Un spectacle émouvant se déploie devant le Seigneur : les larmes de Marie et celles des Juifs venus la consoler. Il ne leur dit pas “Ne pleurez pas” comme il l’avait fait en entrant chez JaïrusLuc 8. 52. C’était alors des larmes rituelles pour beaucoup, mais ici, il s’agit d’une douleur réelle ressentie par toute l’assistance. Dans la sublime émotion de son cœur humain et divin, Jésus montre la parfaite sympathie dont il est seul capable. Il frémit et se trouble au plus profond de son être. Il entre dans la douleur de sa créature, et plus encore, dans la cause de cette douleur : il mesure l’intensité du pouvoir de la mort et son effet sur l’esprit de l’homme.
Jésus était encore éloigné du sépulcre, là où Marthe l’avait rencontré. Quand il s’en approche, il laisse libre cours à ses sentiments et il pleure. Par ses larmes, il justifie les pleurs de ceux qui souffrent, car le stoïcisme n’a pas l’approbation divine1.
David demandait à Dieu de mettre ses larmes dans les vases divins et de les inscrire dans son livrePsaume 56. 9. C’est là que Dieu recueille les larmes de ses enfants comme celles que notre Sauveur a versées sur la terre. N’est-ce pas une pensée consolante pour tous ceux qui sont dans le deuil ?
La vue de Jésus saisi d’une telle émotion sépare le groupe de Juifs en deux camps. Interprétant ses larmes comme le signe d’une ardente affection, les uns démontrent leur respect pour Jésus. Les autres mettent en doute sa véritable puissance, insinuant en fait qu’il n’avait pu guérir Lazare. Ce sont probablement ces mêmes personnes qui feront ensuite leur rapport auprès des pharisiens (verset 46).
S’approchant du sépulcre, Jésus frémit encore en lui-même. Non, il ne peut pas se satisfaire de la situation que le péché de l’homme a engendrée. Peu de jours plus tard, il se chargera lui-même de ce péché pour en finir définitivement, lorsqu’il en supportera le jugement à la place des coupables. C’est l’œuvre du salut réalisée à la croix du Calvaire, pour moi, pour chacun. Il suffit de l’accepter.
Le Seigneur demande que la pierre qui fermait le sépulcre soit ôtée. Lors de sa propre résurrection, des anges ont roulé la pierre du sépulcre, non pour que Jésus en sorte, mais pour que nous puissions constater l’absence du divin crucifié. Mais ici, les hommes doivent ouvrir le sépulcre eux-mêmes. Il faut que chacun puisse constater la présence du cadavre de Lazare pour éviter toute accusation de supercherie.
Marthe avait exprimé sa foi de façon remarquable lors de sa rencontre avec Jésus. Elle est maintenant saisie d’un doute à l’odeur de la corruption ; sa foi va-t-elle chanceler ? Le Seigneur lui rappelle sa promesse : “Ne t’ai-je pas dit que si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ?” (verset 40). Cette hésitation de Marthe ressemble à bien des nôtres quand les situations pour lesquelles nous avons prié continuent de se dégrader. Emparons-nous donc de la promesse de Jésus.
A la différence des deux autres résurrections rapportées dans les évangiles synoptiques, le Seigneur s’adresse à son Père avant d’opérer le miracle. Notons qu’il ne demande pas de faire revivre Lazare, il rend grâces d’avoir été entendu, puisque son Père lui avait donné d’avoir la vie en lui-même (5. 26). Il ne regarde pas dans le sépulcre comme la foule le faisait certainement. Il lève les yeux vers le ciel pour donner toute la gloire à Dieu.
Par un cri de commandement, Jésus appelle Lazare hors du sépulcre. Il s’adresse à lui comme s’il était en vie et pouvait répondre. C’est une préfiguration de ce qui se passera plus tard, quand tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix et sortiront, les uns pour la vie, les autres pour le jugement (5. 28, 29).
Sans aucune aide, Lazare sort de la grotte. Mais il était encore entravé par les bandes qui enveloppaient son corps. Jésus demande qu’on le délie pour qu’il retrouve une totale liberté. Combien de personnes aujourd’hui, tout en étant délivrées de leurs péchés par la foi en Jésus Christ, restent encore liées à leurs habitudes d’autrefois par manque de soins pastoraux ! A nous de leur montrer toute la valeur de l’œuvre libératrice opérée par Jésus.