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Le livre de Job
Sondez les Écritures - 3e année

Job 15

Les fausses consolations et la foi dans la tourmente

Dans le second cycle de discours, les trois amis interviennent dans le même ordre et reprennent en les accentuant les idées qu’ils ont déjà développées. Pris par le jeu du discours, ils oublient qu’ils ont devant eux un malade.

1. Éliphaz estime que Job se condamne lui-même : versets 1-16

A la suite de Bildad, Éliphaz qualifie de “vent” les paroles de Job (verset 2 ; 8. 2). Il lui reproche une connaissance qui “enfle” 1 Corinthiens 8. 1, et qui dessèche comme le vent d’orient. Il estime que Job parle pour ne rien dire (verset 3) et que son attitude est un mauvais exemple qui contribue à amoindrir la crainte de Dieu (verset 4). Il n’a pas discerné la confiance que son ami a exprimée, malgré son trouble profond (13. 15).

La piété de Job tourne à son désavantage aux yeux d’Éliphaz, car elle est interprétée comme une tromperie. Ce début de discours contraste en dureté avec le précédent (4. 2). Aux yeux d’Éliphaz, les protestations d’innocence de Job trahissent une culpabilité cachée (versets 5, 6). Pour lui, les paroles de Job constituent son péché, comme celles du Seigneur deviendront son titre d’accusationLuc 22. 71.

Éliphaz est vexé de voir que ses paroles n’ont pas eu l’effet escompté. Au lieu de se remettre en cause, il en conclut que Job est prétentieux (versets 7, 8) : Job aurait-il une sagesse digne des premiers hommes ou de Dieu lui-même ? (38. 21) Jérémie 23. 18. Éliphaz est agacé que Job ne lui reconnaisse pas la supériorité de l’âge (versets 9, 10 ; comp. 13. 1, 2). Il estime avoir apporté avec douceur des consolations de la part de Dieu ! Job les a ressenties bien autrement (16. 2). Pourtant, ce verset 11 reste adressé à tout croyant dans l’épreuve, tant il est vrai que la voix de Dieu est douce et subtile1 Rois 19. 12. Parce que Job a eu tour à tour des expressions de doute et de confiance, il se trouve accusé de duplicité, comme lorsqu’on fait un clin d’œil (verset 12). Quand nous entendons des propos contradictoires dans la bouche d’un souffrant, ne nous empressons pas de condamner, ou d’interpréter, comme Éliphaz qui crut que Job était contre Dieu (verset 13).

Job avait reconnu l’impureté foncière de l’être humain (9. 2 ; 14. 4), s’avouant sans solution devant cette condition. Même la création a été souillée par le péché de l’homme (verset 15 ; 25. 5) et il a fallu l’œuvre de Christ pour réconcilier toutes choses avec DieuColossiens 1. 20. Éliphaz insiste sur cette corruption universelle (verset 16) Psaume 14. 3 ; 53. 5, et le N.T. confirme la culpabilité de tout homme devant DieuRomains 3. 11.

2. Le sort du méchant : versets 17-35

Éliphaz souligne à nouveau la valeur de l’expérience (verset 17) et reprend à son compte l’argument de Bildad concernant la sagesse des anciens (verset 18). Il évoque des tribus qui ont dû vivre à des époques reculées (verset 19). Leurs maximes sur le sort du méchant ont été conservées (versets 20-35). Job avait le sentiment qu’il lui restait peu de temps à vivre (10. 20), mais Éliphaz identifie son cas à celui de l’homme violent (verset 20). Quelle détresse pour Job, comme pour Christ en constatant qu’il allait être enlevé “à la moitié de ses jours”, ainsi qu’un criminelPsaume 102. 25 ; 55. 24. Job avait avoué ses cauchemars (7. 14) ; ils lui sont présentés comme une juste rétribution. Des consolations divines, Éliphaz passe aux terreurs de Dieu (verset 21). Il accuse Job successivement de violence (verset 20), de vagabondage (verset 23), de révolte (verset 25), de fierté (verset 26) 1, d’insouciance (verset 27), d’apparence trompeuse (verset 28). Il le compare à un arbre qui dépérit (versets 30-33), et pense, comme il l’avait déjà dit (4. 8), que Job récolte ce qu’il a semé : la vanité (verset 31) et le malheur (verset 35). Pour Éliphaz les circonstances que traverse Job sont la conséquence de ce que Dieu pense à son sujet : le gouvernement de Dieu sur le mal explique tout. C’est supposer que Dieu est limité par son propre gouvernement, et sous-estimer sa miséricorde. Quelle conception de Dieu bien étriquée !

Notes

1Le cou raide ou tendu désigne celui qui refuse de s’incliner devant Dieu (Exode 32. 9 ; Ésaïe 3. 16).

Job 15

1Et Éliphaz, le Thémanite, répondit et dit :

2Le sage répondra-t-il avec une connaissance [qui n’est que] du vent, et gonflera-t-il sa poitrinea du vent d’orient,

3Contestant en paroles qui ne profitent pas et en discours qui ne servent à rien ?

4Certes tu détruis la crainte [de Dieu], et tu restreins la méditation devant ✷Dieu.

5Car ta bouche fait connaître ton iniquitéb, et tu as choisi le langage des [hommes] rusés.

6Ta bouche te condamnera, et non pas moi, et tes lèvres déposent contre toi.

7Es-tu né le premier des hommes, et as-tu été enfanté avant les collines ?

8As-tu entendu [ce qui se dit] dans le conseil secret de †Dieu, et as-tu accaparé pour toi la sagesse ?

9Que sais-tu que nous ne sachions ? que comprends-tu qui ne soit également avec nous ?

10Parmi nous il y a aussi des hommes à cheveux blancs et des vieillards plus âgés que ton père.

11Est-ce trop peu pour toi que les consolations de ✷Dieu et la parole douce qui se fait entendre à toi ?

12Comment ton cœur t’emporte-t-il, et comment tes yeux clignent-ils,

13Que tu tournes contre ✷Dieu ton esprit et que tu fasses sortir de ta bouche des discours ?

14Qu’est-ce que l’homme mortel, pour qu’il soit pur, et celui qui est né d’une femme, pour qu’il soit juste ?

15Voici, il ne se fie pas à ses saints, et les cieux ne sont pas purs à ses yeux :

16Combien plus l’homme, qui boit l’iniquité comme l’eau, est-il abominable et corrompu !

17Je t’enseignerai, écoute-moi ; et ce que j’ai vu je te le raconterai,

18Ce que les sages ont déclaré d’après leurs pères et n’ont pas caché ; –

19À eux seuls la terre fut donnée, et aucun étranger ne passa au milieu d’eux : –

20Tous ses jours, le méchant est tourmenté, et peu d’années sont réservées à l’homme violent ;

21La voix des choses effrayantes est dans ses oreilles ; au milieu de la prospérité, le dévastateur arrive sur lui ;

22Il ne croit pas revenir des ténèbres, et l’épée l’attend ;

23Il erre çà et là pour du pain : – où en trouver ? Il sait qu’à son côté un jour de ténèbres est préparé ;

24La détresse et l’angoisse le jettent dans l’alarme, elles l’assaillent comme un roi prêt pour la mêlée.

25Car il a étendu sa main contre ✷Dieu, et il s’élève contre le Tout-puissant ;

26Il court contre lui, le cou [tendu], sous les bosses épaisses de ses boucliers.

27Car il a couvert sa face de sa graisse, et a rendu gras ses flancs.

28Et il habitera des villes ruinées, des maisons que personne n’habite, qui vont devenir des monceaux de pierres.

29Il ne deviendra pas riche, et son bien ne subsistera pas, et ses possessions ne s’étendront pasc sur la terre.

30Il ne sortira pas des ténèbres ; la flamme séchera ses rejetons, et il s’en ira par le souffle de sa bouched.

31Qu’il ne compte pas sur la vanité : il sera déçu, car la vanité sera sa récompense ;

32Avant son joure, elle sera complète, et son rameau ne verdira pas.

33Il se défait, comme une vigne, de ses grappes vertes, et, comme un olivier, il rejette ses fleurs.

34Car la famillef des impies sera stérile, et le feu dévorera les tentes [où entrent] les présents.

35Il conçoit la misère et enfante le malheur, et son sein prépare la tromperie.

Notes

ahéb. : ventre.
bqqs. : ton iniquité enseigne ta bouche.
cselon d’autres : et il ne ploiera pas par son abondance.
dc.-à-d. : la bouche du Tout-puissant, v. 25.
ele jour de sa mort.
flitt. : assemblée.

(La Bible - Traduction J.N. Darby)