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Le livre de Job
Sondez les Écritures - 3e année

Job 32. 1 - 33. 13

Un dialogue différent et un nouveau message

1. Introduction : 32. 1-5

Un court intermède en prose introduit la suite du livre. Le premier verset est un commentaire sur l’état d’esprit des interlocuteurs. La discussion ne reprend pas, car les amis n’ont plus d’arguments à opposer à Job. Comme nous l’avons vu, ce n’est pas que Job se croie sans péché, mais il ne sait pas quelle faute invoquer pour expliquer son épreuve. Il pense que Dieu lui doit davantage d’égards, du fait de sa vie de piété qu’il vient de décrire longuement. Il se justifie, et de ce fait donne tort à Dieu (verset 2).

Élihu apparaît maintenant, bien qu’il ait été présent pendant au moins une partie du récit précédent (verset 4). Il est tout autant indigné par l’état d’esprit de Job que par la dureté et le mutisme actuel des trois amis. Élihu, dont le nom signifie “C’est lui mon Dieu”, montre une colère qui n’est pas une manifestation de la chairÉphésiens 4. 26, mais une indignation parce que personne n’apporte dans cette scène la présence de Dieu.

Malgré sa vivacité, Élihu garde les convenances : il a attendu que les aînés aient fini de s’exprimer (verset 4). On peut y voir aussi une leçon spirituelle, car Élihu est porteur d’un message divin : bien souvent Dieu attend que nous soyons à bout d’arguments, que nous ayons, comme Jacob, cessé de lutterGenèse 32. 25-33. Dès lors, sa réponse et sa bénédiction nous parviennent généreusement.

Élihu est peut-être d’une tribu cousine de celle de Job (verset 2 ; 1. 1) Genèse 22. 21, et va s’exprimer de façon assez directe, même s’il a des choses difficiles à dire.

2. Les raisons de l’intervention d’Élihu : 32. 6-22

Pour bien comprendre le personnage d’Élihu, il faut garder à l’esprit les deux grands sujets qui parcourent le livre de Job.

  • 1. Le fondement de la relation de l’homme avec Dieu. Sur ce thème, Élihu apporte une vision très profonde : Dieu ne nous appelle pas à nous tenir devant lui comme devant un juge, mais comme devant celui qui justifie sur la base de la grâce. Ce ne sont pas nos efforts ou nos mérites qui nous permettent de rencontrer Dieu. Le sujet est introduit au verset 13 et exposé en détail au chapitre 33.

Sur ce thème, Élihu est, semble-t-il, ce messager, type du Saint Esprit, que Job a ardemment désiré. Il apporte une vraie délivrance.

  • 2. La question soulevée par la souffrance, à laquelle Élihu propose plusieurs réponses nouvelles :
  • la souffrance a une vertu éducative (chapitre 33) ;
  • de par sa nature, Dieu n’est ni injuste ni contestable (chapitre 33 et surtout chapitre 34) ;
  • Dieu est présent, même quand on ne le voit pas intervenir (chapitre 35).

Élihu lie ces trois aspects dans son troisième discours (chapitre 36-37) qui sert d’introduction aux paroles de l’Éternel. Sur ce thème, malgré leur justesse et leur ton plus fraternel que celui des trois amis, les paroles d’Élihu ne sont pas toujours adaptées à la condition de Job. Sur le sujet de la souffrance chacun est souvent trop imbu de ses propres pensées : l’expression “ce que je sais” revient cinq fois dans sa bouche (versets 6, 10, 17 ; 33. 3 ; 36. 3).

Alors qu’Éliphaz fait appel à son expérience et revendique pour lui la sagesse de l’homme à cheveux blancs (15. 10), Élihu constate l’insuffisance de l’âge (versets 6, 7, 9, 15, 16). Il préfère s’en remettre directement à Dieu, vraie source de sagesse1 (verset 8). Il va donc plus loin que Job, qui considère la sagesse divine comme inaccessible, et qui se réfugie dans sa vie exemplaire (28. 21, 28). L’attitude d’Élihu est plus édifiante : il invoque Dieu, et s’en remet à lui pour être guidé. Il a attentivement écouté (versets 11, 12), montrant ainsi le caractère de “la sagesse d’en haut” Jacques 1. 19 ; 3. 17. L’écoute est la première vertu dans l’approche de celui qui souffre.

Les amis n’ont pas convaincu Job, et Élihu pense que c’est mieux ainsi (verset 13) : personne ne peut tirer vanité d’avoir été le plus fort2. Par son intervention, Élihu espère que Job se trouvera face à Dieu. Élihu a en effet le sentiment d’être poussé par l’Esprit (versets 18-20) : comme JérémieJérémie 20. 9, il ne peut retenir son message. Il parle “comme oracle de Dieu” 1 Pierre 4. 11. Suivant l’exemple de son Dieu, il veut s’exprimer de façon impartiale et sans flatter personne (versets 21, 22 ; 34. 19) Deutéronome 10. 17.

3. Un messager fidèle : 33. 1-13

Élihu interpelle Job avec douceur par son nom3 (verset 1). Jésus se fera reconnaître de Marie de Magdala en pleurs en l’appelant par son nomJean 20. 16. Élihu se place en compagnon d’humanité (versets 4, 6) 4 : nous ne pouvons pas délivrer un message de la part de Dieu, si nous nous plaçons au-dessus des autres. Job avait demandé à Dieu de se souvenir qu’il était fait d’argile (10. 9), et Élihu ne s’estime pas différent. Christ lui-même a pris la condition humainePhilippiens 2. 7 ; Hébreux 2. 17. Élihu se veut rassurant (verset 7), face à son ami qui a tant de fois été effrayé par Dieu (9. 34 ; 13. 21).

Élihu veut parler avec droiture (verset 3). Il rappelle la prétention de Job qui contestait à Dieu le droit de l’éprouver (versets 9-11), estimant que ce sort était réservé à ses ennemis (13. 24 ; 16. 9 ; 19. 11 ; 30. 21). Il rejette l’idée de ce tribunal, évoqué plusieurs fois par Job, où Dieu pourrait être mis en cause (versets 12-13). Si l’homme est une argile façonnée par Dieu, peut-il contester face au divin artisanÉsaïe 45. 9 ? Il développera plus loin ce thème, qui sera repris par l’Éternel.

Mais Élihu n’est qu’un homme, avec certaines insuffisances. La façon dont il invite Job à parler au verset 5 paraît peu fraternelle. Il a l’air de dire que Job s’était proclamé sans péché (versets 8, 9), mais était-ce réellement la pensée de Job ? Pourquoi oublie-t-il de souligner tous les élans de foi de Job ? Pourquoi faut-il attendre les versets 6 et 7 pour discerner chez lui une certaine sensibilité face à la détresse humaine ? Toutefois, malgré ces faiblesses, il apportera le message de la grâce.

Notes

1Au sujet de la sagesse qui vient de Dieu, comp. Genèse 41. 38, 39 ; Job 38. 36 ; Ésaïe 11. 2 ; Daniel 2. 20-23 ; Jacques 1. 5.
2Plusieurs pensent qu’Élihu veut dire : Ne pensez pas avoir trouvé l’attitude sage en laissant Dieu convaincre Job, car j’ai encore des arguments ; ou encore : Ne laissez pas Job avoir raison.
3Les trois amis ne l’ont jamais fait.
4Le verset 4 évoque le rôle du Saint Esprit dans la création ; voir à ce sujet Genèse 1. 2 ; Psaume 33. 6 ; 104. 30.

Job 32

1Et ces trois hommes cessèrent de répondre à Job, parce qu’il était juste à ses propres yeux.

2Alors s’enflamma la colère d’Élihu, fils de Barakeël, le Buzite, de la famille de Ram : sa colère s’enflamma contre Job, parce qu’il se justifiait lui-même plutôt que Dieu ; 3et sa colère s’enflamma contre ses trois amis, parce qu’ils ne trouvaient pas de réponse et qu’ils condamnaient Job. 4Et Élihu avait attendu que Job ait cessé de parlera, parce qu’ils étaient plus avancés en jours que lui. 5Et Élihu vit qu’il n’y avait point de réponse dans la bouche des trois hommes, et sa colère s’enflamma. 6Et Élihu, fils de Barakeël, le Buzite, répondit et dit :

Moi, je suis jeune, et vous êtes des vieillards ; c’est pourquoi je redoutais et je craignais de vous faire connaître ce que je sais.

7Je disais : Les jours parleront, et le grand nombre des années donnera à connaître la sagesse.

8Toutefois il y a un esprit qui est dans les hommesb, et le souffle du Tout-puissant leur donne de l’intelligence :

9Ce ne sont pas les grands qui sont sages, ni les anciens qui discernent ce qui est juste.

10C’est pourquoi je dis : Écoute-moi ; moi aussi je ferai connaître ce que je sais.

11Voici, j’ai attendu vos paroles, j’ai écouté vos raisonnements, jusqu’à ce que vous ayez examiné le sujet ;

12Je vous ai donné toute mon attention : et voici, il n’y a eu personne d’entre vous qui convainque Job, qui réponde à ses paroles, –

13Afin que vous ne disiez pas : Nous avons trouvé la sagesse. ✷Dieu le fera céder, et non pas l’homme.

14Or il ne m’a pas adressé de discours, et je ne lui répondrai pas avec vos paroles.

15Ils ont été confondusc, ils ne répondent plus ; les paroles leur sont ôtées.

16J’ai attendu, car ils ne parlaient plus, car ils se tenaient là, ils ne répondaient plus ;

17Je répondrai, moi aussi, à mon tour ; je ferai connaître, moi aussi, ce que je sais ;

18Car je suis plein de paroles, l’esprit qui est au-dedans de moid me presse.

19Voici, mon ventre est comme un vin qui n’a pas été ouvert ; il éclate comme des outres neuves.

20Je parlerai et je respirerai ; j’ouvrirai mes lèvres et je répondrai ;

21Je ne ferai pas acception de personnes, et je ne flatterai aucun homme ;

22Car je ne sais pas flatter : celui qui m’a fait m’emporterait bientôt.

Job 33

1Mais toutefois, Job, je te prie, écoute ce que je dis, et prête l’oreille à toutes mes paroles.

2Voici, j’ai ouvert ma bouche, ma langue parle dans mon palais.

3Mes paroles seront selon la droiture de mon cœur, et ce que je sais mes lèvres le diront avec pureté.

4L’Esprit de ✷Dieu m’a fait, et le souffle du Tout-puissant m’a donné la vie.

5Si tu le peux, réponds-moi ; arrange [des paroles] devant moi, tiens-toi là !

6Voici, je suis comme toi quant à ✷Dieue, je suis faitf d’argile, moi aussi.

7Voici, ma terreur ne te troublera pas, et mon poids ne t’accablera pas.

8Certainement tu as dit à mes propres oreilles, et j’ai entendu le son de [tes] discours :

9Moi, je suis net, sans transgression ; je suis pur, et il n’y a pas d’iniquité en moi ;

10Voici, il trouve des occasions d’inimitié contre moi, il me considère comme son ennemi ;

11Il a mis mes pieds dans les ceps, il observe toutes mes voies.

12Voici, je te répondrai qu’en cela tu n’as pas été juste, car †Dieu est plus grand que l’homme.

13Pourquoi contestes-tu avec lui ? car d’aucune de ses actions il ne rend compte.

Notes

alitt. : attendu Job pendant les paroles.
bhommes, mortels.
cou : ont eu peur.
dlitt. : dans mon ventre.
eselon d’autres : je suis de Dieu (ou : pour Dieu) selon ce que tu as dit.
flitt. : pris.

(La Bible - Traduction J.N. Darby)