête nationale, elle était l’occasion d’un honteux trafic. Les animaux vendus pour la Pâque étaient taxés à un prix exorbitant et l’impôt du temple payé à cette occasion devait l’être en monnaie locale échangée à un taux surfait. Rien d’étonnant que le Seigneur use d’autorité pour purifier la maison de son Père, car il agit pour la gloire de Dieu. Il utilise alors des moyens violents dont il devra encore se servir quand il viendra pour juger son peuplePsaume 2. 9.
Cette scène amène les disciples à se souvenir d’un verset du Psaume 69 qui dit : “Le zèle de ta maison me dévore”. En effet, ce Psaume parle du Messie dans sa souffrance durant toute sa vie, jusqu’à la crucifixion. Le zèle déployé pour la maison de Dieu devait réjouir le Seigneur, mais le commerce honteux qui s’y déroulait faisait peser sur Jésus une souffrance dévorante. Le Seigneur était saisi d’une sainte indignation en présence de ce honteux trafic, vrai outrage à Dieu. Le même verset du Psaume ajoute : “Les outrages de ceux qui t’outragent sont tombés sur moi” Psaume 69. 10.
Le déploiement d’une telle énergie de la part du Seigneur provoque la colère des Juifs. Voulant juger par quelle autorité il agissait, ils demandent au Seigneur de faire un miracle. Cela n’aurait servi à rien, la suite du ministère de Jésus en donne la preuve. Le Seigneur leur donne pourtant un signe, mais d’une façon énigmatique. Il relèvera en trois jours le temple qu’ils auront détruit. Il parlait du temple de son corps, le vrai temple de Dieu. “En lui, toute la plénitude s’est plu à habiter” et “en lui habite toute la plénitude de la déité corporellement” Colossiens 1. 19 ; 2. 9.
Qu’était devenu le temple de l’Éternel au cours des siècles ? La splendeur de celui construit par Salomon avait fait place à la modestie du temple reconstruit par ZorobabelAggée 2. 3. Cette comparaison faisait même pleurer les plus âgés du peupleEsdras 3. 12. Hérode le Grand avait embelli et agrandi ce temple. Cette reconstruction avait duré pas moins de quarante-six ans (verset 20). Il fut détruit par les Romains en l’an 70, mais son histoire n’est pas terminée, car Dieu a dit :” La dernière gloire de cette maison sera plus grande que la première “Aggée 2. 9. Reconstruit lorsque Christ établira son règne, le temple sera alors une” maison de prière pour tous les peuples “Ésaïe 56. 7. Ses plans et les ordonnances du culte sont déjà définis par le prophète ÉzéchielÉzéchiel 40-44. Quel sera le temple dans lequel s’assiéra l’
Aujourd’hui, les croyants sur la terre, dans leur ensemble, sont le temple de Dieu, une habitation de Dieu par le Saint EspritÉphésiens 2. 19-22.” Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? Si quelqu’un corrompt le temple de Dieu, Dieu le détruira, car le temple de Dieu est saint, et tels vous êtes “1 Corinthiens 3. 16, 17. Plus encore, le corps du croyant lui-même est appelé le temple du Saint Esprit1 Corinthiens 6. 19. Comme le temple de Jérusalem aurait dû être préservé de toute profanation, nous sommes exhortés à garder notre corps en toute pureté et à nous purifier collectivement de toute souillure1 Thessaloniciens 4. 3-8 ; 2 Corinthiens 7. 1.
La présence de Jésus à Jérusalem pendant la fête de Pâque n’est pas passée inaperçue. Ses miracles amenèrent plusieurs personnes à croire en son nom. Ceci est la caractéristique de la mentalité juive :” Les Juifs demandent des miracles… les Grecs recherchent la sagesse ; mais nous, nous prêchons Christ crucifié, aux Juifs occasion de chute, aux nations folie, mais à ceux qui sont appelés, et Juifs et Grecs, Christ la puissance de Dieu et la sagesse de Dieu “1 Corinthiens 1. 22-24. L’opération de miracles accrédite la Parole et l’accompagneMarc 16. 20, mais ce qui agit dans l’âme pour le salut, c’est la Parole elle-même par la puissance de l’Esprit Saint. Le cœur n’est pas amené à la repentance par la vue des miracles, mais uniquement par la parole de Dieu. C’est elle qui conduit à la foi, car” la foi est de ce qu’on entend, et ce qu’on entend par la parole de Dieu “Romains 10. 17.
Connaissant le véritable état du cœur de ces Juifs qui avaient cru, Jésus ne les considère pas aussitôt comme disciples. La foi qui les caractérisait était superficielle, à l’image des grains tombés sur les endroits rocailleux, selon la parabole du semeurMatthieu 13. 20, 21. En deux occasions encore, on constate des défections parmi ceux qui suivaient Jésus. Une vraie repentance leur manquait pour les amener à la foi, et le Seigneur en a été attristé (6. 66 ; 8. 30-33). Prenant conscience de la superficialité du cœur humain, nous dirons comme David :” Sonde-moi, ô Dieu ! et connais mon cœur ; éprouve-moi, et connais mes pensées. Et regarde s’il y a en moi quelque voie de chagrin, et conduis-moi dans la voie éternelle “Psaume 139. 23, 24.