Que craignait Pilate : les Juifs ou Jésus ? Il est alarmé, moins par la réaction des Juifs que par leur parole : “Il s’est fait Fils de Dieu”. Serait-il autre chose qu’un homme ? Il pose une sixième question à Jésus : “D’où es-tu ?” Il ne demande pas à Jésus qui il est. Il veut savoir quelle est son origine. Une nouvelle fois, Pilate va être désappointé.
Jésus ne répond pas à la curiosité de Pilate, qui s’est moqué de la justice en ne relâchant pas son prisonnier qu’il sait innocent. Loin d’être un signe d’impuissance, le silence de Jésus est une nouvelle marque de sa suprématie. Pourquoi Jésus lui aurait-il révélé quelque chose du mystère de sa personne, de son origine céleste ? De toute manière, Pilate avait les éléments de la réponse dans le dilemme qui se présentait à lui : soit Jésus s’est fait Fils de Dieu, soit il est réellement Fils de Dieu. Aujourd’hui encore, il appartient à chacun de répondre à cette question cruciale.
Devant le silence1 de Jésus, l’orgueil de Pilate est mortifié. Il pose à Jésus une septième et dernière question : “Ne me réponds-tu rien ?” Se plaçant au-dessus des lois, le gouverneur croit détenir l’autorité absolue en prétendant pouvoir relâcher ou faire crucifier Jésus. Un seul possède une suprématie absolue : Jésus, à qui a été donnée toute autorité dans le ciel et sur la terreMatthieu 28. 18. Tous les êtres créés devront un jour s’incliner devant lui, qu’ils le veuillent ou non, et confesser que Jésus Christ est SeigneurPhilippiens 2. 9-11.
Jésus ne conteste pas l’autorité de Pilate, mais attire son attention sur l’origine de son pouvoir. Il ne l’a pas obtenu par mérite, il lui a été donné par Dieu. Le gouverneur n’est qu’un instrument dans la main de DieuProverbes 8. 14-16 ; Romains 13. 1. Tout pouvoir comporte des responsabilités. C’est pourquoi Jésus ajoute que celui qui l’a livré à Pilate a plus de péché que le gouverneur. Il s’agit ici du souverain sacrificateur qui détenait l’autorité religieuse en Israël2. Caïphe avait plus de péché que le gouverneur parce qu’il aurait dû connaître par les Écritures qui était Jésus et d’où il venait. Le Seigneur établit des degrés dans la gravité du péché, mais ne disculpe personne. Judas a commis le pire des péchés en livrant le sang innocent.
Pilate était loin d’être l’homme libre et puissant qu’il prétendait être. Tout le liait dans ses pensées et ses actes, sa vanité, la crainte d’un soulèvement, la peur de perdre son poste, sa superstition, le rêve de sa femme. Il était esclave du péché pour la mortRomains 6. 16. Du reste, la dernière parole de Jésus à Pilate se termine sur le mot “péché”.
N’ayant pas réussi à convaincre Pilate de la culpabilité de Jésus sur le plan religieux, les Juifs le dénoncent maintenant pour infraction à la loi civile. Ils l’avaient accusé de s’être fait Fils de Dieu, ils l’accusent maintenant de s’être fait roi.
L’heure de la condamnation de Jésus par Pilate est enregistrée dans les annales du temps. Jean indique le moment exact (six heures du matin3) et le lieu précis (le Pavé ou Gabbatha4) où ce jugement célèbre a été rendu. C’était le jour de la préparation de la Pâque5 (un vendredi, cette année-là).
Pilate avait présenté Jésus en disant : “Voici l’homme !” Il ironise maintenant : “Voici votre roi !” Peut-être espérait-il que la jalousie des Juifs à l’égard de toute insulte faite à leur nation les engagerait à demander la libération de Jésus. Mais le temps des compromis est passé, le moment de la décision est arrivé. Pilate doit choisir entre Christ et le monde, entre rendre la justice et sauver sa position6. Les Juifs opèrent alors une volte-face complète : “Nous n’avons pas d’autre roi que César” ! Pur mensonge ! Ils détestaient l’autorité romaine. Mais ils détestaient davantage Jésus. En feignant une totale soumission à César, la classe religieuse abandonnait tous les privilèges que Dieu lui avait donnés.
Les Juifs comprenaient fort bien la mentalité de Pilate et devinaient ses faiblesses. Ils étaient prêts à abandonner tous les principes auxquels ils tenaient pour éliminer Jésus. Ils ont préféré un empereur cruel au roi de paix, et désiré qu’un homme les gouverne plutôt que DieuJuges 8. 23.
Pilate ne prit aucune responsabilité. Il livra Jésus aux Juifs pour qu’il soit crucifié. Ils l’emmenèrent7 sans délai, de Gabbatha à Golgotha, du jugement à la mort, comme un agneau est mené à la boucherieÉsaïe 53. 7. Gethsémané, Gabbatha, Golgotha ! Ces trois lieux jalonnent le parcours de Jésus jusqu’à la croix.
Les Juifs ont rejeté l’autorité divine, morale et doctrinale de Jésus. Ils n’avaient pas refusé ses miracles quand ils en profitaient. Ils avaient bien accepté de manger son pain ! Ces hommes représentent tous ceux qui rejettent l’autorité de Dieu et se rendent esclaves de Satan, prince de ce monde.
Au cours des siècles, les hommes ont cherché différentes formes de gouvernement. Ayant refusé le Prince de paix, César reste la seule alternative possible.
Tous les acteurs ont joué leur rôle pour que les plans divins se réalisent. Par lâcheté, Pilate a livré Jésus aux Juifs. Mais au-dessus de lui, Dieu a livré, par amour, son Fils pour nous tousRomains 8. 32, pour nos offensesRomains 4. 25. Plusieurs prophéties se sont accomplies : “Ainsi dit l’Éternel, le rédempteur d’Israël, son Saint, à celui que l’homme méprise, à celui que la nation abhorre, au serviteur de ceux qui dominent…” Ésaïe 49. 7Pilate a méprisé Jésus, la nation juive l’a abhorré. Ils ont condamné le sang innocentPsaume 94. 21, 22.