Lorsque quelqu’un doit se présenter, il s’empresse de dire ce qu’il est. Il n’en est pas ainsi de Jean-Baptiste. Ses réponses négatives ne contentent guère ceux qui le questionnent, mais elles démontrent sa grande humilité. Qu’il ne soit pas le Christ, Jean devait le dire, mais qu’il ne soit ni Élie, ni le prophète, cela confond les Juifs envoyés vers lui. Bien que descendant d’AaronLuc 1. 5, il n’exerçait pas la sacrificature et n’était pas rabbin.
Questionné par les Juifs, Jean-Baptiste n’est pas intimidé et ne succombe pas au piège de l’orgueil. Mais que voulaient dire ces Juifs en demandant si Jean était Élie ou le prophète ? Nous en trouvons la réponse dans l’A.T. : “Voici, je vous envoie Élie, le prophète, avant que vienne le grand et terrible jour de l’Éternel” Malachie 3. 23 et “L’Éternel, ton Dieu, te suscitera un prophète comme moi, du milieu de toi, d’entre tes frères ; vous l’écouterez” Deutéronome 18. 15. Le premier passage s’applique probablement à l’un des deux témoins de l’Apocalypse1, le deuxième concerne le Seigneur lui-même, selon la citation faite par Pierre et ÉtienneActes 3. 22 ; 7. 37.
Jean-Baptiste devait donner une réponse positive basée sur la parole de Dieu afin de faire taire ses contradicteurs. Au lieu de citer Malachie 3. 1 que le Seigneur appliquera pourtant au ministère de JeanMatthieu 11. 10, et afin de mieux s’effacer lui-même, il cite Ésaïe 40. 3 : “Moi, je suis la voix de celui qui crie dans le désert…” (verset 23). Il n’est même pas celui qui crie, mais seulement sa voix. Lorsque nous disons quelques mots de la part du Seigneur, prenons conscience que nous sommes de simples porte-parole. Toute gloire ne revient qu’à lui.
Le désert dans lequel Jean criait son témoignage décrit bien l’état moral de la nation juive et celui du cœur naturel de chacun. C’est aussi l’indication du cadre de la prédication de Jean : en dehors de tout système religieux. Cela excite les chefs du peuple contre lui, car la tradition se méfie toujours de ce qui est nouveau et l’homme naturel ne discerne ni ne reçoit ce qui vient de Dieu.
Les Juifs avaient bien conscience de l’importance du message de Jean et du caractère novateur de son service. Ils lui contestent cependant son droit à l’action, car il ne possède aucun titre : “Pourquoi baptises-tu, si tu n’es ni le Christ, ni Élie, ni le prophète ?” (verset 25) 2. En réponse à ce reproche, Jean ne cherche nullement à se justifier, mais il dirige les regards de ses contradicteurs sur le Messie qui va venir. Ils ne le connaissaient pas, mais il était déjà au milieu de son peuple. La grandeur du Messie ne réside pas dans ce que l’homme recherche. Jean peut dire qu’il n’est pas digne de délier la courroie de ses sandales, un travail réservé aux esclaves, mais Jésus s’abaissera lui-même encore davantage en se ceignant d’un linge pour laver les pieds de ses disciples (13. 4, 5).
Les Juifs envoyés vers Jean n’apprendront pas à mieux connaître Jésus quand il se présentera à eux. Ce qui manquait à ce peuple c’était la foi et la volonté de recevoir la parole du Seigneur. Ils ne voulaient pas venir à lui pour avoir la vie (5. 40).
Le lendemain du témoignage de Jean, Jésus lui-même vient à lui pour être baptisé. Cet évangile ne rapporte pas directement le baptême de Jésus, ni la voix de Dieu le Père revendiquant l’honneur de son Fils3. L’excellence de Jésus est telle qu’il suffit à Jean de déclarer : “Voilà l’
L’A.T. avait parlé d’un agneau à maintes reprises, déjà lors du sacrifice d’Isaac à Morija où Abraham peut dire à son fils : “Mon fils, Dieu se pourvoira de l’agneau pour l’holocauste” Genèse 22. 8. Pour permettre au destructeur des premiers-nés de passer par-dessus les maisons des Israélites lors de la sortie d’Égypte, un agneau devait être immolé et son sang répandu sur l’encadrement des portes. Les ordonnances lévitiques stipulaient l’offrande d’un agneau tous les matins et tous les soirs, outre ceux offerts à l’occasion des diverses cérémonies. Il n’était donc pas étrange pour la mentalité des Israélites de parler de l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde, car sans effusion de sang, aucun péché ne pouvait être remisHébreux 9. 22.
La loi spécifiait que le sacrifice pour le péché, offert par celui qui était coupable, ne concernait que son propre péché. La déclaration de Jean-Baptiste va beaucoup loin. En disant qu’il ôte le péché du monde, il laisse entendre que non seulement le péché de chaque croyant sera ôté, mais que le sang de Jésus sera la base sur laquelle sera établie une terre purifiée. Dieu lui-même, dont les yeux sont trop purs pour voir le malHabakuk 1. 13, pourra contempler la scène de Golgotha où le précieux sang de son Fils sera répandu. La valeur de ce sang est la