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Le livre de Job
Sondez les Écritures - 3e année

Les réponses apportées par les chapitres 32 à 42. Bilan du livre

Les différents interlocuteurs et l’issue de l’épreuve

Satan

Il peut paraître surprenant que Satan ne soit plus mentionné au-delà du chapitre 2. Il avait supposé que Job croyait en Dieu par intérêt. La réaction de Job dans les deux premiers chapitres a amplement démontré qu’il n’en était rien. Dès lors Satan a la bouche fermée et disparaît. Dieu avait la haute main sur la maladie et sur l’épreuve, comme la fin le confirme (42. 11).

Les trois amis

L’Éternel condamne sévèrement les trois amis pour leur manque de droiture (42. 7 ; comp. 33. 3). Nous voyons à quoi mène dans notre vie l’attachement théorique à des principes. Cependant il est toujours possible de retrouver la communion avec Dieu grâce au sacrifice de Christ (42. 8) 1 Jean 2. 1, 2.

Élihu

Élihu a su sortir du cercle vicieux des raisonnements dans lesquels Job était enfermé. Il s’est montré plus humain que les trois amis (33. 6, 7), il a parlé de la grâce et de la conversion en des termes admirables (33. 24-30). Il nous invite à célébrer Dieu même au milieu des larmes (35. 10 ; 36. 24). Il lui manque la tendresse paternelle révélée par l’Éternel. Nous savons parler de grâce, savons-nous la rendre présente ? Dieu ne lui fait aucun reproche à la fin et ne parle de lui ni en bien ni en mal. Nous qui avons l’éclairage du N.T., n’oublions pas l’exemple de Jésus : dans la plupart des cas, sa première réaction en s’approchant des souffrants est de faire sentir sa compassion.

Job

Job avait deux torts, en rapport avec les deux grands thèmes du livre. Mais sur ces deux points il a accepté de changer de point de vue :

  • 1. Sur le plan de la relation de Dieu avec l’homme, Job voulait prouver sa justice, même aux dépens de celle de Dieu. Pour démontrer sa rectitude, il en venait à supposer l’injustice en Dieu. Élihu lui a dévoilé ce tort (33. 12), et Dieu le lui reproche énergiquement (40. 8). A la fin il exprime une vraie repentance.
  • 2. Job voulait donner un sens à sa souffrance en la comprenant, en l’expliquant. Élihu lui rappelle la grandeur infinie de Dieu (33. 12, 13 ; 34. 33) et les limites de notre compréhension (37. 5, 16, 19). Cependant son explication est empreinte de la vision d’un Dieu lointain (36. 26 ; 37. 23). L’Éternel rectifie en montrant sa connaissance de toutes les créatures. Malgré ses tendres soins (38. 41, 39. 1), les animaux sont inconscients de sa présence : il y a là une leçon de confiance quand nous n’y voyons pas clair. Job rejoint alors les grands hommes de foi qui obéirent sans savoir où ils allaient. Dieu n’a pas eu honte d’euxHébreux 11. 8, 16, tout comme il a trouvé son plaisir en Job.

Le personnage de Job est d’une grandeur sublime à plusieurs égards :

  • 1. Il accepte l’épreuve de la main de Dieu (chapitres 1 et 2).
  • 2. Il cherche Dieu sans relâche, et Dieu approuve cette recherche authentique.
  • 3. Il refuse de se laisser enfermer dans des schémas religieux. Il reste le symbole de l’homme libre et responsable auquel Dieu accorde son estime (38. 3), même si par ailleurs il se trompe lourdement sur sa capacité à satisfaire les exigences divines.
  • 4. Il abandonne son point de vue et sa fierté. Incapable de réagir dans un premier temps (40. 3-5), il s’abaisse ensuite volontairement (42. 6). Il est une illustration vivante de l’exhortation : “Humiliez-vous devant le Seigneur, et il vous élèvera” Jacques 4. 10.

La libération morale

L’homme refuse Dieu parce qu’il veut être son propre dieu. En acceptant de se soumettre à Dieu il pense perdre quelque chose. Il préfère gagner Dieu, mais ce faisant il le rabaisse à sa propre norme. L’accès à Dieu est impossible par ce moyen.

Il nous faut renoncer à gagner Dieu pour qu’il puisse nous trouver. Acceptons de perdre pour recevoir : renoncer à retrouver le paradis, c’est avoir la possibilité de recevoir la vie éternelle ; perdre l’innocence permet d’être revêtu de la justice divine, par pure grâce ; perdre notre moi, c’est trouver Christ.

Par la bouche d’Élihu, Dieu nous demande de lâcher prise, d’accepter que Dieu nous a justifiés gratuitement : l’avons-nous fait ? Avons-nous trouvé le pardon, le chant de joie, la délivrance, la lumière de la présence divine (33. 24-30) ?

Comment pratiquement vivre ce changement ? Laissons de côté la froide religion traditionnelle et passons par une rencontre personnelle avec Dieu (42. 5). Comme Job, Jacob dira : “j’ai vu Dieu face à face et mon âme a été délivrée” Genèse 32. 30.

La libération dans l’épreuve

Cinq étapes

Job a traversé la souffrance en développant successivement plusieurs attitudes :

  • 1. Le refus de faire face à la douleur : dans les deux premiers chapitres, Job se réfugie dans sa soumission exemplaire, et n’arrive pas à exprimer ses pleurs. Dans les premiers moments d’une épreuve, nous la nions en partie pour pouvoir la supporter.
  • 2. La colère : à partir du chapitre 3 et à plusieurs reprises, Job est indigné de l’injustice qu’il croit subir. Nos souffrances prennent toujours l’aspect d’une injustice à un moment ou à un autre. Pouvoir le dire à Dieu et aux autres est crucial si nous voulons être libérés de ce sentiment rongeant.
  • 3. L’effort pour s’améliorer : Job a demandé à quel péché il devait renoncer, et il a mis en valeur ses mérites. Hélas, nous pouvons aussi croire qu’en nous engageant davantage dans le service chrétien, en priant plus, ou en lisant plus notre Bible, les choses difficiles vont s’arranger1.
  • 4. Le découragement : avouer que nous nous sentons dans une situation douloureuse peut paraître humiliant. Pourtant notre Seigneur lui-même a plusieurs fois dit : “mon âme est troublée”. Cet aveu nous permet de recevoir les consolations de l’Esprit.
  • 5. L’acceptation de sa situation : en renonçant à comprendre, Job a trouvé la délivrance (42. 1. 6). Il nous faut souvent longtemps avant d’accepter que nous resterons seuls, que nous avons perdu un être cher, que nous sommes ruinés, que nous n’aurons pas d’enfants, que notre amitié a été trahie… Accepter, ce n’est pas se résigner, c’est se jeter dans les bras de celui qui console et parle à notre cœurGenèse 50. 21.

Job ne s’est pas arrêté en route, mais a cheminé en invoquant Dieu à chaque palier. Demandons à Dieu la force de traverser toutes ces étapes qui se retrouveront plus ou moins immanquablement dans nos peines.

Des pensées libératrices

Au fur et à mesure du développement du livre, des réflexions sur la souffrance nous sont proposées comme autant de pistes de méditation. Cela ne veut pas dire qu’elles étaient toujours bien appropriées à Job, mais elles constituent un message qui pourra nous être utile dans une circonstance ou l’autre.

  • 1. Voir Dieu derrière l’épreuve et nous soumettre (1. 21, 22 ; 2. 10).
  • 2. Procéder à notre examen de conscience pour voir si des choses troubles auraient pu nous échapper (11. 6, 11 ; 34. 32).
  • 3. Accepter la pensée que Dieu nous parle (5. 17, 18 ; 33. 14)
  • 4. Rechercher Dieu et non pas ses bénédictions (9. 11 ; 23. 3, 10).
  • 5. Faire face à l’étendue de notre souffrance sans nous la cacher. Christ n’a jamais nié ses maux et les prophètes en ont rendu témoignage. En décrivant son malheur, Job devient un type de Christ (19. 13-20 ; 30. 9-11).
  • 6. Face au trouble qui est le nôtre, remettre notre esprit à Dieu (10. 12).
  • 7. Avoir foi en la faveur immuable de Dieu (arbitre, défenseur, rédempteur : 9. 33 ; 13. 15 ; 16. 19-21 ; 19. 25).
  • 8. Croire en une vie au-delà de la mort, comme seul lieu de bonheur parfait (19. 26, 27).
  • 9. Compter les bienfaits de Dieu pour chanter malgré l’épreuve (35. 10).
  • 10. Prier en laissant de côté toute fierté ou arrogance (35. 13).
  • 11. Glorifier Dieu pour ce qu’il est, et pour ce qu’il fait (36. 24).
  • 12. Rechercher l’enseignement que le Dieu de bonté veut nous dispenser (36. 11, 22).
  • 13. Refuser de céder au découragement total qui pourrait nous entraîner au péché (36. 20, 21).
  • 14. Accepter le côté mystérieux et incompréhensible de la souffrance (37. 5).
  • 15. Penser à la tendresse et à la fidélité du créateur (38 et 39).
  • 16. Accepter qu’il est présent même quand nous ne le voyons pas (38. 41 ; 40. 15).
  • 17. Rester humble (42. 2-6).
  • 18. Devenir intercesseur (22. 30 ; 42. 9).

Surtout, ne prenons jamais ces attitudes comme des recettes, mais souvenons-nous que seule la présence divine a convaincu Job. Nous qui connaissons Jésus Christ, laissons-nous gagner par celui qui “a porté nos langueurs et s’est chargé de nos maladies” Matthieu 8. 17, qui fut pour nous “l’homme de douleurs” Ésaïe 53. 3, qui est à même de sympathiser avec nous et de nous secourirHébreux 2. 18 ; 4. 15.

Oui, rien ne pourra jamais “nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus, notre Seigneur” Romains 8. 39.

Notes

1Or le Seigneur n’a pas promis de nous ôter les difficultés, mais de nous aider à les supporter.