Le Seigneur reprend sa tunique sans couture et se remet à table. Que la place d’esclave que Jésus a prise ne fasse jamais oublier qu’il est Seigneur et Maître ! En Maître incomparable, il instruit ses disciples sur la base de leur propre confession. Puisqu’ils l’appelaient Maître1 et Seigneur, étaient-ils indignes de suivre son exemple ? Si une attitude d’humilité nous déplaît, comment pouvons-nous appeler Jésus, Maître et Seigneur ? Avons-nous vraiment compris ce que Jésus a fait pour nous ? On croit un maître, on obéit à un seigneur.
Jésus a toujours traduit en action ce qu’il enseignait en parolesActes 1. 1. Il a lavé les pieds de ses disciples parce qu’aucun d’eux n’avait voulu accomplir cet humble service réservé aux esclaves2. Rien n’est plus efficace qu’un exemple donné par celui qui enseigne.
L’exemple que le Seigneur donne à ses disciples va au-delà d’un geste d’hospitalité. Il prend une valeur symbolique et nous enseigne plusieurs leçons :
Le principe de réciprocité est inhérent à la famille de Dieu. Le monde dit : “Donnant, donnant” ; mais le chrétien dit : “Servant, servant”.
S’occuper de la souillure de notre frère peut faire jaillir en nous ce qui est latent dans notre propre cœur, d’où la nécessité d’être lavés à notre tourGalates 6. 1, 2.
Vouloir accomplir cet acte envers nos frères sans humilité ou sans amour n’est que de l’hypocrisie. On peut servir par orgueil, mais on peut aussi refuser de servir et d’être servi par orgueil. Quelqu’un a dit : « Le même orgueil qui nous empêche de laver les pieds de nos frères nous empêche aussi d’accepter simplement et humblement leur service. »
Jésus rappelle à ses disciples leur position. Ils ne s’appartiennent pas à eux-mêmes. Ils sont des esclaves au service de leur Maître, mais nullement ses prisonniers, puisqu’ils sont des apôtres (litt. : des envoyés). L’esclave est caractérisé par l’humilité, l’envoyé par son obéissance. Quel paradoxe : le Seigneur fait de ses esclaves des ambassadeurs ! Plus encore, des amis (15. 15) et, après la résurrection, des frères (20. 17). Si nous sommes conscients de notre dignité d’ambassadeurs, nous pourrons accepter toutes les humiliations.
Le Seigneur montre encore à ses disciples que la vraie connaissance se traduit en actes. Quand savoir et faire concordent, il en résulte toujours une grande bénédiction (v. 17). Et “celui qui arrose sera lui-même arrosé” Proverbes 11. 25.
Le Seigneur connaissait les douze qu’il avait choisis (6. 70) Luc 6. 13. Il est le seul à avoir discerné les sentiments qui animaient Judas, un hypocrite. Comme on l’a remarqué : « Jésus a lavé les pieds de celui qui avait levé son talon contre lui ». Cette expression du Psaume 41, peut-être une allusion aux ruades dangereuses d’un cheval vicieux ou à l’écrasement par le pied, décrit une haine brutale. Mais Jésus reste Seigneur, même si Judas l’a mis à terre pour un temps par son “coup de talon”. Jésus n’a rien caché à ses disciples de sa propre identité, de sorte qu’il peut leur dire : “Je vous le dis dès maintenant… afin que, quand ce sera arrivé, vous croyiez que c’est moi” (litt. : que je suis). Ces mots sont l’expression de sa déité absolueDeutéronome 32. 39 ; Ésaïe 43. 10 (8. 24, 28, 58).
Le verset 20 doit être rattaché au verset 16. Jésus s’identifie avec les disciples qu’il envoie. Recevoir de telles personnes, c’est recevoir Jésus ; recevoir Jésus, c’est recevoir Dieu. Le même principe est établi dans les épîtres : si quelqu’un rejette les enseignements de Paul, il rejette Christ1 Corinthiens 14. 37.