Comme le dit l’Écriture, Jésus était l’agneau sans défaut et sans tacheExode 12. 5 ; 1 Pierre 1. 19. Pilate lui-même l’a reconnu innocent de tout crime (18. 38). Son malaise grandit encore quand les Juifs déclarent que Jésus mérite la mort, car il s’est fait Fils de Dieu. Les Juifs avaient essayé de faire condamner Jésus pour rébellion, un crime aux yeux des Romains. Ils tentent maintenant de le faire condamner pour blasphème, le crime suprême pour les Juifs. Quelle ironie : les Juifs feignent l’allégeance aux Romains qui les oppressent tout en rejetant leur propre Messie !
La façon dont Pilate traite Jésus fait éclater la souveraineté de Dieu. Le gouverneur avait décidé de relâcher son prisonnierActes 3. 13. En ne le faisant pas, Pilate accomplissait les choses que “la main et le conseil de Dieu avaient à l’avance déterminé devoir être faites” Actes 4. 27, 28.
De plus en plus troublé par la personne de Jésus, Pilate croit encore pouvoir satisfaire les JuifsLuc 23. 16. Il imagine un troisième et dernier stratagème. Il fait fouetter Jésus. Il veut l’avilir pour qu’il n’inspire plus que de la pitié ou du mépris. Cet acte cruel était généralement pratiqué après une condamnation et la douleur était si intense que beaucoup de condamnés en mouraient.
A l’insu de Pilate, les prophéties s’accomplissaient inexorablement. Ésaïe l’avait annoncé : le visage du Messie serait tellement défait qu’il serait difficile de reconnaître un homme en luiÉsaïe 52. 14.
Pilate ne contrôle plus la situation. Les soldats outrepassent ses ordres. Ils prennent des épines, symbole de la malédiction prononcée par Dieu sur le solGenèse 3. 18, et en tressent une couronne qu’ils placent par dérision sur la tête de Jésus. Ils le revêtent de pourpre, la couleur royale, comme si Satan disait à Dieu : la malédiction, je la rends à ton roi.
Tout ce qu’il y a de mauvais en l’homme s’exprimait à ce moment. Le péché était là, manifesté sous tous ses caractères : transgression, injustice, rébellion, offense à Dieu. Il fallait que la méchanceté des hommes contre le Fils de Dieu soit exposée dans toute son étendue pour que l’amour de Dieu éclate à la croix dans son infini.
Dans son désarroi, Pilate commence un débat avec les chefs des Juifs et opère un va-et-vient, qui trahit son anxiété fébrile, entre l’intérieur de son palais et la cour où se massent la foule et ses chefs. Pilate sait qu’il a devant lui un prisonnier qui n’est pas une personne ordinaire. Il émane de la personne de Jésus une grandeur qui l’effraie.
L’étonnement du gouverneur, mêlé de crainte, contraste avec sa cruauté et son jeu politique. Il veut se débarrasser de Jésus. Il l’amène dehors, vers les Juifs, car il n’a pas l’intention d’aller plus loin avec lui. Mais l’évangéliste précise : “Jésus sortit”. Jamais Pilate n’aurait pu faire sortir Jésus du prétoire contre son gré.
Défiguré, Jésus n’avait plus l’apparence d’un homme quand Pilate le présente en disant : “Voici l’homme !” (« Ecce homo »). Notez qu’il ne dit pas : Voici cet homme ! Quel témoignage à l’humanité de Jésus, l’homme véritable ! Et par un témoin tel que Pilate !
Plus on se moque de Jésus, plus il grandit en majesté. Quel contraste entre Jésus flagellé et le Messie décrit dans le Psaume 45, où il sort des palais d’ivoire, plus beau que les fils des hommes.
Pilate craignait pour son poste. Dénoncé une première fois par les Juifs auprès de l’empereur pour sa cruauté, selon l’histoire profane, il savait que Tibère ne lui pardonnerait pas une seconde fois.
Pilate est convaincu de
Quand Pilate dit aux Juifs de prendre Jésus et de le crucifier eux-mêmes, ils savent qu’il ne parle pas sérieusement et qu’il se moque d’eux. Ils ne tombent pas dans le piège : ils avaient déjà reconnu devant le gouverneur qu’ils ne pouvaient mettre à mort qui que ce soit (18. 31).
Comme parade, ils mettent en avant leur loi pour la seconde fois. Pilate devait en connaître les éléments, puisqu’il nommait les souverains sacrificateurs et était responsable des biens du temple.
L’hypocrisie des chefs est manifeste. La loi donnée à Moïse condamnait à la lapidation celui qui avait blasphémé le nom de l’ÉternelLévitique 24. 16, pas à la crucifixion comme ils le réclamaient.
A peine Pilate a-t-il dit : “Voici l’homme”, qu’ils crient : “Il s’est fait Fils de Dieu” ! Ils révèlent enfin le vrai motif pour lequel ils veulent que Jésus soit mis à mort. Par cet aveu, ils se condamnent eux-mêmes, car Jésus avait donné à plusieurs reprises les preuves de son identité (15. 22-25) :
Ces déclarations n’avaient pas échappé à ses accusateurs. Pour eux, quand Jésus disait que Dieu était son propre Père, il se faisait égal à Dieu (5. 18 ; 10. 36).