Nul autre que Jean Baptiste ne parle d’être baptisé de l’Esprit Saint et de feu. Voyons dans quel contexte (lire attentivement les versets 5 à 12 qui forment un ensemble) :
Ce récit parle de deux sortes de personnes : les vrais repentants (v. 6) et les hypocrites (v. 7). Ils sont comparés successivement à des arbres qui portent les uns de bons fruits, les autres de mauvais fruits (v. 10) et aussi à du froment ou bien de la balle (v. 12).
Il nous parle aussi clairement du jugement qui tombera sur les méchants, les justes étant épargnés (v. 10) et « rassemblés dans le grenier » (v. 12). C’est ainsi qu’il est parlé au verset 7 de « la colère qui vient », au verset 10 de « l’arbre coupé et jeté au feu », enfin au verset 12 de « l’aire nettoyée » et de « la balle brûlée au feu qui ne s’éteint pas ».
C’est donc entre deux versets qui parlent de jugement que se situe la déclaration de Jean Baptiste qui annonce, de la façon la plus claire, l’acte officiel qui devait inaugurer les deux dispensations (périodes bibliques) qui allaient suivre :
Jean ne présente pas ici le Messie comme le Sauveur venu en grâce, l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde2, mais comme le chef du royaume, celui qui devait exécuter le jugement sur ceux qui ne se repentiraient pas.
Il est l’emblème du jugement qui consume, notre passage le montre à l’évidence. Citons encore quelques versets qui confirment la chose :
Oui, notre Dieu, le Dieu de grâce, est aussi un feu consumant3.
Cette expression : « baptiser de l’Esprit Saint et de feu », employée une fois par Jean Baptiste, n’est rapportée que par Matthieu et Luc, en rapport avec le caractère de leur Évangile. Matthieu présente le Messie, l’Oint qui, après avoir été retranché, instaurera son règne par le jugement4. Luc nous présente le Fils de l’homme qui, à cause de son humiliation et de son obéissance jusqu’à la mort, a reçu l’autorité de juger5.
À part Matthieu 3. 11 et Luc 3. 16, cette expression n’est JAMAIS plus employée. Le Seigneur lui-même avait ordonné à ses disciples de rester à Jérusalem jusqu’à ce qu’ils soient revêtus de puissance d’en haut, d’attendre la promesse du Père, laquelle il enverrait6. Il précise en Actes 1. 5 : « Vous serez baptisés de l’Esprit Saint dans peu de jours ». Le parallélisme entre Actes 1. 5 et Matthieu 3. 11 est frappant, mais le Seigneur n’ajoute pas « et de feu », la promesse du Père n’étant pas le jugement – qui est « son œuvre étrange et son travail inaccoutumé » 7 – mais le don du Saint Esprit.
La forme sous laquelle le Saint Esprit est venu baptiser les croyants est caractéristique : sur Jésus, l’Esprit était descendu sous forme d’une colombe, symbole de pureté, pour sceller Celui qui était sans péché ; en Actes 2 ce sont des langues divisées comme de feu8. C’est la puissance de Dieu en témoignage, c’est l’Esprit descendant sur des personnes qui ont une nature pécheresse9. Mais ce n’est pas un baptême de jugement, car la puissance était en grâce, si bien que toute créature à Jérusalem a pu entendre, dans sa propre langue, les choses magnifiques de Dieu. N’est-il pas remarquable de voir, des années après, l’apôtre Pierre faire allusion à cette circonstance et dire : « Je me souvins de la Parole du Seigneur quand il disait : Jean a baptisé avec de l’eau, mais vous, vous serez baptisés de l’Esprit Saint » 10 ? Ayant vécu la circonstance inoubliable d’Actes 2, il affirme que c’est là le baptême du Saint Esprit, mais il se garde bien de l’appeler un baptême de feu.
Soyons heureux de ce que notre Dieu et Père ne réponde pas aux prières des siens lorsqu’ils demandent : « Donne-nous un baptême de feu ». Non, le jugement, Christ l’a porté à notre place sur la croix et maintenant celui qui croit en Lui a la vie éternelle, il ne viendra jamais en jugement, car il est passé de la mort à la vie11.