L’épisode précédent est la démonstration de ce que Jésus déclare maintenant. Une seule phrase de Jésus a révélé les ténèbres morales où se trouvaient les plus religieux des Juifs (verset 7). Pourtant, le but que visait le Seigneur n’était pas de faire ressortir les ténèbres, mais de les dissiper. Pour cela, il faut suivre Jésus en croyant en lui. Alors la lumière de l’évangile éclaire un chemin qui contraste complètement avec l’obscurité du monde où le croyant est appelé à vivre. Ce chemin est celui de la vérité et de l’amour. Ce n’est pas une doctrine ou une religion, voire une morale, même chrétienne ; c’est une Personne : “Moi, je suis…” Déclarant encore : “celui qui me suit… aura la lumière de la vie”, le Seigneur dit ce que les apôtres enseigneront plus tard : “Vous êtes lumière dans le Seigneur” et “Vous êtes tous des fils de la lumière” Éphésiens 5. 8 ; 1 Thessaloniciens 5. 5.
Revenant à la charge, les pharisiens contestent les paroles de Jésus avec un argument de poids : le témoignage qu’il rend de lui-même est légalement irrecevable, car la loi stipulait que le témoignage d’un seul ne devait pas être reçuNombres 35. 30 ; Deutéronome 17. 6. C’est alors l’occasion pour le Seigneur de déclarer une fois de plus sa nature divine (verset 14) et sa parfaite unité avec Dieu le Père, réduisant ainsi leur accusation à néant : il n’est pas seul à rendre témoignage (versets 16 et 18). Il n’est pas venu pour juger, dans le sens de condamner. Mais s’il juge, c’est-à-dire donne son appréciation, il juge selon la vérité car elle est confirmée par le Père. Le témoignage de deux personnes doit être reçu, selon les termes mêmes de la loiNombres 35. 30. En disant “votre loi”, le Seigneur met les pharisiens en face de ce qu’ils considéraient comme leur propriété, ce qui augmente leur responsabilité.
Bien que les mots utilisés au verset 19 soient les mêmes que ceux qu’il emploie plus tard pour répondre à ses disciples, le contexte n’est pas le même. En effet, il ajoute, en s’adressant aux siens : “… et dès maintenant vous le connaissez et vous l’avez vu” (14. 7), car il y avait la foi chez les disciples. Ici, Jésus ne précise pas ses déclarations, mais laisse ses contradicteurs incrédules à leur ignorance.
Le moment de la mort du Seigneur n’était pas encore venu, c’est pourquoi, une fois de plus, personne ne put l’arrêter. La même situation se retrouve plusieurs fois dans l’évangile selon Jean, ce qui souligne la divinité de Jésus. C’est lui qui se livrerait lui-même et donnerait sa vie, car il en avait reçu le pouvoir (10. 18).
Les paroles de Jésus sont volontairement énigmatiques, non pour éluder la vérité, mais à cause de l’incrédulité irréductible de ses contradicteurs. Jésus laisse les Juifs dans leur ignorance quant à sa propre destinée, mais il leur révèle le sort qui les atteindra s’ils persévèrent dans leur refus. Mourir dans son péché (verset 21), c’est rester à jamais dans la tragique condition d’éloignement moral où le péché a amené tout homme ; mourir dans ses péchés (verset 24), c’est rester sous la condamnation que méritent tous les actes coupables, lesquels seront remis en lumière au jour du jugement dernierApocalypse 20. 12.
Rendus perplexes lorsque Jésus affirme qu’ils ne pourraient venir où il allait, les Juifs vont jusqu’à envisager la possibilité d’un suicide. Cela conduit le Seigneur à établir de façon claire le contraste entre leur origine et la sienne : eux sont d’en bas, lui d’en haut. Incrédules, ils appartiennent au monde qui est l’opposé du ciel. Sans la foi, il est impossible de franchir le fossé séparant ces deux domaines.
Quand le Seigneur dit : “Si vous ne croyez pas que c’est moi…” comme aussi dans les versets 12, 28 et 58, il utilise une expression typique correspondant au “JE SUIS” de l’A.T. Exode 3. 14. Les Juifs comprennent que ce titre implique une nature éternelle, c’est pourquoi ils insistent pour que Jésus continue ses affirmations. Alors qu’ils venaient de l’accuser de témoigner pour lui-même (verset 13), les Juifs demandent à Jésus qui il est afin de l’accuser encore ! C’est l’occasion pour le Seigneur de donner une réponse au sujet de sa propre identité. Cette réponse – “absolument ce qu’aussi je vous dis” – montre que ses paroles sont l’expression parfaite de ce qu’il est lui-même. Par l’Esprit, David avait déjà exprimé : “Tu m’as éprouvé au creuset, tu n’as rien trouvé ; ma pensée ne va pas au-delà de ma parole” ou selon d’autres traductions : “ma parole ne va pas au-delà de ma pensée” Psaume 17. 3. Il y a donc parfaite harmonie entre l’être intérieur et ce qu’il exprime. Jésus seul pouvait affirmer que sa parole était l’expression de ce qu’il est.
Jésus aurait pu dire beaucoup de choses au sujet de ces Juifs, ce qui les aurait condamnés, mais il n’était pas venu pour cela. Envoyé par le Père pour proclamer l’amour, il s’abstient de juger. Le moment viendra où sa divinité sera reconnue, mais il faut d’abord qu’il passe par la mort sur une croix. “Ils regarderont vers moi, celui qu’ils auront percé” Zacharie 12. 10.
En parlant encore de sa relation avec le Père et du plaisir que sa vie parfaite lui procurait, Jésus souligne l’intimité continuelle de cette relation. Il le répétera lors de ses dernières paroles à ses disciples (16. 32), mais cela ne contredit en rien ce que le Seigneur a exprimé du haut de la croix, au terme des trois heures de ténèbresMatthieu 27. 46. La tragédie de l’abandon est même renforcée quand on pense à la satisfaction que Dieu a toujours trouvée en Jésus. Tout le mystère de la croix est dans cette apparente contradiction : le juste parfait est abandonné pour que l’homme coupable puisse être sauvé !
Plusieurs personnes sont amenées à croire en lui malgré l’hostilité du milieu. Persévéreront-ils ? Les versets qui suivent le démontreront. Soyons donc encouragés dans notre témoignage, même si l’entourage paraît fermé.