Seule la foi peut tenir ferme, comme voyant celui qui est invisibleHébreux 11. 27. Parce que la parole que le peuple avait entendue n’avait pas été mêlée en lui avec de la foiHébreux 4. 2, il tomba dans l’idolâtrie. N’est-ce pas ce qui est arrivé à la chrétienté lorsque, la foi s’affaiblissant, elle a dit : “mon maître tarde à venir” Luc 12. 45 ?
En l’absence de Moïse, oubliant qu’ils n’avaient vu aucune forme mais n’avaient entendu qu’une voixDeutéronome 4. 12, les fils d’Israël demandèrent à Aaron de leur faire un dieu, visible, ouvrage de leurs mains, c’est-à- dire correspondant aux désirs et aux convoitises de leurs cœurs naturels.
Notons que l’or employé par Aaron pour façonner le veau d’or provenait des pendants d’oreilles du peuple. Les religions humaines toujours exigeantes dépouillent ceux qui les adoptent. Il ne reste devant les Israélites que l’image misérable d’un veau qui les aurait soi-disant fait sortir d’Égypte ! L’Éternel est leur gloire et ils la changent en “la figure d’un bœuf qui mange de l’herbe” Psaume 106. 20.
Remarquons aussi qu’Aaron, conscient probablement de la désobéissance où l’entraînait le peuple, lui annonça “Demain, une fête à l’Éternel !” Voulait-il essayer de croire que ce veau était une représentation de l’Éternel ?
En tout cas, les sacrifices alors offerts par le peuple témoignaient de son égarement et de son idolâtrie ; le mal doctrinal entraîne à sa suite l’oubli de la sobriété et conduit rapidement au mal moral1 Corinthiens 10. 6-11. C’est le chemin constant de l’homme qui s’éloigne de Dieu. “Ayant connu Dieu, ils ne le glorifièrent point comme Dieu… et ils ont changé la gloire du Dieu incorruptible en la ressemblance de l’image… de quadrupèdes. C’est pourquoi Dieu les a aussi livrés dans les convoitises de leurs cœurs, à l’impureté” Romains 1. 21-25…
Moïse, dans la présence de Dieu, ignorait ce qui se passait au pied de la montagne. L’Éternel le lui révèle et, en même temps, met son serviteur à l’épreuve. “Laisse-moi faire ; je les consumerai et je ferai de toi une grande nation”. Nous pouvons penser que l’Éternel connaissait la réponse que Moïse lui ferait, après quarante jours passés en sa présence ; cet épisode nous montre comment une étroite communion avec Dieu avait donné à son serviteur la connaissance profonde de sa grâce.
Moïse n’hésite pas un instant ; il implore l’Éternel en faveur d’Israël son peuple (non pas celui de Moïse, comp. verset 7). Il ne peut faire état des mérites d’Israël ; il ne met pas en avant la faveur dans laquelle lui-même est auprès de Dieu. Mais il rappelle devant l’Éternel tout ce qu’il a fait pour délivrer son peuple. Et puis, est-il possible que les Égyptiens (le monde) puissent penser que Dieu n’a fait sortir Israël de sa domination, que pour le détruire dans le désert ?
Enfin, si ce peuple est infidèle, Dieu ne l’est pas. Il ne peut oublier ses promesses inconditionnelles, son sermentGenèse 22. 16-18 ; 26. 3 à Abraham, Isaac et Jacob. Ce peuple demeure “bien-aimé à cause des pères. Car les dons de grâce et l’appel de Dieu sont sans repentir” Romains 11. 29. En réponse à la supplication de Moïse, l’Éternel épargne son peuple (verset 14).
Moïse ne fait pas passer la sainteté et la gloire de Dieu après son amour pour le peuple. Il descend de la montagne où déjà il a intercédé pour Israël, mais il juge le mal, le désordre auquel Aaron l’avait livré.
A la vue du veau et des danses dans le camp, Moïse se met en colère devant l’offense faite à l’Éternel, et brise les tables de la loi au pied de la montagne. Introduire la loi sainte dans le camp aurait été la mort pour le peuple, car elle le jugeait sans appel (20. 1-6). Quant au veau, Moïse le réduit en poudre et le fait boire aux fils d’Israël, qui doivent ainsi goûter, au plus profond d’eux-mêmes, l’amertume du péché.
Le mal, l’idolâtrie, doit être confessé et jugé. Sur la montagne, Moïse intercédait pour le peuple (et pour Aaron) Deutéronome 9. 20 ; dans le camp, une sainte colère le saisit à l’égard de ce même peuple qui vient de pécher contre l’Éternel.
Mais il faut maintenant agir au sujet de l’apostasie ouverte que constitue le veau d’or. Il ne peut être question de neutralité, ni d’indifférence. C’est pourquoi Moïse, à la porte du camp souillé par l’idolâtrie, dit : “A moi, quiconque est pour l’Éternel !” Les fils de Lévi se rassemblent vers lui et prennent place aux côtés de l’Éternel, contre tout un camp désobéissant et rebelle où ils ne reconnaissent plus ni frère ni intime ami.
A la fin du chapitre, Moïse s’apprête à monter vers l’Éternel, pour intercéder en faveur du peuple, sans être certain toutefois de faire propitiation pour son péché.
En présence de l’Éternel, il reconnaît le péché du peuple, tout en exprimant pour lui un amour qui n’a guère d’équivalent parmi les hommes (sinon celui de Paul pour ce même IsraëlRomains 9. 3). Mais “un homme ne pourra en aucune manière racheter son frère, ni donner à Dieu sa rançon” Psaume 49. 8-10.
Cela manifeste la différence entre le type et ce qu’il préfigure, entre Moïse et le Seigneur Jésus. Car Christ descendit de sa demeure dans la gloire du Père pour accomplir toute sa volontéPsaume 40. 8, 9 et faire sur la croix l’œuvre de l’expiation en subissant, à la place des siens, le châtiment qui leur apporte la paixÉsaïe 53. 5, 6.
La responsabilité individuelle de tout homme vis-à-vis de Dieu est clairement établie : “celui qui aura péché contre moi, je l’effacerai de mon livre”.
Dieu charge Moïse de conduire le peuple, à la suite de son Ange, tandis que son jugement atteint les coupables.