Avec les Psaumes, les Proverbes, l’Ecclésiaste et le Cantique des Cantiques, le livre de Job fait partie des livres de sagesse, ou livres poétiques. Des phrases prononcées par Job (21. 17, 18) semblent citées en Proverbes 13. 9 et Psaume 1. 4. Ces livres contiennent les pensées et les sentiments des hommes plutôt que la révélation directe des actions divines. L’œuvre de la rédemption n’est pas le sujet de ces livres, mais des allusions à une rédemption future apparaissent de façon explicite en Job 19. 25 et 33. 24.
Quelques mots sur l’inspiration du livre :
L’inspiration divine n’échappe pas au lecteur. Certains personnages de ce livre n’ont pas parlé de Dieu “comme il convient” (42. 7). Mais leurs discours sont rapportés par l’Esprit de Dieu pour nous servir d’instruction, comme le reste des Écritures2 Timothée 3. 16.
Le nom que Dieu emploie habituellement pour exprimer sa relation avec l’homme (l’Éternel ou Jéhovah) ne figure que dans les deux premiers et les cinq derniers chapitres. Dans le reste du texte les noms Dieu (Eloah ou El) ou Dieu Tout-Puissant (El-Shaddaï) sont les plus fréquents, et n’impliquent pas une communication intime. Ce choix souligne l’état spirituel des amis de Job, et illustre un des thèmes du livre : entrer dans une véritable relation avec Dieu. Le livre de Job ne contient aucune allusion directe à Israël, ce qui permet de dire que tout homme de cette terre peut trouver Dieu. Il s’agit d’un message universel, valable pour tous les temps.
Le style du livre est celui d’une complainte. Il contient beaucoup de mots difficiles, et le langage heurté de ces hommes face à la souffrance amène des difficultés de compréhension, que les diverses traductions ne permettent pas toujours de résoudre.
La plupart des commentateurs s’accordent à penser que la vie de Job se situe à l’époque des patriarches, entre Abraham et Moïse. Les principaux arguments qui établissent cette conviction sont les suivants :
Le lieu où se déroule cette scène pourrait être au sud-est de la Palestine. Le pays d’Uts est mentionné en Lamentations de Jérémie 4. 21 en rapport avec le peuple d’Édom, et les noms d’Éliphaz et Théman apparaissent dans la descendance d’Édom (Ésaü) en Genèse 36. 10, 11. Théman est aussi une ville d’Édom réputée pour ses sages en Jérémie 49. 7Abdias 9. Plusieurs commentateurs pensent donc que le récit se passe dans cette tribu étrangère au peuple d’Israël. Ceci renforce le côté universel du message qu’il développe. Voir que Dieu ait consacré un livre entier à un étranger pouvait bien faire réfléchir les Juifs. D’un autre côté, remarquons qu’Uts est aussi un neveu d’Abraham comme Buz (32. 2) Genèse 22. 21, et qu’un Job est mentionné dans la descendance de JacobGenèse 46. 13.
Sans pouvoir trancher sur ces différents points, retenons qu’il s’agit d’un récit très ancien, qui montre que de tout temps Dieu a voulu se révéler à sa créature.
Plusieurs thèmes sont abordés au cours de ce livre, mais deux ressortent plus nettement.
Dieu, dans sa sagesse, s’occupe des siens de diverses manières : c’est ce qu’on appelle son gouvernement. La souffrance du croyant en fait partie, et le sens et la portée de cette souffrance sont le sujet essentiel de ce livre. Plusieurs réponses sont apportées :
Les discours des trois amis sont d’une froide rigueur, qui donne l’impression d’un Dieu lointain. Au contraire Job cherche à connaître le Dieu vivant (19. 25) et personnel. Sa plainte lancinante se résume à la question de savoir qui est ce Dieu qui semble se cacher ou se dérober.
Job apprend à se connaître avec douleur et dévoile sa fierté (chapitre 29), son amertume (chapitre 30) et sa bonne conscience (chapitre 31). Rien de tout cela ne lui permettra d’acquérir devant Dieu la véritable justice dont il a soif (9. 2 ; 14. 4). Il découvre avec l’aide d’Élihu que l’homme est justifié sur le principe de la grâce (33. 24). Job pensait que sa relation avec Dieu était basée sur sa propre intégrité ; il va apprendre que Dieu porte sur lui un regard rempli d’une grâce inconditionnelle, qui lui donnera la force pour faire le bien (33. 25-30 ; 36. 5-10).
L’auteur de ce livre est inconnu. Malgré des différences de style observées au fil du texte, il n’est pas nécessaire de supposer l’existence de plusieurs auteurs. Quelques remarques appuient cette idée :
Les chapitres 1 et 2 sont écrits en prose, comme l’épilogue (42. 7-17), alors que le reste du livre est un poème (chapitres 3 à 42. 6), ce qui donne la structure globale du texte. Les cycles de discours donnent le plan de la partie centrale.
Pour permettre au lecteur de se repérer dans les arguments de Job et de ses interlocuteurs, deux synthèses sont présentées : après le chapitre 31 (
Éliphaz, l’homme d’expérience. Remontrances aux amis et à Dieu : Ch. 4 à 7
La valeur de la tradition et le tribunal impossible (Bildad-Job) : Ch. 8 à 10
Le légalisme et le fatalisme (Tsophar-Job) : Ch. 11 à 14
Les fausses consolations et la foi dans la tourmente (Éliphaz-Job) : Ch. 15 à 17
Maltraité, Job désespère et espère à la fois (Bildad-Job) : Ch. 18 et 19
Une théologie face à la réalité des faits (Tsophar-Job) : Ch. 20 et 21
Job accusé de méchanceté. Job face au silence de Dieu (Éliphaz-Job) : Ch. 22 à 24
Petitesse humaine et grandeur divine (Bildad-Job) : Ch. 25 et 26
Sagesse traditionnelle et sagesse divine : Ch. 27 et 28
Job décrit le passé, le présent et son innocence : Ch. 29 à 31
Un dialogue différent et un nouveau message : Ch. 32 et 33
Réfutations des griefs de Job : Ch. 34 et 35
Un Dieu tout-puissant éduque le croyant : Ch. 36 et 37
Sagesse et tendresse dans la création : Ch. 38 et 39
Un Dieu juste et puissant, un homme limité mais confiant : Ch. 40 à 42. 6.