On peut avoir beaucoup d’amour pour le Seigneur et pourtant commettre de graves péchés. Maintenant que Pierre a été relevé, le Seigneur témoigne sa confiance à son disciple. Il sait que son disciple le suivra jusqu’à la mort. Pierre avait affirmé avec beaucoup de présomption qu’il irait jusqu’à laisser sa vie pour son Maître (13. 37). Fort de sa propre énergie, il voulait mourir pour le Seigneur et garder son indépendance d’esprit. Maintenant que sa propre volonté est brisée, Pierre peut accomplir celle de son Maître.
La grâce anéantit toute forme d’orgueil, mais confère un honneur que nos désirs les plus forts n’auraient jamais imaginé. Le Seigneur n’a pas jugé Pierre indigne de le servir, il l’a rétabli dans son ministère. “Si quelqu’un me sert, avait dit Jésus, le Père l’honorera” (12. 26). Cet honneur, Pierre l’obtiendra, mais pas comme il l’avait pensé. Jésus indique à son disciple de quelle sorte de mort il le glorifierait (verset 18) : “Quand tu seras devenu vieux, tu étendras les mains…” Il ne s’agit pas d’une référence à la vieillesse, mais à la mort par crucifixion au terme de son existence1. Quoique mystérieuse, l’expression utilisée par le Seigneur ne laisse aucun doute à ce sujet.
Le Seigneur prend nos engagements au sérieux. Pierre avait dit : “Seigneur, pourquoi ne puis-je pas te suivre maintenant ? Je laisserai ma vie pour toi” (13. 37). Dans sa grâce, Jésus lui donne les forces d’accomplir son désir et l’assurance qu’il le suivra jusqu’au bout. Pierre en sera conscient jusqu’au terme de son ministère2 Pierre 1. 14. L’apôtre avait renié son Maître pour sauver sa vie. Il la perdra en lui restant fidèle. N’oublions pas que nous pouvons honorer Dieu dans notre vie, mais aussi dans notre mort. La mort du Seigneur a glorifié Dieu. La mort de Pierre a glorifié le Seigneur.
Tout au début de son ministère, au bord du même lac, Jésus avait demandé à Pierre de le suivreMarc 1. 17. Maintenant que Pierre connaît sa faiblesse et son cœur, Jésus renouvelle son appel : “Suis-moi”. L’appel de Dieu est sans repentirRomains 11. 29.
Le Seigneur s’était levé du repas pour s’en aller. Ce geste est symbolique. Entièrement rétabli moralement et spirituellement, Pierre aime son Maître au point qu’il peut maintenant le suivre où qu’il aille. Une vraie repentance entraîne toujours le désir de s’engager et de témoigner pour le Seigneur. C’est ce qui la distingue d’une émotion passagère de regret ou de remords. David en a fait l’expérience. Après avoir confessé son péché avec Bath-Shéba, il s’engage à enseigner les voies de Dieu aux transgresseursPsaume 51. 15. Notre propre nature n’est pas meilleure que celle de Pierre ou de David, mais si nous confessons nos fautes et connaissons le vrai repentir comme eux, le Seigneur peut aussi nous confier de grandes tâches.
Jean n’est jamais loin du Seigneur. Pierre se retourne et voit Jean suivre aussi Jésus. Par curiosité, non par jalousie, Pierre désire savoir ce qui arrivera à son ami. En fait, il voudrait connaître quelle sera la fin de Jean. Comme Pierre, nous sommes plus sensibles aux événements qu’aux devoirs. Pour la troisième fois, le Seigneur demande à Pierre de le suivre. Ce sont les dernières paroles que Jésus adresse à son disciple dans cet évangile. Pour suivre Jésus fidèlement, il ne faut regarder qu’à lui seul, pas aux croyants, même pas à ceux qui sont aussi proches de Jésus que Jean, sinon pour imiter leur foi, en considérant l’issue de leur conduiteHébreux 13. 7. Le Seigneur ne nous demande jamais de regarder à la mort des siens, mais à lui, jusqu’à ce qu’il vienne. Il est le Maître de la vie.
A dessein, le Seigneur laisse en suspens ce qui arrivera à Jean. Il dit à Pierre en parlant de Jean : “Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ?” La voix du Seigneur pour les siens est subtile, mais intelligible. Nous interprétons souvent mal ce que le Seigneur dit à l’un de nos frères, quand nous raisonnons par induction : “Cette parole se répandit…” Nous voulons donner un sens aux paroles du Seigneur, plutôt que d’en accepter le sens primitif. Et nous sommes tentés de les transformer pour les adapter à notre propre logique. Attention aussi aux « on-dit » (verset 23) !
Pierre et Jean symbolisent l’ensemble des croyants. Comme le Seigneur le leur a annoncé, l’un passera par la mort et l’autre pourrait demeurer jusqu’à ce qu’il revienne. Nous savons que tous les croyants ne mourront pas. Quand le Seigneur viendra chercher les siens, il trouvera des croyants en vie sur la terre1 Thessaloniciens 4. 17. On peut aussi remarquer que le ministère de Pierre est caractéristique de la vie des premiers croyants. Ils ont répandu l’évangile et ont beaucoup souffert pour le nom de Christ. Le service de Jean est en relation avec les croyants des derniers jours avant que le Seigneur revienne, car tous ne mourront pas1 Thessaloniciens 4. 15.