Les chefs des Juifs, et les
Nicodème connaissait les miracles de Jésus, qui l’avaient conduit à une conviction plus profonde que celle du peuple. En disant “nous savons”, il exprime ce que d’autres pensaient aussi, sans l’avouer ouvertement (12. 42, 43). Quels que soient ses sentiments intimes, le Seigneur ne le repousse pas, mais il le place dans une lumière qu’il ne connaissait pas.
A quelque moment que ce soit, chacun peut s’approcher du Sauveur. Toujours disponible, Jésus ne repousse personne : “Je ne mettrai point dehors celui qui vient à moi” (6. 37).
“En vérité, en vérité, je te dis”, c’est ainsi que le Fils de Dieu commence la plupart de ses déclarations dans cet évangile. Ces mots (amen, amen, dans l’original) sont l’assertion de la vérité absolue, l’affirmation divine devant laquelle le raisonnement humain doit s’incliner.
Voir le
L’expression “être né de nouveau” (litt. “né d’en haut”) signifie non seulement de nouveau, mais fondamentalement à nouveau. Il s’agit d’une opération spirituelle et divine qui produit une vie nouvelle qui échappe aux contingences terrestres (voir 1. 13).
En réponse à la question de Nicodème, car Jésus répond toujours aux questions d’un cœur sincère, le Seigneur ajoute : “Si quelqu’un n’est né d’eau et de l’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu” (verset 5). Cette phrase aurait dû être comprise de Nicodème car il connaissait les Écritures. En effet, le prophète Ézéchiel avait dit : “Je répandrai sur vous des eaux pures, et vous serez purs… Je vous donnerai un cœur nouveau, et je mettrai au dedans de vous un esprit nouveau… Je mettrai mon Esprit au dedans de vous” Ézéchiel 36. 25-27.
Ici, l’eau est le symbole de la parole de DieuÉphésiens 5. 26 : c’est par elle que le croyant a été régénéré, “par la vivante et permanente parole de Dieu” 1 Pierre 1. 23. Nous sommes “engendrés dans le Christ Jésus par l’évangile” 1 Corinthiens 4. 15, “engendrés par la parole de la vérité” Jacques 1. 18. L’Esprit est l’agent qui applique la Parole à notre conscience et qui renouvelle notre être intérieurTite 3. 5. Être né d’eau n’est pas assimilable au baptême, qui est le signe de notre identification avec Christ dans sa mort et sa résurrectionRomains 6. 4.
Établissant ensuite le contraste entre la naissance naturelle et la naissance spirituelle (verset 6), le Seigneur provoque l’étonnement de Nicodème. Il est vrai que cet enseignement ne correspond pas à la logique humaine, un peu comme les apparentes fantaisies du mouvement des vents. Pourtant ceux-ci sont dirigés par Dieu qui les rassemble dans le creux de sa mainProverbes 30. 4.
Nicodème n’est pas seul à avoir des difficultés pour comprendre les paroles du Seigneur. L’apôtre Paul développe ce sujet avec une forte argumentation en Romains 6 à 8. Être né de nouveau implique l’obtention d’une nouvelle nature, d’une nouvelle identité. “Ce qui est né de la chair est chair”, c’est notre condition première dans laquelle l’homme a été vaincu par le péché. “Ce qui est né de l’Esprit est esprit”, c’est la nouvelle caractéristique du croyant, entièrement distincte de notre état antérieur : “Vous n’êtes pas dans la chair, mais dans l’Esprit” Romains 8. 9. Tant que nous sommes en vie dans ce monde, la chair est encore là, mais ce n’est pas elle qui caractérise le croyant.
Le témoignage que le Seigneur donne à Nicodème fait suite aux nombreux témoignages des prophètes, mais ceux-ci n’avaient pas été reçus. Qu’en sera-t-il de celui de Jésus qui parle de choses célestes et spirituelles ? Les prophètes n’étaient pas montés au ciel pour en redescendre et déclarer ce qu’ils y avaient vu, comme dit Agur : “Qui est monté dans les cieux, et qui en est descendu ?” Proverbes 30. 4. Mais maintenant, quelqu’un est descendu du ciel, Jésus, le Fils de Dieu, devenu Fils de l’homme pour apporter un message du ciel.
Rappelant à Nicodème l’épisode du serpent d’airainNombres 21. 8, 9, le Seigneur se place sur le propre terrain de ce docteur d’Israël. S’il ne connaissait pas la prophétie d’Ézéchiel déjà citée, comment pouvait-il ignorer le récit du serpent en Nombres 21 ? Nous pouvons être surpris que le serpent, image de la malédiction, mis sur une perche soit un symbole du Seigneur sur la croix. Nous avons là un des mystères de l’Écriture : Jésus est devenu malédiction pour nous et, portant nos péchés en son corps sur le bois de la croix, il en a subi le châtimentGalates 3. 13 ; 1 Pierre 2. 24.
Comme il y avait un moyen de salut pour tous les Israélites dans le désert, il y en a un pour chacun de nous aujourd’hui. Le serpent d’airain avait été élevé sur la perche, Jésus a été élevé sur la croix. Le simple regard de l’Israélite suffisait à sa guérison, ainsi aussi le regard de la foi, dirigé sur Jésus en croix, assure à quiconque la vie éternelle. Devant ces déclarations de Jésus, nous nous inclinons dans l’adoration en constatant l’immensité de l’amour divin.
Nicodème voulait savoir qui était Jésus. Le Seigneur ne répond pas à ce besoin sans exercer sa foi. Par le rappel du serpent d’airain, Jésus tourne ses regards vers Dieu et touche sa conscience pour lui faire connaître l’amour de Dieu pour le monde. Le Seigneur, sans répondre directement, veut éveiller sa foi pour recevoir le “don de Dieu”. Cette rencontre a eu un effet décisif pour Nicodème ; il en est ainsi pour nous quand la Parole nous interpelle.