Après cette entrée en matière qui a “brisé la glace”, le Seigneur se révèle comme le vrai donateur. Il place la conversation sur un plan plus élevé que celui des besoins matériels, car ceux-ci sont éphémères. Jésus va progressivement conduire l’entretien sur les besoins de l’âme, plus importants que ceux du corps. Il y a un Dieu que l’homme naturel ne connaît pas, un Dieu éternel, créateur des cieux et de la terre, un Dieu qui donne. Satan avait déjà insinué à Adam et Ève la pensée que Dieu était exigeant et leur avait refusé le bien. Cette pensée a traversé les siècles et a souvent dénaturé l’image que beaucoup de chrétiens se font de Dieu.
Connaître le don de Dieu, c’est connaître celui que Dieu nous a donné, “ce don inexprimable” 2 Corinthiens 9. 15, et c’est aussi connaître le Donateur. La connaissance de la personne de Jésus donne une pleine liberté pour demander une réponse à nos besoins. La Samaritaine ne profitera vraiment de cette liberté que lorsque sa conscience aura été éclairée par la lumière divine. Pour l’instant, elle ne pense qu’à sa corvée journalière et comprend toujours moins les paroles du Seigneur. Pourtant elle a saisi que cet étranger est peut-être un grand personnage, elle poursuit donc ses questions. C’est l’occasion donnée au Seigneur de faire une déclaration qui peut être appliquée à beaucoup de situations.
L’eau du puits de Jacob, si bonne soit-elle, ne satisfait que momentanément les besoins temporels. Elle est l’image de ce qu’on peut trouver dans ce monde pour répondre aux besoins légitimes de notre organisme, que ce soit sur le plan physique, affectif ou psychique. Mais il ne s’agit pas des éléments qui créent la dépendance, la plupart nocifs par eux-mêmes, choses que Satan a réussi à offrir à l’homme pour le tenir sous son pouvoir. Si quelqu’un réalisait qu’il est retenu captif par l’un ou l’autre de ces éléments, qu’il saisisse sans tarder l’offre généreuse de Jésus. Cette “eau de la vie” le libérera de tout esclavage et remplira son cœur. Le sentiment de manque que produit le sevrage de toute drogue sera remplacé par une jouissance accrue de l’amour de Dieu en Jésus Christ.
En contraste avec tout ce que nous pouvons trouver dans ce monde, choses dont la précarité décevra toujoursJérémie 2. 13, et qui ne peut satisfaire les besoins profonds du cœur, Jésus ouvre à la Samaritaine une source surabondante. C’est l’offre de la grâce, une offre vraiment gratuite mais qu’il faut saisir et accepter. “Si tu connaissais le don de Dieu… tu lui aurais demandé et il t’aurait donné…” (verset 10). Suite à la question de la femme, le Seigneur précise encore quelle est la nature de ce don gratuit. “L’eau que je lui donnerai sera en lui une fontaine d’eau jaillissant en vie éternelle” (verset 14). Soulignons ces paroles, en les mettant en parallèle avec d’autres versets de la Bible :
Se plaçant toujours sur le plan matériel, la femme comprend de moins en moins. Cependant, son intérêt a été éveillé, et c’est déjà un premier résultat. Il suffit au Seigneur de toucher maintenant la corde sensible de la conscience pour opérer la guérison de l’âme.
De façon soudaine, le Seigneur oriente différemment la conversation. Pour que le cœur soit à l’aise avec le Seigneur, il faut que la conscience le soit aussi. Une zone obscure subsistait dans le cœur de la Samaritaine. Elle le savait, et c’était probablement la raison de sa venue au puits à cette heure inaccoutumée. Sa mauvaise conscience la conduisait à éviter ses concitoyens autant que possible. Par contre, devant un étranger qui ne la connaît pas, elle croit pouvoir feindre l’honnêteté, déclarant avec aplomb : “Je n’ai pas de mari” (verset 17).
On ne peut pas se dérober au regard divin ; la Samaritaine l’apprend de façon soudaine quand tout son passé est mis en lumière par Jésus. Elle aurait pu dire comme Moïse : “Tu as mis devant toi nos iniquités, devant la lumière de ta face nos fautes cachées” Psaume 90. 8. Est-ce alors le moment pour cette femme de prendre la fuite, rompant ainsi pour toujours ce contact qui va la conduire au salut ? Non, la grâce qu’elle a pu discerner dans cet Étranger peu ordinaire la retient auprès de lui. En effet, les paroles mêmes de Jésus, bien qu’elles aient dévoilé son état moral, ne l’ont pas repoussée. Aucune condamnation n’a été prononcée, sinon par sa propre conscience subitement réveillée.
Applicable à quiconque se tourne vers le Sauveur pour recevoir son pardon, cet exemple est aussi pour tout croyant qui s’est laissé entraîner par le mal. Le Seigneur veut le rencontrer pour lui faire sentir sa faute, mais il le fait avec grâce. Pour réveiller sa conscience endormie, le Seigneur parle à son cœur d’abord. Si le cœur reste quand même insensible, alors la voix se fait plus sévère et l’usage de la verge se révèle peut-être nécessaire. Mais c’est la mesure ultime pour le bien de celui que le Seigneur veut ramener à lui.