La résurrection de Lazare ne produit pas le même résultat chez tous. Les uns sont convaincus, les autres s’empressent de faire leur rapport aux pharisiens. Leurs paroles n’étaient peut-être pas tendancieuses, mais l’effet qu’elles produisent laisse perplexe quant aux réelles intentions de ces rapporteurs.
Quand l’évangile est prêché, il ne laisse personne indifférent. Soit il est reçu par la foi, soit il est méprisé ou rejeté par incrédulité. Dire que la parole de Dieu n’a pas touché notre cœur, c’est la mépriser et en rejeter le message. Sa présentation peut être plus ou moins percutante, mais la Parole reste comme un feu, comme un marteau qui brise le rocJérémie 23. 29. Faut-il que le cœur humain soit dur, pour y rester insensible !
Le but multiple recherché par la résurrection de Lazare a été clairement exprimé par Jésus :
Ce but a été atteint sous tous ses aspects, même dans le fait que plusieurs ont cru (verset 45).
Les principaux sacrificateurs et les pharisiens assemblent le sanhédrin. De quel délit peuvent-ils accuser Jésus ? Eux-mêmes ne peuvent contester les miracles qu’il a opérés, mais ils évoquent le risque d’un soulèvement populaire contre l’autorité de l’occupant. S’ils avaient connu Jésus, ils auraient compris son message d’amour et auraient su que son royaume était pour un temps futur. En ce jour-là, aucune puissance militaire ne pourra s’opposer au grand triomphateur qui établira un royaume indestructibleDaniel 2. 44.
Les craintes des Juifs semblaient se justifier par les précédentes répressions sanglantes des Romains. Leur calcul était politique. Il avait pour point de départ la méchanceté de leur cœur, et pour objectif l’élimination de Jésus. L’enseignement du Seigneur les a toujours dérangés, car ils se sentaient condamnés dans leur orgueil et leur propre justice. Se débarrasser de Jésus leur paraissait la seule solution.
Le souverain sacrificateur avait une voix prépondérante dans les décisions que le sanhédrin prenait. Caïphe use de l’autorité que sa fonction lui conférait pour exprimer un avis qui les met tous d’accord : il faut préférer Rome à Jésus ! Tant pis pour la justice ! Mais l’Esprit de Dieu utilise Caïphe pour que la pensée de celui-ci devienne une parole prophétique. Quand un inique prophétise, a dit quelqu’un, le vrai sens de sa prophétie est contraire à ses intentions. Ne nous étonnons pas de cela, car Dieu s’est parfois servi de personnes non croyantes pour faire connaître sa propre parole. Balaam en est un exempleNombres 23-24. La décision du sanhédrin produit en fait un résultat paradoxal : en décidant de faire mourir Jésus, le sanhédrin donne à Dieu un motif suffisant pour détruire le peuple, mais conjointement, la mort de Jésus est le seul moyen pour qu’Israël soit sauvé.
La mort de Jésus a une portée plus étendue. Même si le peuple juif en est le premier bénéficiaire, sa valeur est universelle. Jean ajoute à la déclaration de Caïphe une réflexion que l’Esprit Saint lui dicte : “… et non pas seulement pour la nation, mais aussi pour rassembler en un les enfants de Dieu dispersés”. En vertu de la mort de Jésus, Dieu rassemblera ses enfants pour former une seule famille dont il est le PèreÉphésiens 3. 15.
La mort de Jésus est décidée d’une manière irrévocable, l’occasion seule en déterminera le moment. C’est du moins ce que pensent les chefs du peuple. L’heure fatidique s’approche où le pouvoir des ténèbres se déchaînera contre celui qui est la lumière du monde. Elle ne dépendait pas des calculs de l’homme, car il fallait que la mort du Seigneur coïncide avec la fête de Pâque dont Jésus devait être la parfaite réalisation. Or quelques jours devaient encore s’écouler, c’est pourquoi Jésus se retire dans une ville peu connue, à la limite du désert. Quand le moment sera venu, il se présentera lui-même à eux (18. 4).
Une foule nombreuse afflue ensuite à Jérusalem, dans le but d’accomplir les purifications rituelles avant la fête de Pâque. On peut se demander quelle était la valeur morale de ces purifications, puisque cette même foule demandera la crucifixion de Jésus durant la fête. A Jérusalem, on cherche Jésus, soit pour l’entendre, soit, plus vraisemblablement, pour l’amener aux chefs comme ils en avaient donné l’ordre. Mais l’attitude de la foule ne présage rien de bon.