Plusieurs milliers de pages accessibles en format adapté aux lecteurs dyslexiques. Essayer maintenant
Bannière
Le livre de Job
Sondez les Écritures - 3e année

Job 40. 6 - 42. 6

Un Dieu juste et puissant, un homme limité mais confiant

1. Justice humaine, justice divine : 40. 6-14

Les amis ont accusé Job de péché, et Job à son tour a reproché à Dieu son apparente injustice. L’Éternel vient de révéler à Job que, silencieux, il était présent dans son épreuve. Cet encouragement permet à Dieu d’aborder maintenant la question cruciale (verset 8) : est-ce lui ou Job qui a tort ? Le tort de Job, ce n’était pas un ancien péché supposé, mais son désir de se justifier lui-même en s’appuyant sur sa piété. En accusant Dieu, nous ne devenons jamais justes (34. 17), alors que si nous nous soumettons à Dieu, il nous accorde gratuitement sa propre justice. C’est ce qu’affirme magnifiquement le verset 10 de Romains 4 au sujet du salut : à celui “qui croit en celui qui justifie l’impie, sa foi lui est comptée à justice”.

Qui a le bras de Dieu pour se sauver lui-même (versets 9, 14) ? Job peut-il conserver son assurance (verset 10) ? Et surtout peut-il amener à exécution son souhait, celui de rétribuer ou d’anéantir les méchants (versets 11-13 ; 21. 7) ? Dieu seul le peut, par un simple regard, et de façon justeLuc 1. 51, 52. L’irritation de Job (verset 11) ne sert à rien, car “la colère de l’homme n’accomplit pas la justice de Dieu” Jacques 1. 20.

Dieu se donne comme modèle, et suggère à Job d’abaisser les fiers comme lui-même le fait (verset 12) : Job écoutera la proposition de Dieu, mais commencera par s’abaisser lui-même (42. 6).

2. Deux bêtes terrifiantes : 40. 15 – 41. 26

Ces deux animaux ont été généralement identifiés à l’hippopotame et au crocodile. Leur description ne pose pas de difficulté majeure1. Retenons quelques-uns des messages que l’Éternel adresse à Job par ces lignes magnifiques.

Job est évidemment dépassé par la stature, la force, et l’indépendance de ces deux animaux. Il est, à combien plus forte raison, dépassé par Dieu lui-même ! L’hippopotame et le crocodile ont été créés, au même titre que l’homme (40. 15 ; 41. 25). Ils sont même une sorte de chef-d’œuvre (40. 19 ; 41. 25) : nos critères d’appréciation ne sont pas les mêmes que ceux du Créateur. Combien cette lecture nous rend petits et admiratifs de notre Dieu.

Dieu tient le crocodile en respect (41. 1), et personne ne peut résister à Dieu : Job le pourrait-il donc ? Job pensait que Dieu lui devait de répondre à ses questions, mais Dieu affirme n’être le débiteur de personne (41. 3) Romains 11. 35. Que Dieu se révèle à nous est une grâce et non un dû.

L’hippopotame (40. 24), comme le crocodile (40. 25-32), est indomptable. Le crocodile est un animal extrêmement dangereux, dévoreur d’hommes. On peut y voir une image de Satan, que seul Christ a pu vaincre (la bataille du verset 32) Hébreux 2. 14. Cette comparaison est renforcée par la description de sa gueule (41. 5) 1 Pierre 5. 8, par la terreur que sa vue procure (41. 6, 11, 13, 17) Hébreux 2. 15, et par sa domination remplie d’orgueil (verset 30) Ésaïe 14. 13. Le léviathan est parfois bien clairement assimilé au diableÉsaïe 27. 1, dont la faute est liée à l’orgueil1 Timothée 3. 6.

D’un autre côté, rien dans les descriptions de ces chapitres ne souligne l’inutilité des efforts du diable pour faire condamner le croyant, comme dans le début du livre. Il n’est pas évident que le léviathan symbolise ici directement Satan. Retenons simplement que l’évocation de ces animaux a sans doute trait au problème du mal :

  • 1. La souffrance fait jaillir la pensée que des forces du mal sont à l’œuvre. Dieu prend pleinement en compte cet effroi de l’homme (41. 14, 17). Il connaît ce qui nous épouvante, il est au fait de la situation.
  • 2. Le remous et le sillage causés par le crocodile (41. 23, 24) sont une image de la confusion des pensées qui se produisent dans le cœur du souffrant (“on prendrait l’abîme pour des cheveux gris”).

Il est des animaux que rien ne trouble, alors que nous sommes si vite effondrés par le chagrin. Les amis de Job paraissaient inébranlables, devant le désespoir de leur ami. Conscient de cela, Job ne pouvait que faire appel à la grâce (42. 2).

Encore une fois Dieu termine en mentionnant la fierté (41. 26), et Job va abandonner toute présomption.

3. La paix après l’orage : 42. 1-6

Dieu a commencé par présenter sa sagesse avec tendresse (chapitres 38-39), puis sa justice (40. 6-14), enfin son pouvoir (40. 15 – 41. 26). Débuter par l’amour permet de toucher le cœur et d’aller plus loin : Job accepte maintenant que Dieu peut tout (verset 2). Il était déjà convaincu de la souveraineté divine (23. 14, 15), mais elle l’effrayait : maintenant elle est éclairée des rayons de la grâce divine. Job avait exprimé sa foi en la résurrection par un “je sais” triomphal (19. 25) ; il renouvelle le “je sais” pour dire sa confiance en celui qui prend soin de sa vie présente et a un projet pour luiJérémie 29. 11.

Pourtant ce projet lui est incompréhensible (verset 3) : demander des comptes à Dieu nuirait au déroulement de son plan (“voile le conseil”). La souffrance reste à la fin de ce livre avec toute son énigme, mais le projet de Dieu apparaît, avec toute sa consolation. Même si sa présence ne nous est pas sensible dans l’épreuve, elle est pourtant bien réelle. Job savait depuis longtemps que Dieu peut tout (chapitre 14), mais maintenant il est face à cette puissance. Remportons-nous des victoires dans la vie pratique parce que nous nous appuyons sur la force de DieuRomains 8. 37 ; 1 Corinthiens 10. 13 ?

Le péché de Job, le nôtre, fut de vouloir tout connaître, tout sonder, tout expliquer (verset 3) : n’était-ce pas la faute d’AdamGenèse 3. 6 ? Laissons à Dieu sa gloire dans les choses qui nous sont cachéesDeutéronome 29. 28 ; Proverbes 25. 2 et devenons comme ces petits enfants qui ont besoin que la route leur soit éclairée pas à pasLuc 10. 21.

Job a compris une première chose : en demandant des explications, il parlait de choses qui le dépassent (verset 3).

Job avait voulu enseigner aux autres comment Dieu agit (27. 11 ; 38. 3), il préfère ici écouter (verset 4). Sa connaissance a été bouleversée et enrichie par la présence de Dieu (verset 5). Ce contact personnel rend l’homme conscient de l’étendue de son péché, tels un Ésaïe devant l’ÉternelÉsaïe 6. 5, 6, ou un Pierre devant Jésus ChristLuc 5. 8-10. Cette même présence nous purifie, nous transforme2 Corinthiens 3. 18 : Job se condamne et exprime une vraie repentance (verset 6). C’est plus que le simple constat de ses limites comme au chapitre 40. 3-5.

Job a compris une deuxième chose : être juste, ce n’est pas se hausser au niveau de Dieu, car c’est impossible. Être juste, c’est donner raison à Dieu2.

En se révélant à Job, Dieu lui a permis de se connaître lui-même désormais. Le Seigneur Jésus est la lumière du monde et nous révèle ainsi que nous sommes aveuglesJean 9. 5, 41. Il vient annoncer l’évangile aux pauvres, et par là nous propose de faire le constat de notre dénuementLuc 4. 18-21. Le sentiment de son indignité a fait naître en Job une confiance inébranlable dans le Dieu qui l’aime et lui donne sa véritable dignité. Seule la grâce merveilleuse du Seigneur pouvait produire un tel résultat dans son âme, et la nôtre : qu’il en soit à jamais béni !

Notes

1Quelques explications de détail : quand le crocodile a sa gueule largement ouverte, on a l’impression d’un foyer, d’une marmite affreuse (41. 11-13), et ses éternuements font jaillir de la salive qui brille au soleil (41. 10).
2C’est le sens de cette parole de l’évangile : “La sagesse a été justifiée par tous ses enfants” (Luc 7. 29, 35).

Job 40

6Et l’Éternel répondit à Job du milieu du tourbillon et dit :

7Ceins tes reins comme un homme ; je t’interrogerai, et tu m’instruiras !

8Veux-tu donc anéantir mon jugement ? Me démontreras-tu inique afin de te justifier ?

9As-tu un bras comme ✷Dieu, et tonneras-tu de ta voix comme lui ?

10Pare-toi, je te prie, de grandeur et de magnificence ; revêts-toi de majesté et de gloire !

11Répands les fureurs de ta colère, et regarde tout ce quia s’élève et abaisse-le ;

12Regarde tout ce quia s’élève [et] humilie-le, et écrase sur place les méchants ;

13Cache-les ensemble dans la poussière, lie leurs faces dans un lieu caché :

14Alors moi aussi je te célébrerai, parce que ta droite te sauve !

15Vois le béhémothb, que j’ai fait avec toi : il mange l’herbe comme le bœuf.

16Regarde donc : sa force est dans ses reins, et sa puissance dans les muscles de son ventre.

17Il courbe sa queue comme un cèdre ; les nerfs de sa cuisse sont entrelacés ;

18Ses os sont des tubes d’airain, ses membres sont des barres de fer !

19Il est la première des voies de ✷Dieu : celui qui l’a fait lui a fourni son épée.

20Car les montagnes lui apportent [sa] pâture, là où se jouent toutes les bêtes des champs.

21Il se couche sous les lotus dans une retraite de roseaux et de marécages ;

22Les lotus le couvrent de leur ombre, les saules de la rivière l’environnent.

23Voici, que le fleuve déborde avec violence, il ne se précipite pas ; il est plein d’assurance si un Jourdain se jette contre sa gueule.

24Le prendra-t-on en face ? Lui percera-t-on le nez dans une trappe ?

25Tireras-tu le léviathanc avec un hameçon, et avec une corde lui feras-tu y enfoncer sa langued ?

26Lui mettras-tu un jonc dans le nez, et lui perceras-tu la mâchoire avec un crochet ?

27Te fera-t-il beaucoup de supplications, ou te dira-t-il des choses douces ?

28Fera-t-il une alliance avec toi ? Le prendras-tu comme serviteur à toujours ?

29Joueras-tu avec lui comme avec un oiseau, et l’attacheras-tu pour tes jeunes filles ?

30Des associése feront-ils trafic de lui ? Le partageront-ils entre des marchands ?

31Rempliras-tu sa peau de dards, et sa tête de harpons à poissons ?

32Mets ta main sur lui : souviens-toi de la bataille, – n’y reviens pas !

Job 41

1Voici, on est déçu dans son attente ; même à sa vue, n’est-on pas terrassé ? 2Nul n’est assez hardi pour le réveiller ; et qui est celui qui se présentera devant moi ?

3Qui m’a prévenu, et je lui rendrai ? Tout ce qui est sous les cieux est à moi.

4Je ne me tairai pas sur ses membres, sur ce qui concerne ses forces et sur la beauté de sa structure.

5Qui a mis à découvert le dessus de son vêtement ? Qui pénétrera dans sa double mâchoiref ?

6Qui ouvrira les portes de son museau ? Autour de ses dents est la terreur !

7Il est magnifique par la forceg de ses boucliers étroitement unis comme par un sceau ;

8L’un touche à l’autre, et le vent ne pénétrerait pas entre eux ;

9L’un est attaché à l’autre, ils se tiennent et ne se séparent pas.

10Ses éternuements font jaillir la lumière, et ses yeux sont comme les paupières de l’aurore.

11Des flammes sortent de sa gueule ; des étincelles de feu s’en échappent ;

12Une fumée sort de ses narines comme d’un pot qui bouillonne, comme d’une chaudière ardente ;

13Son souffle allumerait des charbons, et une flamme sort de sa gueule.

14Dans son cou loge la force, et la frayeur danse devant lui.

15Les plis de sa chair adhèrent ensemble : coulés sur lui, ils ne bougent pas ;

16Son cœur est durh comme une pierre, durh comme la meule inférieure.

17Quand il se lève, les forts ont peur, ils s’enfuient saisis d’épouvante.

18Quand on l’atteint de l’épée, elle n’a aucun effet, ni la lance, ni le dard, ni la cuirassei.

19Il estime le fer comme de la paille, l’airain comme du bois vermoulu.

20La flèchej ne le met pas en fuite ; les pierres de fronde se changent pour lui en du chaume.

21Il estime la massue comme du chaume, et il se rit du bruit du javelot.

22Sous lui sont des tessons pointus ; il étend une herse sur la vase.

23Il fait bouillonner l’eau profonde comme une marmite, il fait de la mer comme un pot d’onguent ;

24Il fait briller après lui [son] sillage ; on prendrait l’abîme pour des cheveux gris.

25Il n’a pas son semblable sur la terre : il a été fait pour être sans peur.

26Il regarde tout ce qui est élevé ; il est roi sur tous les fiers animauxk.

Job 42

1Et Job répondit à l’Éternel et dit :

2Je sais que tu peux tout, et qu’aucun dessein n’est trop difficile pour toi.

3Qui est celui-ci qui, sans connaissance, voile le conseil ? J’ai donc parlé, et sans comprendre, de choses trop merveilleuses pour moi, que je ne connaissais pas.

4Écoute, je te prie, et je parlerai ; je t’interrogerai, et toi, instruis-moi.

5Mon oreille avait entendu parler de toi, maintenant mon œil t’a vu :

6C’est pourquoi j’ai horreur de moi, et je me repens dans la poussière et dans la cendre.

Notes

aou : quiconque.
bpeut-être : l’hippopotame.
cprobablement : le crocodile.
dou : et sa langue, avec une corde que tu plongeras.
ec.-à-d. : les pêcheurs.
flitt. : frein.
gou : les sillons.
hlitt. : coulé [comme du métal] .
iselon qqs. : le harpon.
jlitt. : Le fils de l’arc.
klitt. : les fils de l’orgueil.

(La Bible - Traduction J.N. Darby)