Jean concentre la description des événements sur la personne du Fils de Dieu et met en relief l’accomplissement exact et total de tout ce que les Écritures avaient annoncé. Tout dans la vie de Jésus avait montré qu’il était l’Agneau de Dieu (1. 29), celui qui ôte le péché du monde, l’un de ses plus précieux titres. Rien n’est dit du brigand repentant, du capitaine romain, des moqueurs, des heures de ténèbres, ou du voile déchiré dans le temple. Et la seule mention des souffrances du Seigneur est en relation avec l’accomplissement des Écritures.
La fin approche. Jésus avait tout accompli pour son Père et pour le salut des hommes. Le but était atteint. Toute sa vie avait été entièrement conforme à l’Écriture. Les prophéties concernant sa vie terrestre s’étaient réalisées les unes après les autres, aussi bien dans ses gestes, dans ses paroles, que dans ses silencesPsaume 39. 9 ; Lamentations de Jérémie 3. 28.
Pour montrer la précision de l’accomplissement des prophéties, l’apôtre Jean rapporte la parole prononcée par le Seigneur sur la croix comme l’ultime réalisation de la ParolePsaume 22. 16 ; 69. 22. Jésus dit : “J’ai soif” 1 (un seul mot dans l’original grec).
Ce cri montre que le Fils de Dieu, Dieu lui-même, a connu l’intensité des souffrances d’un crucifié. Il a souffert ce que Dieu seul peut souffrir. Ce cri, jeté après les trois heures sombres, souligne l’humanité du Seigneur2. Pourtant Jésus n’a pas fait connaître sa soif pour qu’elle soit satisfaite. Son but était différent et infiniment plus élevé : Jésus a dit qu’il avait soif pour que les Écritures soient accomplies.
Parce que son œuvre est achevée, Jésus consent à recevoir quelque chose de la part de ses bourreaux et de ceux pour lesquels il mourait. Jamais le Seigneur n’a agi en dehors des Écritures, même quand il a connu la soif intense des crucifiés. Rien n’est laissé à l’initiative humaine. Il a dit : “J’ai soif”, mais a laissé aux soldats le soin d’accomplir la prophétie. En lui donnant à boire du vinaigre, ces hommes étaient les acteurs des Écritures sans le savoir. Après l’avoir fixée sur une tige d’hysope3, ils tendent au Seigneur une éponge imbibée de vinaigre, c’est-à-dire de vin aigri, boisson des soldats et des pauvres. Elle doit être distinguée du breuvage contenant du fiel que Jésus refusa parce qu’il avait la propriété d’atténuer les douleursMatthieu 27. 34.
Ayant pris le vinaigre, Jésus sait que toutes les prophéties sont accomplies et que l’œuvre de la rédemption est achevée. Il avait bu entièrement la coupe que le Père lui avait donnée.
Pour les hommes qui restent incrédules, la mort précède le jugement : “Il est réservé aux hommes de mourir une fois, et après cela le jugement” Hébreux 9. 27. Jésus, lui, a connu le jugement avant d’entrer dans la mort.
Après que Jésus eut pris le vinaigre, il était inutile qu’il restât sur la croix pour souffrir davantage. Il dit : “C’est accompli” (un seul mot en grec, le même qui prouvait qu’une dette avait été acquittée). Lui seul pouvait prononcer ce mot (le temps du verbe exprime un accomplissement réalisé et ne pouvant être remis en cause). Nous devons le saisir par la foi et comprendre qu’il nous est impossible de contribuer à notre salut par nos propres œuvres ou par quoi que ce soit qui vient de nous-mêmes. La seule chose que Dieu demande est de croire. Jésus a lui-même tout accompli pour glorifier Dieu et pour nous sauver. Personne ne pouvait aider le Seigneur dans son œuvre de rédemption. Il a été seul sur la croix devant Dieu, expiant nos péchés. L’incarnation n’était pas suffisante, il fallait la
La mort du Seigneur est unique. Personne n’a jamais pu faire ce que Jésus a fait avant d’entrer dans la mort : ayant baissé la tête, il a remis (ou a laissé) son esprit. C’était l’acte final de son sacrifice volontaireGalates 1. 4 ; 2. 20 ; Éphésiens 5. 2, 25 ; 1 Timothée 2. 6 ; Tite 2. 14. Il a pris la position d’un mort et est entré volontairement et triomphalement dans la mort en remettant son esprit4. Ces expressions font jaillir la grandeur et la gloire divines de celui qui donnait sa vie. Personne n’avait le pouvoir de lui ôter sa vie (10. 17, 18). Comme quelqu’un l’a remarqué : « Il détache lui-même son esprit de son corps et le remet à Dieu, son Père ». Quelle majesté dans cet acte divin qu’il avait seul le pouvoir d’accomplir !
Alors que les religions du monde disent : “Faites”, Jésus déclare à la face de l’humanité entière : “C’est accompli”.