Le discours de Bildad est parallèle à celui d’Éliphaz (chapitre 15), mais plus court et plus violent. Dans l’introduction (versets 1-4), il est vexé de voir Job continuer à répondre. Il décrit ensuite (versets 5-20) ce qu’est pour lui l’issue de la vie du méchant. Dans sa conclusion (verset 21), il envoie une dernière flèche à Job en l’assimilant à ceux qui “ne connaissent pas Dieu”. En traitant Job ainsi, Bildad fait l’œuvre du diable, qui accuse les croyants jour et nuitApocalypse 12. 10. En conséquence, la foi de Job sera de nouveau ébranlée (19. 1-24), avant de se raffermir en un sursaut produit incontestablement par l’Esprit de Dieu (19. 25-29).
Bildad s’adresse à Job à la deuxième personne du pluriel, voulant peut-être répondre aux “hommes droits” auxquels Job a fait allusion (17. 8). C’est comme s’il lui disait : il ne te sert à rien d’invoquer des soutiens. Il croit que Job l’assimile aux “bêtes sans raison” (verset 3) Jude 10. Il est difficile de déceler de la colère dans les paroles de Job, comme Bildad le prétend. Pour lui, les choses sont réglées par une loi divine intangible : acquiescer aux idées de Job, ce serait changer le monde, bouleverser sa stabilité comparée à un rocher.
La description du sort du méchant se vérifie bien souvent dans ce monde. La lampe du méchant finit par disparaître (verset 5) Proverbes 13. 9, et il est l’artisan de son propre malheur (versets 7-10). Les conséquences sont la pauvreté, la maladie1, la mort, la privation d’enfants (versets 11-20).
Pour Bildad les circonstances et les paroles de Job prouvent qu’il est un homme sans Dieu. Il avait prospéré jusqu’ici, mais il est finalement atteint par le jugement, selon une règle divine sûre. Se servir de la calamité d’autrui pour l’accabler, voilà l’attitude de Bildad. Les hommes autour de la croix ont fait de même quand toutes les apparences étaient contre Christ. Contrairement à ce que pense Bildad, le souvenir du juste Job est en réelle bénédiction pour nous (versets 17-20).
Job avait parfois exprimé son désir de mourir, mais aussi son chagrin et son angoisse devant la brièveté de sa vie. Pour Bildad (verset 11), l’effroi de Job révèle sa condition de méchant, et il lui dit positivement : tu vas mourir (verset 14) ! Pour le chrétien maintenant, la mort a été vaincue par Christ, de telle sorte qu’elle n’est plus un objet de terreurHébreux 2. 14, 15.
Job est lassé des propos accablants de ses amis, qui ajoutent à son affliction (verset 2 ; 18. 2). Il est malmené par ces accusations répétées2. Il estime que, même s’il s’est trompé, lui seul est concerné ; il ne cherche pas à en rejeter la faute sur d’autres (verset 4). Alors que ses amis pensent que sa situation démontre sa culpabilité (verset 5), Job refuse de croire que le filet dans lequel il tombe est la conséquence d’une faute (verset 6 ; comp. 18. 8). Pour Job, c’est Dieu qui le renverse : expression d’une certaine confiance, celle d’être dans la main de Dieu.
Cette foi est cachée par des cris violents (verset 7), un désir de se justifier (le jugement du verset 7). Comme il l’a déjà dit (3. 23), et comme le dira plus tard Jérémie dans la détresseLamentations de Jérémie 3. 7-9, Job a l’impression d’être enfermé, et de ne plus être dans sa lumière. Il ne peut accepter la douleur d’être privé de dignité (verset 9 ; comp. 29. 20 ; 30. 15), alors qu’autrefois tous lui accordaient leur estime comme à un roi. Faisons-nous sentir du respect et de la considération à ceux que nous croisons, même s’ils sont dans la misère ?
Par moments, Job semble avoir perdu espoir (verset 10), triste résultat des discours des amis. Il finit par penser que Dieu le tient pour son ennemi (verset 11). Or, Dieu n’est jamais contre l’homme. Au contraire, c’est l’homme égaré qui s’est constitué l’ennemi de DieuColossiens 1. 21. Dans sa grâce, Dieu l’a réconcilié avec lui par la mort de son FilsRomains 5. 10 ; 2 Corinthiens 5. 18.