Après avoir conduit le peuple dans la louange, Moïse, représentant de l’autorité divine, “fit partir Israël” vers le désert, le lieu de l’épreuveMatthieu 4. 1. Trois jours de chemin devaient faire réaliser au peuple la mort qu’il avait traversée en figure. Israël délivré de l’Égypte, allait faire l’expérience que le monde ne pouvait être pour lui qu’un désert, ne lui offrant rien de ce qui avait, autrefois, satisfait ses désirs.
Pour l’homme naturel, le monde ne se présente pas comme un désert : c’est l’Égypte, où il peut jouir “des délices du péché” Hébreux 11. 25. Mais, pour la foi qui désire avec ardeur l’héritage, tout est changé. Par la croix, “le monde m’est crucifié, et moi au monde” Galates 6. 14. Que pourrait me donner le monde qui a crucifié Christ ?
Cet aspect du désert n’est pas agréable en soi, mais cela nous fait sentir que Christ nous est indispensable : Mara en est l’illustration.
La rédemption nous rend sensibles à l’amertume du monde, où l’on ne trouve pas d’eau, sinon de l’eau amère. Le peuple murmure pour la première fois depuis la mer Rouge ; s’il l’a traversée à pied sec, il doit maintenant éprouver dans son âme la puissance de la mort par laquelle il a été délivré. La chair redoute Mara, mais Dieu répond en grâce à la prière de Moïse ; il lui enseigne un “bois”.
Le racheté de Christ comprend que ce “bois” est une figure de la croix. Nous rencontrons tous individuellement ce qu’Israël a connu collectivement ; mais le bois, la croix de Christ, nous enseigne ce que c’est que d’être “crucifié avec lui”, “mort au monde”. Nous apprenons à n’avoir ni goût ni besoin de ce que nos cœurs naturels auraient estimé indispensable, et cela, “à cause de l’excellence de la connaissance du Christ Jésus” Philippiens 3. 8.
A Mara, l’Éternel mit à l’épreuve la foi et l’obéissance d’Israël ; l’expérience qu’il venait de faire le mettait à même de recevoir “un statut et une ordonnance”, d’une application pratique pour sa marche.
La bénédiction du croyant dépend toujours de sa fidélité à garder par grâce la parole de Dieu, à la méditer, à s’y soumettre, et à marcher dans une entière séparation du monde et des principes qui le gouvernent. Un croyant qui partage la vie du monde, participe aux jugements de Dieu sur le monde : c’est l’histoire de LotGenèse 14. 12, même si, par grâce, il est préservé du jugement finalGenèse 19. Mais alors, son témoignage, sa vie pour Dieu, sont perdus.
Si un enfant de Dieu se conduit comme les gens du monde, Dieu lui fera éprouver l’amertume et les maladies du monde, ce qui est appelé ici “les maladies de l’Égypte” A. Mais le Seigneur Jésus nous dit : “Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour” Jean 15. 10.
Si Israël garde le statut et l’ordonnance, il connaîtra l’Éternel comme celui qui le guérit. L’étape d’Élim est alors un témoignage des bénédictions que l’on trouve dans le chemin de l’obéissance. Les nombres “douze” et “soixante-dix” se rapportent à l’administration divine et à la bénédiction du peupleLuc 9. 1-6 ; 10. 1-17, qui trouvera rafraîchissement et protection sous l’autorité de Dieu.
A Élim, le peuple d’Israël avait goûté les bénédictions de la grâce de Dieu. Dans le désert de Sin, jusqu’à Sinaï, l’Éternel supporte son peuple avec patience et à partir même de ses murmures, lui enseigne ses pensées, “pensées de paix et non de mal, pour lui donner un avenir et une espérance” Jérémie 29. 11.
Cependant, ce peuple choisira de se placer sous la loi. Jusqu’à Sinaï, il avait pourtant connu la miséricorde et l’amour de Dieu pour lui ; après Sinaï, les relations de l’Éternel avec son peuple dépendront de sa conduite envers lui. C’est la différence entre la grâce et la loi.
Ici donc, le peuple murmure contre Moïse et Aaron, parce qu’il regrette les pots de chair de l’Égypte. En réponse, l’Éternel lui enseigne l’une des premières leçons du désert : “Il t’a humilié et t’a fait avoir faim, et il t’a fait manger la manne que tu n’avais pas connue… afin de te faire connaître que l’homme ne vit pas de pain seulement, mais que l’homme vivra de tout ce qui sort de la bouche de l’Éternel” Deutéronome 8. 3.
Israël fit l’expérience humiliante de sa faiblesse, mais le désir de Dieu était que son peuple attende de lui la nourriture dont il avait besoin. Avec une grâce merveilleuse, l’Éternel répond aux murmures de son peuple ; il l’instruit tout en lui donnant à manger.
D’abord, il rappelle à Israël qu’il l’a fait sortir d’Égypte. Le jour de leur esclavage est passé ; il leur donnera “le soir” de la chair à manger, la viande qui convient à leur ancien état au soir de leur servitude. C’était leur dire : Je connais le désir de votre cœur naturel, mais je vais vous donner désormais la nourriture dont a besoin le peuple que j’ai racheté. Alors ils trouvèrent “au matin”, du pain à satiété.