La divergence d’opinion parmi le peuple amène les pharisiens à questionner encore l’aveugle guéri. Était-ce pour tester sa sincérité ? Mais à sa réponse loyale, ils répliquent par l’incrédulité, voire le soupçon de faux témoignage. Il leur faut maintenant des preuves supplémentaires. Les incrédules cherchent toujours de nouveaux points d’appui pour nier l’évidence. Mais une abondance de témoignages ne peut faire changer d’opinion ceux qui ont décidé de rejeter Jésus.
S’assurer de la crédibilité d’un témoin est la responsabilité de l’autorité judiciaire. Il n’y a donc apparemment pas de raison pour blâmer les pharisiens de faire venir les parents de l’aveugle guéri. Cependant, les chefs avaient convenu de chasser de la synagogue celui qui confesserait Jésus comme le Christ (verset 22). Cette pression psychologique va réduire au silence tous les témoins qui pourraient être appelés. Les parents de l’aveugle s’esquivent avec finesse, déclarant ouvertement ce qui ne les compromettait pas, mais laissant à leur fils la totale responsabilité de son témoignage au sujet de Jésus.
Sans que nous voulions l’approuver ou même l’excuser, le comportement des parents peut se comprendre dans leur situation. Être chassé de la synagogue signifiait être mis au ban de la société. Vivant dans un environnement beaucoup plus favorable, ne nous arrive-t-il pas aussi de nous esquiver quand il s’agit de témoigner de notre foi en la personne et l’œuvre de Jésus ? Il importe surtout de déclarer les faits, de témoigner que notre vie a été changée, en dépit des attaques de Satan qui cherche à anéantir notre témoignage. Le christianisme ne traite pas d’hypothèses, mais de faits réels, de certitudes qui concernent la personne et l’œuvre de Jésus Christ. Dans les périodes de persécutions violentes, il y a eu des témoins hardis, des martyrs aussi. Ils recevront la couronne de vieApocalypse 2. 10.
Rappelé devant le conseil des pharisiens, l’aveugle guéri est interpellé une seconde fois. Ils le pressent de dire la vérité : “Donne gloire à Dieu” Josué 7. 19. Ils sont convaincus que Jésus a transgressé la loi. L’aveugle guéri comprend alors que les preuves sont inutiles. Il refuse d’entrer dans une controverse au sujet de Jésus. En contraste avec le pompeux : “Nous savons…” (verset 24), son : “Je sais…” (verset 25) a tout le poids d’une expérience personnelle.
La connaissance théorique, même exacte, ne peut pas remplacer l’amour du Sauveur reçu dans le cœur. L’aveugle avait obéi à la parole de Jésus et en avait le bénéfice ; la foi nourrie de la Parole permet des expériences enrichissantes pour l’affermissement du cœur.
Lors de nouvelles questions des pharisiens, l’aveugle guéri s’enhardit d’une manière qui peut paraître provocante (verset 27). Leur riposte est cinglante : ils l’injurient. Ils se vantent d’être disciples de Moïse alors qu’ils étaient prêts à en enfreindre la loi quand ils ont voulu lapider Jésus ! Dans ce combat verbal, le fidèle témoin demeure ferme dans ses déclarations. Malgré son ignorance religieuse, il a le discernement spirituel que donnent l’obéissance et la foi en Dieu. Sa sagesse fait taire ces Juifs instruits. Leur seule issue est de se débarrasser de celui dont la présence même les condamne.
L’insulte avec laquelle ils chassent l’aveugle guéri relève du même raisonnement que celui des disciples : puisque cet homme est né aveugle, un péché est nécessairement lié à sa conception. S’ils avaient lu le Psaume 51, ils auraient compris qu’eux aussi portaient les conséquences du péché de toute l’humanitéPsaume 51. 7. Personne n’y échappe, mais Jésus est venu pour nous en délivrer.
A peine l’homme est-il chassé dehors que Jésus le trouve. C’était lui, le Seigneur du temple, mais il n’y avait déjà plus sa placeMatthieu 23. 38. Exclu du système judaïque, l’aveugle guéri réalise à l’avance ce que l’écrivain inspiré écrit aux croyants hébreux : “Sortons vers lui, hors du camp, portant son opprobre” Hébreux 13. 13. Jésus ne laisse pas seul celui qui est exclu à cause de sa fidélité, il l’enrichit de la connaissance de sa personne : c’est ce qu’a reçu l’aveugle-né, en plus de sa guérison.
A mesure que se déroulent les épisodes relatés dans cet évangile, le rejet du Seigneur est plus évident. Signalé dès le premier chapitre, ce rejet est décidé au chapitre 11, admis au chapitre 12 et consommé au chapitre 19.
L’état du cœur ne fait aucun doute pour Jésus ; toutefois l’aveugle guéri devait acquérir une connaissance personnelle du Fils de Dieu. Devant ses voisins, il avait dit : “Un homme appelé Jésus…” (verset 11) et devant les pharisiens : “Un prophète” (verset 17), mais quand il voit Jésus de ses yeux pour la première fois, il dit : “Seigneur”. Il croit qu’il est le Fils de Dieu et lui rend hommage.
On ne peut adorer véritablement qu’en ayant la certitude que Jésus est le Fils de Dieu. Dans la période actuelle, nul n’a vu le Seigneur, mais on entend sa voix par la Parole. La reconnaissons-nous ?
Le Seigneur tire maintenant la conclusion des événements (verset 39). Il était venu pour le jugement, non pour la condamnation (3. 17) mais la manifestation de l’état de chacun, comme Siméon avait dit à Marie : “Celui-ci est mis pour la chute et le relèvement de plusieurs en Israël, et pour un signe que l’on contredira” Luc 2. 34.
Il en est encore ainsi aujourd’hui, car Jésus Christ est la pierre de touche pour tous ceux qui sont mis en contact avec l’évangile : soit l’homme reconnaît sa cécité morale et se laisse éclairer par la parole de Dieu, soit il se prétend sage et refuse l’évangile.
L’orgueil religieux des pharisiens ne peut accepter un tel raisonnement. Leur question à Jésus : “Et nous, sommes-nous aussi aveugles ?” aurait dû résulter d’un vrai désir de recevoir son enseignement. La réponse du Seigneur montre qu’ils n’étaient pas sincères. Qui étaient les vrais aveugles ? Rien n’aveugle davantage que les préjugés et l’orgueil. Le véritable aveugle, quand il se reconnaît tel, reçoit le pardon divin et son péché est ôté. Mais ces Juifs disaient : Nous voyons ! Leur péché subsiste donc. Terrible condition de ceux qui, se croyant justes, refusent la grâce de Dieu.