Que le parler en langues venant de Dieu puisse être, dans certains cas, un signe de la réception de l’Esprit, nous ne le contesterons pas, l’Écriture le dit1, mais qu’il soit le signe initial, le signe caractéristique, nous le nions :
- La Bible affirme le contraire : en effet, dans le chapitre 12 de la première épître aux Corinthiens Paul dit au verset 13 : « nous avons TOUS été baptisés d’un seul Esprit », mais au verset 30 il pose la question : « TOUS parlent-ils en langues ? ». Cette question appelle une réponse négative. Si les langues peuvent être données à certains, elles ne sont pas l’unique démonstration de la réception de l’Esprit. Pour écarter ce verset, certains invoquent deux raisons :
- Il s’agirait là du don de parler « d’autres langues » accordé seulement à quelques-uns et non du signe des langues accordé à tous. Cet argument est faux car le verset englobe de façon évidente tout ce qu’on peut appeler « parler en langues » ; d’ailleurs, en Actes 2. 4, il s’agit bien de parler « d’autres langues ».
- Il s’agirait là d’un parler en langues dans l’assemblée2. Le verset 28 du chapitre 12, sur lequel on s’appuie, ne dit pas que ces dons (apôtres… aides… langues…) doivent obligatoirement s’exercer dans l’assemblée, mais qu’ils ont été placés par Dieu dans l’assemblée, ce qui est totalement différent. Le verset 18 confirme : « Dieu a placé les membres – chacun d’eux – dans le corps, comme il l’a voulu ». La fonction des différents membres peut s’exercer au bénéfice du corps (v. 25), mais tout comme dans le corps humain, nous ne saurions limiter là leur activité.
- Dans les chapitres 14, 15 et 16 de Jean, où le Seigneur entretient ses disciples de son prochain départ et de la venue du Saint Esprit, il n’est jamais question d’un signe dont l’absence aurait signifié de façon irréfutable la non-réception de l’Esprit ! Si un tel signe existait, on pourrait dire que le Seigneur a oublié de leur dire l’essentiel ! Par contre, de nombreuses conséquences de la venue du Saint Esprit sont données, et nous désirons en souligner deux :
- conduire les croyants dans toute la vérité,
- glorifier Christ.
C’est ainsi que les erreurs doctrinales et les désordres parmi un groupe de croyants démontrent, sans le moindre doute, que le Saint Esprit n’a pas sa libre action parmi eux.
- Si même tous les chrétiens devaient parler un langage incompréhensible, ce ne serait pas un signe qui les caractériserait, qui les identifierait comme tels, puisque nous retrouvons le même phénomène chez :
- les prêtres bouddhistes,
- les derviches musulmans,
- les Zoulous, les indigènes de Bornéo,
- des médiums spirites,
- des personnes possédées,
- de nombreux malades mentaux.
En effet, le langage personnel de ces malades (termes fabriqués, phrases incohérentes…) ne correspond-il pas étrangement à la plupart des parlers en langues ? N’est-il pas en accord avec les conseils donnés par certains pasteurs ? Jugez-en plutôt : « Laissez aller votre langue, dites n’importe quoi, prononcez les syllabes qui vous viennent à l’esprit, répétez-les, débranchez votre intelligence », ou encore : « Je vais vous dire quelques mots… vous les répéterez. Vous les mélangerez aussi, mais ne vous inquiétez pas. Continuez à les répéter plusieurs dizaines de fois et bientôt vous parlerez en langues. »
Il est à peine besoin de dire que le véritable « don des langues » communiqué par l’Esprit de Dieu n’a aucun rapport avec ces techniques aberrantes.
Quels passages cite-t-on pour affirmer que « le parler en langues est bien le seul témoignage scripturaire du baptême de l’Esprit » ? Ils sont au nombre de quatre :
- Actes 2 : Notons que la manifestation est spontanée (v. 4) et non provoquée. Il s’agit là d’un don de l’Esprit selon 1 Corinthiens 12. 10 ; l’utilité de ce don est démontrée immédiatement (v. 5) : la miséricorde divine neutralise le jugement tombé sur les nations en Genèse 11. 6-9 de manière que tous puissent entendre, dans leur propre langue, les choses magnifiques de Dieu (v. 11).
- Actes 10. 46 : Le don des langues répandu souverainement par Dieu sur ces croyants montrait à l’évidence la réception de l’Esprit : ce sont les mêmes signes qui avaient été donnés en Actes 2, si bien que Pierre peut témoigner devant les apôtres que les non-Juifs avaient bien reçu le Saint Esprit. Remarquons toutefois que Pierre ne dit pas simplement que le Saint Esprit est tombé sur eux, ni même qu’il est tombé sur eux de façon habituelle, mais « comme aussi sur nous au commencement » 3, et il rattache cela à la promesse que le Seigneur avait rappelée à ses disciples juste avant la Pentecôte4.
Comme quelqu’un l’a dit : « les langues étaient un signe, non parce qu’elles étaient attendues, mais précisément parce qu’elles étaient inattendues, non demandées, inhabituelles, – avec comme seul parallèle la Pentecôte – pour convaincre, même les Juifs les plus opposés, que Dieu voulait les païens aussi bien que les Juifs parmi son peuple ».
- Actes 19. 6 : Ils parlèrent en langues et prophétisèrent. Ce sont là deux dons du Saint Esprit montrant aussi, certainement, la réception de l’Esprit. Ce Saint Esprit dont ils ignoraient la présence se manifeste à eux par des signes incontestables.
Dans ces trois cas que nous relate le livre des Actes5 les dons de l’Esprit (parler en langues, prophétie) montrent la réception de l’Esprit Saint par ces différents groupes de croyants ; mais a-t-on le droit de généraliser6 ? Pourquoi taire les milliers d’autres cas individuels que nous relate l’Écriture ? Il n’est plus JAMAIS question de ces dons en liaison avec la réception de l’Esprit : où Dieu s’est-il engagé à donner le don des langues à tout croyant ? Dans le chapitre 16 de l’évangile selon Marc, allez-vous répondre ! Examinons donc ces versets :
- Marc 16. 17, 18 : Si l’on veut affirmer, d’après ce passage, que tous les croyants doivent parler d’autres langues, il nous faut affirmer en même temps que :
• tous les croyants peuvent prendre des serpents sans en souffrir aucun mal7,
• tous les croyants peuvent boire quelque chose de mortel sans mourir (notons qu’il n’est même pas dit : « quand on leur aura fait boire » mais bien « quand ils auront bu »),
• tous les croyants doivent imposer les mains aux malades et les malades doivent être guéris (bien entendu, tous les croyants pourraient facilement imposer les mains aux malades, mais le signe donné n’est pas dans l’imposition des mains… mais dans la guérison des malades !) pas un de temps en temps, ni même neuf sur dix, mais tous les malades guéris par la puissance de Dieu8.
Or que constatons-nous ? la disparition plus ou moins complète de ces signes donnés selon la sagesse de Dieu pour l’implantation du christianisme :
- lorsqu’un croyant est piqué par une vipère, il s’empresse de chercher du sérum, et s’il boit du poison, il meurt. La sagesse de Dieu ayant retiré ces signes lorsqu’ils n’ont plus été indispensables, qui lui dira : Que fais-tu ?
En rapport avec ce passage, nous croyons devoir faire remarquer encore :
- qu’il s’agit de signes et non de dons de l’Esprit,
- que ces signes n’étaient pas promis aux apôtres (qui eux avaient reçu la mission de prêcher, v. 15), mais à ceux qui allaient croire par leur moyen,
- que ces signes sont présentés comme conséquence de la foi (ceux qui auront cru, v. 17) et non comme conséquence d’une hypothétique « deuxième expérience ».
Alors que l’Écriture affirme que « les langues sont pour signe, non à ceux qui croient, mais aux incrédules » 9, un certain « parler en langue » est devenu un signe pour les croyants. Encore une fois nous devons noter qu’un tel enseignement est en marge de la Parole de Dieu.