Scrupuleux au sujet du respect des ordonnances légales, les Juifs1 ne sont nullement touchés dans leur cœur. Qu’un homme soit malade pendant trente-huit ans et qu’il soit soudainement guéri les laisse totalement indifférents. Mais que cet homme transporte son lit les met hors d’eux. Tel est l’effet de l’extrémisme religieux qui est toujours déconnecté de la source de l’amour. Il pourrait être dit à de telles personnes : “Apprenez ce que c’est que : Je veux miséricorde et non pas sacrifice” Matthieu 9. 13 ; 12. 7 ; Osée 6. 6.
La simple réponse de l’infirme guéri nous enseigne aussi : “Celui qui m’a guéri, celui-là m’a dit…” (verset 11). Tous les droits appartiennent à Celui qui nous a sauvés. Sa Parole est l’autorité suprême. Sans contrevenir aux convenances élémentaires de notre société, appuyons-nous toujours sur cette Parole pour notre conduite, notre service et notre témoignage.
La froideur des Juifs qui interpellent l’homme guéri est visible dans leur question. Ce n’est pas celui qui guérit qui les intéresse, mais celui qui donne un ordre apparemment contraire à la loi de Moïse. Ils veulent rassembler les éléments nécessaires pour appuyer leur condamnation.
Ayant perdu de vue le Seigneur, l’homme n’en connaît même pas le nom. La foule présente est la cause principale de cette ignorance. Le Seigneur n’a jamais recherché la popularité. Il se retire mais se réserve l’occasion de retrouver celui qu’il venait de guérir, car il voulait un contact personnel avec lui. Ne nous contentons pas de savoir que Jésus nous a sauvés, mais cherchons à vraiment le connaître. Il est Seigneur et Sauveur, Fils de Dieu devenu homme pour pouvoir souffrir et mourir, et maintenant il est dans la gloire d’où il reviendra bientôt.
Le berger cherche sa brebis jusqu’à ce qu’il la trouve. Jésus a cherché et trouvé l’infirme guéri dans le temple, là où il devait se rendre pour remercier Dieu. La parole que le Seigneur lui adresse en le rencontrant a sans doute produit un effet douloureux dans la conscience de cet homme. Quelle avait été sa conduite avant sa maladie ? La guérison est intervenue par la grâce divine, mais maintenant, la repentance et l’abandon total des péchés précédents sont la seule garantie de la guérison définitive. Le Seigneur veut amener cet homme à une vraie libération. Elle passe par le jugement radical des fautes antérieures et de l’état moral qui les a engendrées. Ceci est valable aussi bien pour le salut initial que pour le relèvement du chrétien en chute : “Celui qui cache ses transgressions ne prospérera point, mais celui qui les confesse et les abandonne obtiendra miséricorde” Proverbes 28. 13.
Pensant bien faire, l’homme guéri s’empresse de donner aux Juifs la réponse qu’il n’avait pas pu leur fournir précédemment. Ne voyons pas dans ce geste autre chose que la simple droiture, bien que cette intervention donne des arguments aux ennemis de Jésus et manifeste la méchanceté de leur cœur. Cependant, il y a des cas où un témoignage ouvert doit être donné avec prudence. C’est pourquoi le Seigneur nous avertit d’être prudents comme des serpents et simples comme des colombesMatthieu 10. 16. Cet équilibre difficile ne peut être obtenu qu’avec la sagesse d’en haut. Elle nous manque souvent, mais nous pouvons la demander à Celui qui donne toutes choses libéralement et qui ne fait pas de reprochesJacques 1. 5.
Jusqu’à la fin du chapitre, le Seigneur a affaire avec les Juifs qui le persécutent et cherchent à le faire mourir. Leur argument principal est la violation du sabbat. Pensant peut-être pouvoir appuyer leur condamnation sur de nombreux passages de la Parole, ces accusateurs vont être confondus. Ils ne désarmeront pas pour autant, car nous les voyons revenir sur le sujet au chapitre 9, comme aussi à plusieurs reprises dans les autres évangiles. Pour masquer sa mauvaise conscience ou son manque de spiritualité, l’homme se montre souvent très scrupuleux sur différents points de pratique ou de doctrine.
La réponse du Seigneur place le débat sur un plan tout autre que celui sur lequel les Juifs voulaient le maintenir. Pour Jésus, la référence n’est pas la loi de Moïse, mais la volonté de son Père. Lors de la création, le “travail” de Dieu avait duré six jours. Le septième jour avait consacré le repos du Créateur. Ce repos a été perturbé par le péché de l’homme, raison pour laquelle le Seigneur peut dire : “Mon Père travaille jusqu’à maintenant” 2. En ajoutant : “Et moi je travaille”, le Seigneur montre bien quelle est la fonction qui lui est départie en venant sur la terre :
Ce travail ne sera achevé que lors de l’établissement des nouveaux cieux et de la nouvelle terre. Dieu se reposera dans son amourSophonie 3. 17.
Même si la réponse de Jésus peut paraître énigmatique, les Juifs l’ont bel et bien comprise. Ils saisissent alors un nouvel argument pour s’opposer à lui. En effet, en disant que Dieu était son propre Père, il revendiquait l’identité de nature avec Dieu et signait son propre arrêt de mort. Le Seigneur sera condamné sur cette même baseMatthieu 26. 63, 64.