Job avait désiré une réponse personnelle de Dieu (23. 5 ; 30. 20 ; 31. 35), et son vœu est maintenant exaucé. L’Éternel n’était pas indifférent à sa souffrance, mais il a eu la divine patience d’attendre que Job ait formulé tout ce qu’il ressentait : imitons cet exemple que Dieu nous donne.
Ses paroles s’élèvent “du milieu du tourbillon” (verset 1), qui évoque soit l’épreuve, soit la présence divine, empreinte de majesté pour nousNahum 1. 3. Dieu prend son nom d’Éternel, celui du Dieu qui se révèleExode 3. 14, 15 ; 6. 2.
Dieu commence par une affirmation rassurante : il a un plan1, et n’a pas agi de manière aveugle (verset 2). Il ne reproche pas à Job ses questions, mais d’avoir parlé de choses qu’il ne connaissait pas (verset 2). Job en conviendra à la fin (42. 3) : comment Dieu s’y prend-il pour l’amener à cette conviction ? Bien que Job ait critiqué la conduite de Dieu envers les hommes, il est admiratif des œuvres divines (9. 5-10 ; 28. 23-26). Dieu s’appuie sur ce qui est positif dans la foi de Job : il va attirer son attention sur la création. Il va s’en servir pour l’amener à une juste idée de la relation de Dieu avec les hommes. Job va laisser Dieu s’exprimer longuement. Quand trop de questions se pressent dans notre esprit, faisons “taire notre âme” Psaume 131. 2 devant notre Créateur.
Une certaine ironie se discerne dans les paroles de Dieu : qui, en effet, pourrait l’instruire ? (verset 3) Ésaïe 40. 13. Job s’était présenté comme un prince (31. 37) : Dieu le prend au mot, lui suggérant de rassembler son courage (“ceins tes reins”). Mais cette ironie est remplie de bienveillance, car Dieu reconnaît la vaillance2 de son serviteur.
Dieu décrit successivement les origines du monde (versets 4-7), la mer (versets 8-11), la lumière matinale (versets 12-15), les profondeurs et les choses cachées (versets 16-21), les événements météorologiques (versets 22-30), les étoiles et les cieux (versets 31-38). Job s’était figuré avoir affaire à un Dieu juge et hostile. Dieu ne répond pas à ce fruit de l’imagination : la révélation divine s’appuie toujours sur des réalités concrètes, et non sur des connaissances mystérieusesColossiens 2. 18.
Job avait posé d’innombrables questions : Dieu ne répond à aucune, mais en pose à son tour. C’est la pédagogie de Jésus dans l’évangile, qui vise à faire rentrer en eux-mêmes les contestataires que nous sommes tous et à nous faire réfléchir. Sachons l’imiter à bon escient, au lieu d’être ceux qui ont réponse à tout. En comparant cette façon de faire à celle des amis, on voit laquelle fut la plus bénéfique.
Les descriptions de ces chapitres sont d’une beauté poétique très touchante3, qui transmet le message de tendresse que l’Éternel adresse à Job.
Enfin soulignons la pertinence des questions posées par ce livre antique : si aujourd’hui le fonctionnement de certains phénomènes naturels est expliqué, leur véritable origine reste inaccessible. La science ne peut répondre – ce n’est pas son but – à l’énigme soulevée ici : pourquoi le monde est-il comme il est et non pas autrement ? Seule une révélation du Dieu créateur peut apaiser nos esprits sur ce sujet.
Job n’était pas présent lors de l’origine du monde, affirmée ici avec force (verset 4). Comme chacun de nous, il est limité dans le temps (verset 21 ; 15. 7).
L’œuvre de Dieu procure la joie (verset 7) et non le malheur, comme Job l’a cru un moment. Dieu met une limite à la mer tumultueuse (verset 11), comme il en met une à l’épreuve1 Corinthiens 10. 13.
La lumière de l’aurore transforme les paysages (verset 14), tout comme la révélation divine transforme notre épreuve (37. 21).
Le lever du soleil dévoile les actions des hommes (verset 15), évoquant le jugement de Dieu sur les méchants. Job avait employé des termes similaires, sans savoir tirer de conclusion quant à la présence de Dieu (24. 17).
Bien que le cosmos suive un cycle que nous décrivons par des lois (verset 33), il n’est pas indépendant de Dieu : à tout instant le Créateur le soutient par la puissance de sa parole (versets 11, 12, 34) Hébreux 1. 3.
Ce Dieu tout-puissant peut envoyer la grêle pour secourir les siensExode 9. 23 ; Josué 10. 11, le vent d’est pour les délivrer (versets 22-24) Exode 14. 21, mais il répand ses merveilles et ses bontés même s’il n’y a aucun témoin (verset 26).
Sagesse et intelligence caractérisent l’œuvre divine (verset 36) 4 : Job n’a pas de raisons de se croire l’objet d’un destin aveugle ou absurde.