Judas est sorti de la chambre haute. Le pouvoir des ténèbres quitte ce lieu. Jésus peut alors librement épancher son cœur auprès de ses disciples. Malgré sa préconnaissance de toute chose, Jésus a été “troublé dans son esprit”, car il ressentait intensément tout ce qui était contraire à Dieu. Le Seigneur n’a cessé d’avertir ses disciples concernant la signification de sa mort (13. 31, 32) et l’imminence de son départ (verset 33). Et Jésus a dit que l’un des douze lui était étranger à deux reprises (6. 70 ; 13. 10).
Désormais, la fin est si inévitable que Jésus parle de la croix comme d’une chose déjà accomplie. Il considère sa propre mort comme le moyen suprême de glorifier Dieu.
“Le fils de l’homme est glorifié” : Dieu n’attend pas le déploiement de la puissance de son Fils dans l’avenir. Dieu le glorifie tout de suite. Toutes ses perfections divines rayonnent, si bien que Dieu est glorifié lui-même. A Golgotha, tous les attributs de la déité (puissance, justice, sainteté) seront magnifiés.
Il fallait que Judas soit parti pour que le Seigneur puisse s’adresser à ses disciples comme à ses enfants, un terme d’affection utilisé par les maîtres à l’adresse de leurs disciples. Il va les quitter en passant par un chemin que nul autre que lui ne pouvait emprunter, pas plus les disciples que les Juifs (7. 34 ; 8. 21).
Jésus s’en va, mais il n’abandonne pas ses disciples à eux-mêmes. Il leur laisse un commandement nouveau et des promesses. Ce commandement est nouveau parce que son point de référence est entièrement différent. La loi disait : “Tu aimeras ton prochain comme toi-même” Lévitique 19. 18 ; Jésus demande de nous aimer les uns les autres comme il nous a aimés. Le point de référence pour aimer n’est plus moi-même, mais Christ. Il est infiniment plus élevé. S’aimer soi-même n’est pas un amour désintéressé comme celui de Christ. Aimer les autres n’est pas un nouveau commandement, mais aimer comme Christ nous a aimés est entièrement nouveau.
L’amour manifesté envers les croyants est la preuve de l’amour que nous avons pour Dieu1 Jean 4. 20. De la manière dont nous traitons les frères et les sœurs, nous traitons Christ. L’amour que les croyants manifestent entre eux est un puissant témoignage à Jésus Christ. Il est la marque qui permet au monde de reconnaître qui est disciple de Jésus. Le chrétien, dont la nature est transformée par la grâce, ne doit pas seulement aimer son prochain, comme la loi le demandait, mais jusqu’à ses ennemisMatthieu 5. 44. L’amour est notre force et perpétue le souvenir de Christ.
Quelqu’un a dit : « Si je n’ai pas l’amour que je devrais avoir envers tous les vrais chrétiens, le monde a le droit de conclure que je ne suis pas chrétien ». Il est aussi en droit de penser que Jésus n’a pas été envoyé par Dieu (17. 21). Le monde juge par la vue. Les gens qui nous observent sont plus sensibles à l’amour que les chrétiens ont entre eux qu’à leurs connaissances et la pureté de leur doctrine. On l’a souvent constaté : nos actes crient plus fort que nos paroles.
L’amour manifesté permet de tester la réalité de :
Pierre détourne la conversation en demandant au Seigneur où il va. Peut-être n’avait-il pas prêté attention à ce que le Seigneur avait dit au sujet de l’amour, préoccupé par ce que Jésus avait dit de son départ. Thomas reprendra le même argument (14. 5). Pierre avait tout quitté pour suivre Jésus. Comment ne pourrait-il pas le suivre jusqu’au bout ? Ou bien était-il repris dans sa conscience au sujet de l’amour que nous devons manifester envers les disciples de Jésus, et qui nous manque si souvent ? Pierre affirme qu’il est prêt à donner sa vie pour son Maître. Il n’a pas encore compris que laisser sa vie pour le Seigneur, c’est d’abord renoncer à soi-même pour se donner aux autres d’un amour totalement désintéressé. Dans la chambre haute, à l’abri des ennemis du dehors, Pierre se montre plein de courage et de bonnes intentions, quoiqu’elles soient toutes centrées sur lui-même. Sur le plan humain, Pierre a failli précisément sur ces points, ses traits de caractère les plus forts !
Le Seigneur s’exclame : “Tu laisseras ta vie pour moi !” mais ne contredit pas les affirmations intempestives de son disciple. Ce n’est qu’après sa résurrection que le Seigneur peut annoncer clairement à Pierre qu’il laissera effectivement sa vie pour son Maître en subissant le martyre (21. 18).
Jésus révèle ensuite à Pierre ce qu’il ferait dans les heures qui suivent, avant le chant du coq. Mais il sait que Pierre se repentira : “Tu me suivras plus tard”.
Pierre demande : “Seigneur, pourquoi ne puis-je te suivre maintenant ?” Ce qu’il voulait entendre de la bouche de Jésus, le chant du coq le lui révélera.