La journée est achevée. Les disciples auraient peut-être désiré prolonger ces heureux moments, mais le Seigneur leur a donné l’ordre de le précéder à l’autre riveMarc 6. 45. Il ne leur permet donc pas de s’associer à l’enthousiasme de la foule, lui-même s’en étant déjà distancé, car cet enthousiasme fera bientôt place à l’incrédulité.
Ce récit est un tableau de ce qui allait se dérouler à la suite du rejet du Messie par Israël. Jésus monte sur la montagne pour prier, image de son service d’intercession accompli actuellement en faveur des siens dans la présence de Dieu le PèreRomains 8. 34, 35. Les disciples traversent la mer avec ses tempêtes, pendant la nuit, figure de l’histoire de l’Église dans le monde. Mais les rachetés ne sont jamais abandonnés, car le Seigneur les assure de sa présence jusqu’à la fin des tempsMatthieu 28. 20.
La puissance divine de Jésus domine toutes les circonstances. Elle est même au-dessus des lois naturelles que le Créateur a établies. L’incapacité des disciples est démontrée, car sans la présence de Jésus, l’expérience humaine se révèle insuffisante. C’est bien là un des buts de l’épreuve, nous amener à dire : “Que ferais-je sans toi ?” Parfois, il nous semble que l’épreuve se prolonge trop longtemps, mais Dieu l’a mesurée. Elle se poursuit sur vingt-cinq stades (environ 4, 5 km), peut-être trente suivant la mesure de foi, mais pas au-delà, car Jésus s’approche en disant : “C’est moi” 1. Que cette voix puisse aussi calmer nos angoisses et nos peines ; elle s’adresse encore à chacun dans la douleur. Oui, c’est sa main qui envoie telle souffrance, c’est la même main qui va panser nos plaiesJob 5. 18.
Dès que Jésus prend place avec les siens, la fin du parcours est abrégée à tel point que la barque semble arriver à l’instant même sur la rive. N’en est-il pas ainsi lorsque le cœur retrouve sa sérénité ? L’impatience fait place à la joie de la proximité du Sauveur ; dorénavant, le temps ne compte plus !
Jésus s’est retiré sur la montagne et les disciples ont embarqué seuls. Où se tourner pour trouver Jésus ? Le vif besoin de la foule pourrait être interprété comme de la foi si la suite du texte ne dévoilait un désir beaucoup plus matériel (verset 26). Cependant, Jésus va saisir cette occasion pour mettre en évidence le réel besoin du cœur et chercher à y répondre.
Ne comprenant pas comment Jésus est venu jusqu’à Capernaüm, la foule le questionne, mais Jésus ne répond pas à leur curiosité. Bien au contraire, il va mettre le doigt sur leurs vrais motifs : ce n’était même pas la vue d’un miracle qui les incitait à suivre Jésus, mais le fait d’avoir pu manger gratuitement. N’y a-t-il rien d’autre qui puisse attirer à Jésus, rien d’autre propre à attacher le cœur à sa Personne ?
Le Seigneur montre, dans ces versets, quelle est la nourriture qui vaut la peine d’être recherchée et pour laquelle nous devons travailler. “L’aliment qui périt” représente toutes les satisfactions légitimes pour lesquelles nous dépensons une énorme énergie, tandis que “l’aliment qui demeure” est tout ce qui permet de mieux connaître Jésus.
Cette nourriture, c’est Jésus lui-même que Dieu le Père a envoyé. Il l’a marqué de son sceau2 en signe d’approbation et d’attestation quand, au baptême de Jean, sa voix s’est fait entendre : “Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j’ai trouvé mon plaisir” Matthieu 3. 17.
En réponse à la parole de Jésus qui leur enjoint de “travailler” (verset 27), les Juifs demandent comment faire “les œuvres de Dieu”. En utilisant un terme qui désigne particulièrement le service sacré du temple (verset 28), ils désirent savoir comment être agréables à Dieu. La réponse est sans équivoque : une première “œuvre” doit précéder tout service, c’est la foi en Jésus que le Père a envoyé pour notre salut3. Sans la foi pour point de départ, un dévouement, si grand soit-il, ne produit que des œuvres mortes, stériles pour Dieu. Mais une foi réelle est accompagnée de l’amour et elle est suivie par les œuvres1 Corinthiens 13. 2 ; Jacques 2. 17.
Premièrement, Jésus répond bien aux Juifs qui demandaient quelle œuvre faire pour être agréable à Dieu. C’est le premier sens de “œuvre de Dieu”.
Deuxièmement, on peut voir aussi, dans la réponse du Seigneur, l’annonce de l’œuvre de la rédemption qui suffit pour le salut de quiconque croit. C’est le deuxième sens de “œuvre de Dieu”, celle qu’il accomplirait lui-même.