L’Éternel a accompli la promesse faite à Moïse (3. 12). Israël va maintenant servir son Dieu sur la montagne où il est apparu dans une flamme de feu au milieu d’un buisson à épines. Saisissante image de ce peuple, si prompt à murmurer, objet de la grâce du Dieu qui demeure au milieu de lui sans le consumer. Nous venons de lire, en effet, comment, pendant les trois mois écoulés depuis sa sortie d’Égypte, l’Éternel avait répondu en grâce et en bénédictions aux contestations de son peuple.
Le campement devant la montagne de Sinaï est une étape décisive pour Israël : l’Éternel appelle Moïse depuis la montagne et lui confie les paroles qu’il doit maintenant faire entendre aux fils d’Israël.
Remarquons que l’Éternel désigne son peuple sous les deux noms de “maison de Jacob” et de “fils d’Israël”.
Le premier nom se rattache aux caractères naturels du peuple de Dieu, tels qu’ils apparaissent symboliquement dans l’histoire de Jacob et de ses fils (voir Genèse 28 à 35 et 49).
Le deuxième nom, Israël, est celui que Jacob reçut à PenielGenèse 32. 25-33, quand “l’Ange” lui montra qu’il ne devait pas compter sur sa force naturelle, mais sur la grâce et sur la puissance de Dieu.
Les paroles de l’Éternel, ici, sont comme résumées dans ces deux noms : de même que Dieu avait conduit Jacob jusqu’à Peniel, puis à Béthel, la maison de DieuGenèse 35. 1, il avait porté son peuple sur des ailes d’aigle et l’avait amené à lui.
Si Israël avait prêté attention à ces paroles : “Vous avez vu ce que j’ai fait”, il aurait compris qu’il serait à toujours le peuple de l’Éternel, c’est-à-dire un royaume de sacrificateurs pour le servir (4. 22, 23), et une nation sainte, mise à part pour lui.
Alors, deux choses étaient nécessaires :
Ici encore, se montre la prétention de l’homme qui se confie en lui-même, en la chair. Le signe de l’alliance avec Abraham était la circoncision c’est-à-dire, symboliquement, le fait de n’avoir pas confiance en la chairePhilippiens 3. 3.
Certes, le peuple sorti d’Égypte a bien été circoncisJosué 5. 5, mais il n’a pas compris la portée morale de la circoncision.
Ainsi, oubliant ses murmures, son incrédulité, sa faiblesse, au lieu de s’attacher à ce que Dieu est pour lui en grâce, tout le peuple prétend être capable d’accomplir “tout ce que l’Éternel a dit”. Il fait ainsi dépendre sa bénédiction de ce qu’il pourrait être pour Dieu ! C’est le principe de la loi.
Moïse pourtant, fidèle médiateur, va rapporter à l’Éternel les paroles du peuple, une première fois. Mais la réponse de l’Éternel est pour Moïse, non pour le peuple : il promet à son serviteur sa présence et le secours de sa parole, qui lui seront tellement nécessaires pour faire face aux murmures et aux contestations qu’il allait rencontrer de la part du peuple. Alors, comme pour laisser à l’Éternel le soin de s’occuper d’Israël, Moïse lui rapporte une seconde fois ses paroles.
Maintenant, Israël doit se sanctifier, c’est-à-dire se séparer, extérieurement au moins, de ce qui ne convient pas à la présence de Dieu. Comment Israël a-t-il compris le sens de cette purification ? Nous le voyons quelques siècles plus tard, lorsque l’Éternel dit à son peuple : “Quand tu te laverais avec du nitre et que tu emploierais beaucoup de potasse, ton iniquité reste marquée devant moi” Jérémie 2. 22.
Quelle était donc l’utilité de ce commandement, si l’homme ne peut se purifier devant Dieu ? Il devait d’abord faire prendre conscience au peuple de ce qu’est la sainteté de Dieu. Il anticipait aussi ce que la loi allait mettre en évidence : l’état du cœur de l’homme, sa ruine, sa culpabilité, en un mot, son état de péchéRomains 3. 20.
Que d’expériences amères sont nécessaires au croyant qui veut accomplir le bien, en se soumettant à la loi ! Il découvre vite qu’il ne le peut pas. Il ne trouvera la délivrance et la paix que lorsqu’il aura cru et accepté que “ce qui était impossible à la loi en ce qu’elle était faible par la chair, Dieu, ayant envoyé son propre Fils, en ressemblance de chair de péché et pour le péché, a condamné le péché dans la chair…” Romains 7. 14-25 ; 8. 1-4
Le peuple devait donc se sanctifier pour être prêt le troisième jour. Quel “troisième jour” que celui-là, où des bornes devaient retenir le peuple à distance de Dieu ! Combien est différent le troisième jour du Nouveau Testament, jour de la résurrection du Seigneur Jésus notre Sauveur. Il n’y avait pas de bornes, dans le lieu où les disciples étaient assemblésLuc 24. 33, pas de pierre pour lapider ou transpercer la main, mais bien plutôt une douce invitation à “toucher” Luc 24. 39.
A Sinaï, des tonnerres et des éclairs, et une épaisse nuée, annonçaient la présence de l’Éternel, tandis qu’un son de trompette très fort se faisait entendre, appelant le peuple à la rencontre de Dieu. “Et Moïse, si terrible était ce qui paraissait, dit : Je suis épouvanté et tout tremblant” Hébreux 12. 21. Et toute la montagne de Sinaï fumait, parce que l’Éternel descendit en feu sur elle… et toute la montagne tremblait fort.
Le feu est le symbole de la sainteté de Dieu, en jugement contre le péché. C’est ainsi que, sur le terrain de la loi, Dieu rencontrait son peuple : “des nuées et de l’obscurité sont autour de lui ; la justice et le jugement sont les bases de son trône” Psaume 97. 2.
Avec une profonde reconnaissance, nous mettons en regard ce trône, et celui que nous connaissons par la foi en notre Seigneur Jésus Christ, le “trône de la grâce”, duquel nous nous approchons “avec confiance, afin que nous recevions miséricorde et que nous trouvions grâce pour avoir du secours au moment opportun” Hébreux 4. 16.