Avec un calme parfait, Jésus annonce le décès de Lazare. Cela ne prend pas la forme d’un drame, bien que le cœur du Seigneur y soit fortement sensible comme il le montre un peu plus tard. Quand la maladie atteint quelqu’un encore jeune, il est difficile d’envisager une issue fatale avec sérénité. Même si la Parole dit : “Précieuse aux yeux de l’Éternel est la mort de ses saints” Psaume 116. 15, un décès précoce nous émeut. Regardons au-delà du drame, comme le Seigneur le fait, et confions-nous en Celui qui fait travailler toutes choses pour le bien de ceux qui l’aimentRomains 8. 28.
La mort est un sommeil auquel succédera la résurrection, pour les croyants d’abord, mais ultérieurement, aussi pour tous les autres : l’une pour la vie, l’autre pour le jugement (5. 29). Les croyants en ont conscience et s’en réjouissent, mais les incrédules refusent d’y penser. Leur indifférence n’est peut-être que factice, car la pensée de l’éternité est dans le cœur de tout hommeEcclésiaste 3. 11.
Ce n’était pas la première fois que Jésus comparait la mort à un sommeilLuc 8. 52. Jésus aurait dû être compris quand il dit : “Lazare, notre ami, s’est endormi” (verset 11). Notons aussi que Jésus ne parle jamais de sommeil au sujet de sa propre mort.
Le sommeil est un élément réparateur pour l’organisme, si bien que les disciples pensent que Lazare est en voie de guérison. Une intervention du Seigneur devient superflue. Jésus doit alors leur dire ouvertement : Lazare est mort. Le Seigneur se réjouit même de sa propre absence, sachant que ce sera l’occasion de démontrer sa puissance divine aux yeux de tous, et de ses disciples en particulier.
Les disciples sont conscients des dangers encourus en Judée. Oseront-ils suivre leur Maître ? Thomas prend l’initiative et montre qu’il est prêt à mourir avec Jésus. Ses paroles ne sont peut-être pas entièrement mesurées, mais elles sont le gage d’une grande loyauté et d’un véritable amour pour Jésus. Thomas aura sa défaillance au lendemain de la résurrection du Seigneur, mais jamais son amour ne sera mis en doute. Seule la grâce de Dieu permet de demeurer fidèle jusqu’au bout.
Deux jours se sont écoulés entre l’appel des deux sœurs et la mort de Lazare. Sans précipitation, le Seigneur se met en route pour Béthanie. De toute façon, la mort avait fait son œuvre ; en y ajoutant la corruption, elle dévoile son vrai visage, celui qui répugne au plus haut point. C’est donc quatre jours plus tard que le Seigneur arrive enfin auprès des sœurs en deuil. Cette famille était bien connue, non seulement à Béthanie, mais aussi à Jérusalem distante de 3 km environ, car de nombreuses personnes viennent tour à tour rendre visite aux deux sœurs pour les consoler. Cette coutume heureuse est le signe d’une réelle affection.
Toujours active et spontanée, sitôt qu’elle entend que Jésus s’approche du village, Marthe s’en va à sa rencontre. Marie, par contre, attend Jésus. Ces deux attitudes montrent leur différence de tempérament. Marthe expose librement sa peine à Jésus et lui dit quelle souffrance son absence a provoquée. Mais sa foi n’est pas en défaut, car elle ajoute aussitôt : “Je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te le donnera” (verset 22). Elle ne comprend cependant pas pleinement ce que cette parole comporte. Il nous arrive aussi d’affirmer ce que nous croyons sans en réaliser toute la valeur. A la déclaration de Jésus : “Ton frère ressuscitera”, Marthe répond en se référant uniquement à la croyance de tout Juif pieux : la résurrection du dernier jour. Cette foi en la doctrine doit faire place à la foi en la Personne de Jésus. C’est à cela que le Seigneur veut amener Marthe, comme aussi nous tous. Si la doctrine chrétienne, aussi orthodoxe soit-elle, ne nous attache pas à Jésus, elle est stérile.
“Moi, je suis la résurrection et la vie” (verset 25) ; cette résurrection n’est pas lointaine, elle est là, en moi-même, semble dire Jésus à Marthe, car la mort ne peut pas subsister en ma présence. Durant la vie physique de Jésus, les résurrections qu’il a opérées ne l’ont été que pour une vie physique aussi. Quand Il reviendra, “les morts en Christ ressusciteront premièrement, puis nous les vivants qui demeurons, nous serons ravis ensemble avec eux… et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur” 1 Thessaloniciens 4. 16, 17. Ces déclarations de la Parole quant à la résurrection sont d’une importance capitale, car elles touchent au fondement même du christianisme. C’est pourquoi Jésus demande à Marthe : “Crois-tu cela ?” (verset 26). Le croyons-nous vraiment, nous aussi ? Le Seigneur ne demande pas à Marthe de lui expliquer ce qu’elle a compris, aussi quand elle répond : “Oui, Seigneur, moi je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu qui vient dans le monde” (verset 27), cette déclaration de foi satisfait pleinement Jésus. Marthe a dit : “Je sais…”, le Seigneur a répondu : “Je suis…” et il amène Marthe à déclarer : “Je crois…”
Les paroles de Jésus à Marthe ne peuvent pas rester sa propriété personnelle. Ce que vient de dire le Maître est interprété par Marthe comme un appel adressé à sa sœur (verset 28). C’était bien le cas, car il n’y a aucune hésitation chez Marie pour aller à Jésus1. N’expliquant à personne la raison de sa hâte, elle se jette aux pieds du Seigneur dans la tristesse de son cœur, comme elle s’était tenue autrefois dans la paix pour écouter ses enseignementsLuc 10. 39. Quelques personnes la suivent, pensant qu’elle va au sépulcre pour y pleurer. Mais son but est bien supérieur : elle va à Jésus, son Seigneur.
Elle prononce les mêmes paroles que Marthe. Moins expansive que sa sœur, Marie n’y ajoute rien. Plus profonde dans ses sentiments, elle mêle de larmes l’expression de sa douleur et de son incompréhension. Comment le Seigneur va-t-il répondre ?