Fidèle à ses promesses à Isaac et à Jacob (32. 13), l’Éternel répond à la prière de Moïse et l’invite à faire monter le peuple en Canaan. Mais il dit à Moïse : “Toi et le peuple que tu as fait monter d’Égypte”, lui signifiant ainsi un changement dans ses relations avec Israël. Nous trouvons alors, dans ce paragraphe, deux paroles de l’Éternel, qui semblent contradictoires : “Je ne monterai pas au milieu de toi…” ; puis : “Je monterai en un instant au milieu de toi…”
Dans le premier cas, la présence de l’Éternel au milieu d’un peuple rebelle aurait entraîné sa destruction à sa première désobéissance.
Le second cas envisage l’exécution du jugement que le peuple méritait à cause de son péché.
Cette dernière parole eut un heureux effet, car les fils d’Israël se dépouillèrent de leurs ornements, en signe de deuil et de repentance. A cela s’ajoute un fait d’une immense portée : la tente d’assignation.
Dans l’intelligence de sa foi et de sa communion avec l’Éternel, Moïse comprend que Dieu ne peut plus habiter au milieu d’un camp souillé par une idole. Le lieu où ceux qui le recherchent pourront le trouver doit en être éloigné.
“Et Moïse prit une tente, et la tendit pour lui hors du camp, loin du camp” ; mais il l’appelle “tente d’assignation”, ou de rassemblement, car là, ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur pourront se rassembler autour de lui2 Timothée 2. 19-22.
L’Éternel donne son approbation à la foi de Moïse : la colonne de nuée descend à l’entrée de la tente, et il parle avec son serviteur “comme un homme parle avec son ami”. Une étroite et douce communion est ainsi établie entre Dieu et ceux qui le recherchent. Sorti du camp, Moïse n’est pas sorti d’Israël ; il “retournait au camp” pour enseigner les paroles de Dieu au peuple si cher à son cœur (32. 32).
Mais Josué, jeune homme, ne sortait pas de la tente. Nous apprenons ainsi que le service en faveur du peuple requiert l’intelligence et l’énergie spirituelles d’hommes mûrs qui, par le fait de l’habitude, ont les sens exercés à discerner le bien et le malHébreux 5. 12-14.
Le “jeune homme” Josué avait compris qu’il devait d’abord se fortifier dans le Seigneur, dans sa présence et sa communion, avant de sortir pour servir utilement.
Marie de Béthanie nous offre un exemple semblableLuc 10. 39-42 ; Matthieu 26. 10-13.
C’est avec tristesse que nous lisons : “tout le peuple… se prosterna à l’entrée de sa tente” (verset 10). Combien d’enfants de Dieu savent-ils aujourd’hui sortir vers Christ, “hors du camp” Hébreux 13. 13 ?
L’Éternel avait révélé à Moïse sa sainteté (une flamme de feu), et sa grâce (le buisson n’était pas consumé : 3. 2, 3). Ce sont les bases de son office de médiateur. Conscient de la gloire de Dieu, il se tenait à la brèche pour intercéder en grâce pour IsraëlPsaume 106. 23.
Moïse donc prie pour Israël, librement, mais dans une sainte crainte, afin qu’il lui soit accordé la grâce de connaître le chemin (ou la volonté) de Dieu. L’apôtre Paul demandait la même chose pour les chrétiens de ColossesColossiens 1. 9, 10.
L’intercession de Moïse prend alors un caractère remarquable, car elle fait appel à la seule grâce de Dieu. En ordonnant à Moïse : “Va, monte d’ici…” L’Éternel avait ajouté : “Je ne monterai pas avec toi, car tu es un peuple de cou roide, de peur que je ne te consume en chemin” (verset 3).
Mais maintenant, en réponse à la prière de son serviteur, l’Éternel dit : “Ma face ira…” Ce peuple de cou roide ne sera-t-il pas consumé ? Non ! Car entre la première déclaration divine et sa promesse d’aller avec son peuple, l’Éternel a rencontré Moïse à la tente d’assignation, où ce dernier, à quatre reprises, a fait appel à la grâce divine, en faveur du peuple auquel il s’identifie.
Dieu va donc marcher avec Israël, lui donnant son caractère distinctif de peuple séparé. “Voici, c’est un peuple qui habitera seul, et il ne sera pas compté parmi les nations… L’Éternel son Dieu est avec lui, et un chant de triomphe royal est au milieu de lui” Nombres 23. 9-21.
Ayant trouvé grâce aux yeux de l’Éternel, Moïse désire aussi voir sa gloire. Mais il ne peut alors être exaucé (comp. Luc 9. 28-31) ; car ce n’est que dans la face de Christ que Dieu a fait luire la connaissance de sa gloire2 Corinthiens 4. 6.
Maintenant, Dieu va faire passer toute sa bonté devant son serviteur, et criera devant lui le nom de l’Éternel (34. 6, 7).
Mais, si Moïse se tient près de lui, sur le rocher, il sera abrité dans la fente du rocher, par la main de l’Éternel, quand sa gloire, que nul ne peut voir, passera. C’est peut-être une figure du croyant, caché en Christ, devant la gloire infinie du Dieu saint, manifestée à la croix.
Car Dieu fait connaître sa gloire dans ses voies, dont la beauté apparaît une fois qu’il est passé et peut alors être vu “par derrière”.
Aucun homme n’a pu voir la gloire de Dieu et de Jésus le Nazaréen dans la croix, avant que la mort du Seigneur ne soit accomplie, et qu’il ne soit ressuscité et glorifié. Nous la voyons maintenantHébreux 1. 3-4 ; 2. 9 : elle est, pour l’éternité, le sujet de la louange des saints.