L’étonnement des disciples à leur retour de la ville les laisse perplexes, mais ils restent silencieux par respect pour leur Maître. Jésus n’a de comptes à rendre à personne, et même si son activité heurte les esprits traditionalistes, il accomplit son service quoi qu’il advienne. La suite de cet évangile montre plusieurs circonstances qui entraînent la contestation des Juifs, mais le Seigneur poursuit son chemin comme il le dit par ailleurs : “Voici, je chasse des démons et j’accomplis des guérisons aujourd’hui et demain, et le troisième jour… Mais il faut que je marche aujourd’hui et demain et le jour suivant” Luc 13. 32, 33.
Après un tel contact avec Jésus, la Samaritaine ne pense plus à sa corvée d’eau. Elle a goûté un breuvage infiniment meilleur. Laissant là sa cruche, elle ne pense plus à son besoin d’eau, comprenant qu’il est nécessaire de partager avec ses concitoyens ce qu’elle a découvert. Il y a des urgences qui doivent laisser la place à des nécessités.
Son témoignage tient en peu de mots : “Venez, voyez…” (verset 29). Elle utilise les mêmes paroles que Jésus quand il a répondu aux deux disciples de Jean-Baptiste qui lui demandaient : “Rabbi, où demeures-tu ?” (1. 39, 39). Toute honte a disparu. Elle n’a plus rien à cacher. Éclairée par la lumière divine, elle ne peut se tenir que dans cette même lumière en face de ses concitoyens. C’est un peu comme si elle leur disait : « Il m’a sondée et m’a connue, moi une femme coupable, et il m’a pardonné. Venez et voyez, car son amour est aussi pour vous ». Convaincue que Jésus est le Christ, elle en donne la preuve : “Il m’a dit tout ce que j’ai fait”. Le changement est tel que nul ne peut douter de la véracité de son témoignage.
Ce récit nous enseigne comment nous pouvons être des témoins crédibles. Le vrai témoignage n’est pas dans nos discours mais dans la qualité de notre conduite et la réalité de nos convictions. Sommes-nous les témoins d’une religion, ou d’une Personne qui a captivé nos cœurs ? Dans ce deuxième cas, nous pouvons dire, nous aussi : « Venez et voyez… c’est un Sauveur merveilleux, c’est Jésus mort et ressuscité pour mes péchés. Il vous aime et veut votre salut dès maintenant et pour l’éternité ». Voyez le résultat du simple témoignage de cette femme : “Ils sortirent de la ville, et ils venaient vers lui” (verset 30).
Puisse notre témoignage attacher les âmes à Jésus lui-même, sans prosélytisme, mais en vérité, et en démontrant de façon probante que nous avons le privilège de goûter sa présence dans l’amour, dans la joie et dans la paix.
Pas plus que la femme samaritaine, les disciples ne s’élèvent au-dessus des besoins matériels. Le milieu du jour est déjà passé, aussi prient-ils le Seigneur de bien vouloir manger ; mais la réponse de Jésus les étonne. Comme les disciples, nous éprouvons souvent des difficultés à comprendre les paroles de Dieu. Que pouvait bien être cette nourriture dont Jésus parlait ? Son besoin le plus fondamental, sa nourriture, était de faire la volonté de son Père. Une œuvre lui avait été confiée et il doit l’achever. Il avait déjà dit par la voix du psalmiste : “C’est mes délices, ô mon Dieu, de faire ce qui est ton bon plaisir” Psaume 40. 9, et à la fin de son ministère, il peut dire à son Père : “Je t’ai glorifié sur la terre, j’ai achevé l’œuvre que tu m’as donnée à faire” (17. 4). Le Seigneur ne nous donne-t-il pas, là aussi, un exemple à suivre ? Pour nous aussi, obéir devrait être notre “nourriture” afin d’être, à notre tour, des canaux de bénédiction pour communiquer la grâce à d’autres.