Jésus considère son départ comme accompli, mais il poursuit son service envers les siens. Il s’adresse à son Père en invoquant sa sainteté, en rapport avec la position sainte et séparée des disciples dans le monde.
Le Seigneur demande que ses disciples soient gardés (dans le sens de prendre soin, voir note1 plus bas) dans le même caractère de sainteté que lui-même avait manifesté dans toute sa vie (“Garde-les en ton nom que tu m’as donné”). Sur la terre, le Seigneur prenait soin de ses disciples. Maintenant qu’il les quitte, il demande à Dieu de veiller sur eux. Ainsi ils pourront marcher dans la sainteté, c’est-à-dire séparés du mondePhilippiens 2. 15 ; 1 Pierre 1. 15.
Le Fils était en communion parfaite avec le Père dans tout ce qu’il faisait sur la terre, partageant une même volonté et un même but. Jésus demande que les disciples manifestent cette même unité dans leur témoignage. Il ne s’agit pas d’une union avec la déité, cela est impossible, mais de l’unité dans l’action et le témoignage. Elle est réalisable, car Paul demandait aux Philippiens de tenir ferme dans un seul et même esprit, de combattre ensemble d’une même âmePhilippiens 1. 27, 28.
Jésus a été un berger pour ses disciples. Il a veillé1 sur eux au nom du Père, c’est-à-dire qu’il a agi envers eux comme le Père l’aurait fait. Il les a gardés de retourner au système juif qu’ils avaient laissé pour le suivre. Maintenant qu’il les quitte, il les confie aux soins du Père (verset 11). Aucun n’a été perdu (6. 39). Judas n’est qu’une exception apparente. Il n’était pas un enfant de Dieu, mais un fils de perdition. Jésus l’a choisi, mystère impénétrable, non pour en faire un disciple comme les autres, mais pour que les Écritures soient accomplies.
Quel équilibre dans tout ce que le Seigneur donne à ses disciples ! Ils peuvent vivre dans la séparation du monde et pourtant être joyeux. La sainteté libère en toutes circonstances. La joie du Seigneur ici-bas était d’accomplir la volonté de son PèrePsaume 40. 9. Elle devient celle des croyants, pleine et entière, car tout ce qui est d’origine divine est parfait.
Pendant que Jésus était sur la terre, le monde concentrait sa haine sur Jésus (7. 7), mais lui veillait sur ses disciples (verset 12). Maintenant qu’il quitte la terre, la situation change pour eux. A leur tour, ils seront haïs. Il n’y a pas lieu de s’en étonner1 Jean 3. 13. Ils sont laissés comme témoins de Christ dans ce monde, et leur position n’est pas différente de celle de leur Maître. Mais Jésus ne les laisse pas sans ressources. Si d’un côté les disciples sont dans le monde et rencontrent la haine, de l’autre ils ne sont pas du monde et trouvent l’amour du Père.
La seule présence de vrais croyants attire la haine du monde, car il n’aime que ce qui lui appartient et ne peut supporter, jusqu’à l’odeur, ce qui lui est étranger2 Corinthiens 2. 14-16.
Le Seigneur ne demande pas que nous soyons ôtés du monde (nous y sommes), mais que nous soyons gardés du mal (ou du malin). Le monde lutte constamment contre Dieu. Sans l’action du Père pour nous préserver du mal qui est dans le monde, nous serions vite réduits à l’impuissance, car nous ne pouvons pas nous protéger de l’influence du mal par nous-mêmes.
Jésus ne demande pas que nous soyons ôtés du monde. Nous ne devons pas regretter que Jésus nous y laisse, bien que le désir de tout vrai disciple soit d’être avec ChristPhilippiens 1. 23. Jésus nous laisse dans le monde pour accomplir une mission (verset 18).
Jésus quitte ce monde et place ses disciples dans la position même qu’il occupait. Dans l’Évangile selon Jean, le monde est le milieu où le mal est entré par la faute de nos premiers parents, Adam et Ève, et où désormais règne la mortRomains 5. 12. Jésus n’avait aucune part dans ce système opposé à Dieu comme :
De même, pour nous, la séparation doit être totale, car l’esprit du monde est en totale opposition à l’Esprit de Dieu.
Comment vivre dans un monde moralement pollué sans tomber sous son influence ? Jésus demande que les siens soient sanctifiés par la vérité. La parole de Dieu, qui est la vérité, nous détache du monde. Elle révèle notre position et nous donne les principes de la séparation avec la force de les appliquer. Si nous jouissons de la vérité, nous ne serons pas tentés par le monde. “Là où est ton trésor, là sera aussi ton cœur” Matthieu 6. 21.
La sanctification désigne un acte de séparation, une mise à part. Le terme recouvre deux aspects distincts :
Notez que la pensée d’une sanctification progressive, qui amènerait l’homme à devenir un saint, est totalement étrangère à l’enseignement des Écritures.
Puisque Jésus a achevé son œuvre, pourquoi ne demande-t-il pas que ses disciples soient ôtés du monde pour jouir de la présence du Père (verset 15) ? Ils sont laissés dans le monde pour poursuivre le service du Seigneur, non plus seulement auprès des JuifsMatthieu 10. 5, 6, mais dans le monde entier. Le témoignage est maintenant entre leurs mains. Pour accomplir leur mission, ils doivent être mis à part : le Seigneur n’envoie que des disciples sanctifiés (mis à part). Mais ils ne sont pas sans ressources. Ils possèdent tout ce que Jésus avait sur la terre, son amour, sa paix, sa joie et sa relation avec son Père.
La dispensation2 de la loi a échoué dès son commencement parce qu’elle reposait sur une alliance entre Dieu et les hommes qui, sans délai, ont rompu le contrat. La dispensation de la grâce ne peut que triompher, parce qu’elle repose exclusivement sur l’œuvre achevée de Christ. Il se met à part (se sanctifie) au lieu de rester avec les siens, pour qu’à leur tour, ils soient mis à part pour le service par la vérité.