Les amis ont accusé Job de péché, et Job à son tour a reproché à Dieu son apparente injustice. L’Éternel vient de révéler à Job que, silencieux, il était présent dans son épreuve. Cet encouragement permet à Dieu d’aborder maintenant la question cruciale (verset 8) : est-ce lui ou Job qui a tort ? Le tort de Job, ce n’était pas un ancien péché supposé, mais son désir de se justifier lui-même en s’appuyant sur sa piété. En accusant Dieu, nous ne devenons jamais justes (34. 17), alors que si nous nous soumettons à Dieu, il nous accorde gratuitement sa propre justice. C’est ce qu’affirme magnifiquement le verset 10 de Romains 4 au sujet du salut : à celui “qui croit en celui qui justifie l’impie, sa foi lui est comptée à justice”.
Qui a le bras de Dieu pour se sauver lui-même (versets 9, 14) ? Job peut-il conserver son assurance (verset 10) ? Et surtout peut-il amener à exécution son souhait, celui de rétribuer ou d’anéantir les méchants (versets 11-13 ; 21. 7) ? Dieu seul le peut, par un simple regard, et de façon justeLuc 1. 51, 52. L’irritation de Job (verset 11) ne sert à rien, car “la colère de l’homme n’accomplit pas la justice de Dieu” Jacques 1. 20.
Dieu se donne comme modèle, et suggère à Job d’abaisser les fiers comme lui-même le fait (verset 12) : Job écoutera la proposition de Dieu, mais commencera par s’abaisser lui-même (42. 6).
Ces deux animaux ont été généralement identifiés à l’hippopotame et au crocodile. Leur description ne pose pas de difficulté majeure1. Retenons quelques-uns des messages que l’Éternel adresse à Job par ces lignes magnifiques.
Job est évidemment dépassé par la stature, la force, et l’indépendance de ces deux animaux. Il est, à combien plus forte raison, dépassé par Dieu lui-même ! L’hippopotame et le crocodile ont été créés, au même titre que l’homme (40. 15 ; 41. 25). Ils sont même une sorte de chef-d’œuvre (40. 19 ; 41. 25) : nos critères d’appréciation ne sont pas les mêmes que ceux du Créateur. Combien cette lecture nous rend petits et admiratifs de notre Dieu.
Dieu tient le crocodile en respect (41. 1), et personne ne peut résister à Dieu : Job le pourrait-il donc ? Job pensait que Dieu lui devait de répondre à ses questions, mais Dieu affirme n’être le débiteur de personne (41. 3) Romains 11. 35. Que Dieu se révèle à nous est une grâce et non un dû.
L’hippopotame (40. 24), comme le crocodile (40. 25-32), est indomptable. Le crocodile est un animal extrêmement dangereux, dévoreur d’hommes. On peut y voir une image de Satan, que seul Christ a pu vaincre (la bataille du verset 32) Hébreux 2. 14. Cette comparaison est renforcée par la description de sa gueule (41. 5) 1 Pierre 5. 8, par la terreur que sa vue procure (41. 6, 11, 13, 17) Hébreux 2. 15, et par sa domination remplie d’orgueil (verset 30) Ésaïe 14. 13. Le léviathan est parfois bien clairement assimilé au diableÉsaïe 27. 1, dont la faute est liée à l’orgueil1 Timothée 3. 6.
D’un autre côté, rien dans les descriptions de ces chapitres ne souligne l’inutilité des efforts du diable pour faire condamner le croyant, comme dans le début du livre. Il n’est pas évident que le léviathan symbolise ici directement Satan. Retenons simplement que l’évocation de ces animaux a sans doute trait au problème du mal :
Il est des animaux que rien ne trouble, alors que nous sommes si vite effondrés par le chagrin. Les amis de Job paraissaient inébranlables, devant le désespoir de leur ami. Conscient de cela, Job ne pouvait que faire appel à la grâce (42. 2).
Encore une fois Dieu termine en mentionnant la fierté (41. 26), et Job va abandonner toute présomption.
Dieu a commencé par présenter sa sagesse avec tendresse (chapitres 38-39), puis sa justice (40. 6-14), enfin son pouvoir (40. 15 – 41. 26). Débuter par l’amour permet de toucher le cœur et d’aller plus loin : Job accepte maintenant que Dieu peut tout (verset 2). Il était déjà convaincu de la souveraineté divine (23. 14, 15), mais elle l’effrayait : maintenant elle est éclairée des rayons de la grâce divine. Job avait exprimé sa foi en la résurrection par un “je sais” triomphal (19. 25) ; il renouvelle le “je sais” pour dire sa confiance en celui qui prend soin de sa vie présente et a un projet pour luiJérémie 29. 11.
Pourtant ce projet lui est incompréhensible (verset 3) : demander des comptes à Dieu nuirait au déroulement de son plan (“voile le conseil”). La souffrance reste à la fin de ce livre avec toute son énigme, mais le projet de Dieu apparaît, avec toute sa consolation. Même si sa présence ne nous est pas sensible dans l’épreuve, elle est pourtant bien réelle. Job savait depuis longtemps que Dieu peut tout (chapitre 14), mais maintenant il est face à cette puissance. Remportons-nous des victoires dans la vie pratique parce que nous nous appuyons sur la force de DieuRomains 8. 37 ; 1 Corinthiens 10. 13 ?
Le péché de Job, le nôtre, fut de vouloir tout connaître, tout sonder, tout expliquer (verset 3) : n’était-ce pas la faute d’AdamGenèse 3. 6 ? Laissons à Dieu sa gloire dans les choses qui nous sont cachéesDeutéronome 29. 28 ; Proverbes 25. 2 et devenons comme ces petits enfants qui ont besoin que la route leur soit éclairée pas à pasLuc 10. 21.
Job a compris une première chose : en demandant des explications, il parlait de choses qui le dépassent (verset 3).
Job avait voulu enseigner aux autres comment Dieu agit (27. 11 ; 38. 3), il préfère ici écouter (verset 4). Sa connaissance a été bouleversée et enrichie par la présence de Dieu (verset 5). Ce contact personnel rend l’homme conscient de l’étendue de son péché, tels un Ésaïe devant l’ÉternelÉsaïe 6. 5, 6, ou un Pierre devant Jésus ChristLuc 5. 8-10. Cette même présence nous purifie, nous transforme2 Corinthiens 3. 18 : Job se condamne et exprime une vraie repentance (verset 6). C’est plus que le simple constat de ses limites comme au chapitre 40. 3-5.
Job a compris une deuxième chose : être juste, ce n’est pas se hausser au niveau de Dieu, car c’est impossible. Être juste, c’est donner raison à Dieu2.
En se révélant à Job, Dieu lui a permis de se connaître lui-même désormais. Le Seigneur Jésus est la lumière du monde et nous révèle ainsi que nous sommes aveuglesJean 9. 5, 41. Il vient annoncer l’évangile aux pauvres, et par là nous propose de faire le constat de notre dénuementLuc 4. 18-21. Le sentiment de son indignité a fait naître en Job une confiance inébranlable dans le Dieu qui l’aime et lui donne sa véritable dignité. Seule la grâce merveilleuse du Seigneur pouvait produire un tel résultat dans son âme, et la nôtre : qu’il en soit à jamais béni !