Dans ce chapitre, nous avons la description du tabernacle proprement dit, “le sanctuaire terrestre” Hébreux 9. 1-5.
Il est constitué de deux ensembles de tapis (le tabernacle et la tente) ; de deux ensembles de couvertures (de peaux de béliers teintes en rouge et de peaux de taissons) placés sur des ais de bois de sittim recouverts d’or, posés sur des bases d’argent et assemblés par des traverses.
Ce sont des “lieux saints faits de main, copie des vrais” Hébreux 9. 24, c’est-à-dire des célestes ; ce sont aussi des types de Christ et des rachetés formant ensemble la maison de Dieu.
Il comprend deux ensembles de cinq tapis chacun, joints par cinquante agrafes d’or passant dans des ganses de bleu. Ces dix tapis sont tissés de fin coton retors, de bleu, de pourpre et d’écarlate, avec des chérubins. Les quatre substances, nous l’avons vu (25. 4), représentent Christ : le fin lin correspond à son humanité parfaite, le bleu à sa nature célesteJean 3. 31 ; la pourpre et l’écarlate aux souffrances qui devaient être sa part et aux gloires qui suivraient1 Pierre 1. 11.
Semblables au voile (26. 31), les tapis figurent la pureté essentielle de Christ comme homme et toutes les grâces attachées à sa Personne : ils sont faits “d’ouvrage d’art”.
Les chérubins expriment que la puissance judiciaire est confiée à Christ, “l’homme par qui Dieu jugera le monde en justice”, et à qui le Père a donné l’autorité d’exercer le jugement, parce qu’il est fils de l’hommeActes 17. 31 ; Jean 5. 22-27.
Les tapis ont une largeur de quatre coudées. Quatre (et son multiple quarante), représente dans la Parole un ensemble complet. Par exemple il y a quatre évangiles, quatre vents des cieuxZacharie 2. 6 ; Actes 7. 42.
Sept est le chiffre parfait : il est indivisible sinon par lui-même. Les dimensions d’un tapis expriment donc la perfection manifestée sur la terre ; ceci s’applique exactement à la vie de notre Sauveur et Seigneur. Il est l’homme parfait aussi bien dans son abaissement de serviteur, que dans la gloire de son règne à venir.
Au nombre de dix (comme les dix commandements), ils suggèrent que Christ a fait face, comme homme, à toutes les exigences de la loi, dans son amour pour Dieu et pour ceux dont il voulut devenir le prochain.
Répartis en deux ensembles de cinq, chiffre qui caractérise l’homme dans sa marche et son activité, liés par des agrafes d’or joignant les ganses de bleu, ces tapis nous montrent comment la double responsabilité de notre Seigneur comme homme, envers Dieu et envers les hommes, a été parfaitement assurée par son caractère divin (les agrafes d’or) et céleste (les ganses de bleu).
Ajoutons que sa divinité et son humanité sans tache sont ici, comme dans l’arche, inséparablement liées : ce sera un seul tabernacle.
Onze tapis de poil de chèvre constituent la tente, posée par dessus le tabernacle. Nous remarquons que la composition de ces tapis est prescrite, avant tout autre détail. L’accent est mis ainsi sur la signification symbolique du poil de chèvre. Le poil est ce qui protège l’animal des intempéries ; il l’isole, le sépare du milieu où il vit. La notion de séparation vis-à-vis du monde où le fidèle est placé est ainsi introduite.
Mais que représente la chèvre ? Cet animal (chèvre ou bouc) est souvent prescrit comme sacrifice pour le péchéLévitique 4. 23-28 ; 16. 5. Or, dans l’original, le même mot désigne le péché et le sacrifice pour le péché (Genèse 4. 7, note). Nous comprenons ainsi que, si ce type nous parle de Christ, il nous le présente comme “celui qui n’a pas connu le péché”, mais que “Dieu a fait péché pour nous, afin que nous devenions justice de Dieu en Christ” 2 Corinthiens 5. 21.
Le “tabernacle” nous montre les perfections de Christ, homme traversant la terre ; “la tente” représente sa pureté positive, la fermeté de sa séparation du mal qui l’entourait.
Onze tapis constituent la tente : ils sont de même largeur que ceux du tabernacle, mais ils sont plus longs de deux coudées. Ils débordent ainsi l’ensemble du tabernacle et des ais, et assurent la protection complète du sanctuaire. Ainsi Christ, l’homme parfait, est gardé de tout mal par la sainte séparation qui découle de sa propre pureté. “Qui d’entre vous me convainc de péché ?” demande-t-il à ses adversairesJean 8. 46. Et il dit aussi aux siens : “le chef du monde vient et il n’a rien en moi” Jean 14. 30.
Cinq tapis sont joints à part et les six autres à part ; ces deux ensembles sont assemblés pour être une seule tente, par cinquante agrafes d’airain (26. 7-13), car ce qui est en vue ici, est la capacité de Christ à accomplir sans défaillance les exigences de la justice divine à l’égard de l’homme1.
Le sixième tapis, replié sur le devant de la tente, est ainsi visible et témoigne que “Dieu n’a pas envoyé son fils dans le monde afin qu’il jugeât le monde, mais afin que le monde fût sauvé par lui” Jean 3. 17.
Il n’est donné aucune dimension, aucun détail, quant à la confection de ces couvertures. Le bélier caractérise la consécration des sacrificateurs (29. 19, 22, 26, 27). Teintes en rouge, les peaux de bélier mettent l’accent sur la mort, et ainsi nous offrent une image de Christ obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croixPhilippiens 2. 8.
Le taisson symbolise la vigilance pour se garder du mal. Nous avons ainsi un type de Christ qui “n’a rien fait qui ne se dût faire” Luc 23. 41.
Tous ces symboles nous font voir “l’homme Christ Jésus”, sa sainteté, sa séparation de tout péché et de toute souillure. A cause de ses perfections, il ne pouvait que souffrir dans un monde où tout lui était opposé. Il y a souffert étant tenté – c’est-à-dire mis à l’épreuve – c’est pourquoi il peut sympathiser (souffrir avec) avec les siens et les secourir pleinementHébreux 2. 17, 18.