Pour Job, Dieu reste à l’origine de sa solitude (verset 13) : cri de douleur partagé par DavidPsaume 38. 12 ; 69. 19 et HémanPsaume 88. 19. On peut y entendre prophétiquement la voix de Christ, bien que lui ait accepté tout cela en ajoutant : “C’est ce que tu as trouvé bon devant toi” Matthieu 11. 26. Ses frères, ses amis, ses serviteurs, sa femme, ses proches, les petits enfants, tous se détournent de Job avec dégoût (versets 13-19) : il est “comme quelqu’un de qui on cache sa face” Ésaïe 53. 3. Nous pouvons constater autour de nous que “le pauvre est haï, même de son compagnon”, alors que “les amis du riche sont en grand nombre” Proverbes 14. 20. La souffrance fait de Job une image de Christ : il appelle son serviteur, et personne ne lui répond (verset 16) Ésaïe 50. 2. Nous découvrons là un des effets de l’épreuve : nous faire ressembler au chef de notre foi.
Trahi par ceux qui lui sont chers, Job en appelle à la pitié de ses amis (verset 21). Les amis de Job estiment que la souffrance résulte toujours d’un péché, et s’interdisent tout sentiment de pitié. Or la sympathie est la première chose qu’attend le souffrant : Jésus fut “ému de compassion” à de nombreuses reprises. Pourtant c’était bien des pécheurs qu’il avait en face de lui.
Job a l’air de dire : Dieu est contre moi (versets 6-13), tout le monde s’y met (versets 14-20), et par surcroît vous m’accusez aussi1 (versets 21, 22). Il souhaite que ses paroles se conservent de manière durable (versets 23, 24) : dans sa grâce, Dieu a dépassé le vœu de son serviteur, ayant gravé son histoire dans sa Parole éternelle.
Est-ce l’expression “pour toujours” qui a subitement évoqué dans l’esprit de Job la pensée de l’éternité ? Il passe des paroles accusatrices et du sentiment d’abandon, à la plus ferme confiance en son défenseur et à la foi en son rédempteur. S’il supporte avec douleur d’être laissé par ses amis, il ne peut accepter d’être séparé de Dieu.
Dans l’A.T., la rédemption s’applique au rachat de l’Israélite quand il est devenu pauvreLévitique 25. 25. Dieu lui-même est celui qui délivre de l’esclavageExode 15. 13, ou de la détresse1 Rois 1. 29. Il porte le titre de rédempteur en particulier dans le prophète Ésaïe. En Jésus Christ nous découvrons à la fois celui qui nous rachète de notre condition misérable1 Pierre 1. 18, 19, et le défenseur qui intercède pour nousHébreux 7. 25. Mais trouver ce mot dans la bouche d’un homme qui n’appartient pas au peuple élu d’Israël et qui ne connaît pas la révélation chrétienne, fait monter en nous une profonde adoration envers notre Dieu. Le Saint Esprit peut donc révéler le salut à l’homme en dehors de toute parole écrite : Job a invoqué Dieu comme juge (13. 15-18), comme témoin (16. 19), comme arbitre (16. 21), et maintenant comme rédempteur (19. 25).
L’assurance de sa résurrection future et de sa parution devant Dieu, corps et âme réunis, est saisissante. Il sait qu’il ne s’agira pas d’une illusion, mais d’une vision personnelle (“moi”, “pour moi-même”, “mes yeux”, “non un autre”), qui transformera tout. Dans cette attente, Job fait l’expérience de Paul : “notre homme extérieur dépérit” (verset 27) 2 Corinthiens 4. 16.
Le trône de Dieu est attendu pour la résurrection, mais aussi pour que les iniquités soient révélées (verset 29). Job suggère à ses amis de trembler en pensant à cette comparution, eux qui se sont permis de le juger : “pourquoi méprises-tu ton frère ? Car nous comparaîtrons tous devant le tribunal de Dieu… ainsi donc chacun de nous rendra compte pour lui-même à Dieu” Romains 14. 10-12. La plénitude de la grâce divine, qui répondra à tout, échappait encore à Job.