Dans le second cycle de discours, les trois amis interviennent dans le même ordre et reprennent en les accentuant les idées qu’ils ont déjà développées. Pris par le jeu du discours, ils oublient qu’ils ont devant eux un malade.
A la suite de Bildad, Éliphaz qualifie de “vent” les paroles de Job (verset 2 ; 8. 2). Il lui reproche une connaissance qui “enfle” 1 Corinthiens 8. 1, et qui dessèche comme le vent d’orient. Il estime que Job parle pour ne rien dire (verset 3) et que son attitude est un mauvais exemple qui contribue à amoindrir la crainte de Dieu (verset 4). Il n’a pas discerné la confiance que son ami a exprimée, malgré son trouble profond (13. 15).
La piété de Job tourne à son désavantage aux yeux d’Éliphaz, car elle est interprétée comme une tromperie. Ce début de discours contraste en dureté avec le précédent (4. 2). Aux yeux d’Éliphaz, les protestations d’innocence de Job trahissent une culpabilité cachée (versets 5, 6). Pour lui, les paroles de Job constituent son péché, comme celles du Seigneur deviendront son titre d’accusationLuc 22. 71.
Éliphaz est vexé de voir que ses paroles n’ont pas eu l’effet escompté. Au lieu de se remettre en cause, il en conclut que Job est prétentieux (versets 7, 8) : Job aurait-il une sagesse digne des premiers hommes ou de Dieu lui-même ? (38. 21) Jérémie 23. 18. Éliphaz est agacé que Job ne lui reconnaisse pas la supériorité de l’âge (versets 9, 10 ; comp. 13. 1, 2). Il estime avoir apporté avec douceur des consolations de la part de Dieu ! Job les a ressenties bien autrement (16. 2). Pourtant, ce verset 11 reste adressé à tout croyant dans l’épreuve, tant il est vrai que la voix de Dieu est douce et subtile1 Rois 19. 12. Parce que Job a eu tour à tour des expressions de doute et de confiance, il se trouve accusé de duplicité, comme lorsqu’on fait un clin d’œil (verset 12). Quand nous entendons des propos contradictoires dans la bouche d’un souffrant, ne nous empressons pas de condamner, ou d’interpréter, comme Éliphaz qui crut que Job était contre Dieu (verset 13).
Job avait reconnu l’impureté foncière de l’être humain (9. 2 ; 14. 4), s’avouant sans solution devant cette condition. Même la création a été souillée par le péché de l’homme (verset 15 ; 25. 5) et il a fallu l’œuvre de Christ pour réconcilier toutes choses avec DieuColossiens 1. 20. Éliphaz insiste sur cette corruption universelle (verset 16) Psaume 14. 3 ; 53. 5, et le N.T. confirme la culpabilité de tout homme devant DieuRomains 3. 11.
Éliphaz souligne à nouveau la valeur de l’expérience (verset 17) et reprend à son compte l’argument de Bildad concernant la sagesse des anciens (verset 18). Il évoque des tribus qui ont dû vivre à des époques reculées (verset 19). Leurs maximes sur le sort du méchant ont été conservées (versets 20-35). Job avait le sentiment qu’il lui restait peu de temps à vivre (10. 20), mais Éliphaz identifie son cas à celui de l’homme violent (verset 20). Quelle détresse pour Job, comme pour Christ en constatant qu’il allait être enlevé “à la moitié de ses jours”, ainsi qu’un criminelPsaume 102. 25 ; 55. 24. Job avait avoué ses cauchemars (7. 14) ; ils lui sont présentés comme une juste rétribution. Des consolations divines, Éliphaz passe aux terreurs de Dieu (verset 21). Il accuse Job successivement de violence (verset 20), de vagabondage (verset 23), de révolte (verset 25), de fierté (verset 26) 1, d’insouciance (verset 27), d’apparence trompeuse (verset 28). Il le compare à un arbre qui dépérit (versets 30-33), et pense, comme il l’avait déjà dit (4. 8), que Job récolte ce qu’il a semé : la vanité (verset 31) et le malheur (verset 35). Pour Éliphaz les circonstances que traverse Job sont la conséquence de ce que Dieu pense à son sujet : le gouvernement de Dieu sur le mal explique tout. C’est supposer que Dieu est limité par son propre gouvernement, et sous-estimer sa miséricorde. Quelle conception de Dieu bien étriquée !