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Le livre de Job
Sondez les Écritures - 3e année

Job 34, 35

Réfutation des griefs de Job

1. Rappel des propos de Job : 34. 1-9

Certains commentateurs pensent qu’Élihu en appelle au sens de l’écoute de ses auditeurs, afin qu’ensemble ils puissent reconnaître ce qui est bon (versets 1-4). Il serait ainsi le premier interlocuteur à s’en remettre au jugement des auditeurs. D’autres commentateurs trouvent qu’Élihu attire trop l’attention sur ses propos : il est préférable de laisser nos paroles produire leur effet plutôt que d’insister. Il est désagréable d’avoir affaire à celui qui se prétend équilibré et sage.

Élihu expose les deux revendications qu’il a discernées dans les propos de Job.

  • 1. Job s’estime maltraité par Dieu alors qu’il se voit innocent (verset 5 ; comp. 13. 18 ; 27. 2). Il traverse une épreuve sans issue, alors qu’il n’a pas commis de faute qui en soit la cause (verset 6). Élihu a déjà relevé ce grief (33. 9, 10), et il y a répondu au chapitre 33 en révélant que c’est en lui-même que Dieu trouve des motifs pour répandre sa grâce, et non dans notre conduite. Il répond très différemment ici en montrant que la justice et la bonté de Dieu sont nécessairement infaillibles (versets 10-28). Il conclura sur le sujet (versets 29-37) en disant que même un homme droit ne peut faire de tels reproches à Dieu sans sortir de sa place. Pour Élihu, Job manifeste une vraie rébellion.
  • 2. Job se plaint de ce que sa piété lui paraît vaine (verset 9). Ce n’est pas une citation littérale, mais Job est indigné de ce qu’un même sort atteigne justes et méchants (9. 22).

Pour Élihu :

  • Job ressemble aux méchants dans leur révolte (versets 7, 8) Ecclésiaste 8. 11.
  • La vertu ou le mal dans l’homme ne peuvent affecter Dieu, mais il n’est pas pour autant insensible à notre condition (35. 1-16).

2. Le vrai sens de la souveraineté divine : 34. 10-28

Élihu donne cinq arguments intéressants pour montrer que Dieu est juste et inattaquable.

  • 1. Dire qu’il existe un Dieu unique et tout-puissant signifie que c’est lui qui définit la justice (versets 10-12).
  • 2. La création entière et la vie humaine sont maintenues entre ses mains (versets 13-15 ; comp. 33. 4) Colossiens 1. 16 ; Hébreux 1. 3 : comment lui imputer alors une pensée de méchanceté ?
  • 3. Dieu considère tous les gens sur un pied d’égalité (versets 17-19) : il est donc impartial. Comment lui donner tort ? Jésus Christ a pourtant été condamné (verset 17) Jacques 5. 6, lui le “juste par excellence” Actes 7. 52 ; 22. 14 ; 1 Jean 2. 1.
  • 4. La connaissance parfaite que Dieu possède des voies de l’homme (versets 20-22 ; comp. 24. 23 ; 31. 4 ; 36. 7) est une garantie qu’il ne se trompera pas.
  • 5. Dieu n’a pas besoin de faire une enquête ou de réfléchir longtemps pour décider le jugement. Pour lui le simple fait de connaître les actions mauvaises des hommes équivaut à leur condamnation (versets 23-28). Les oppressions ne passent pas inaperçues (verset 28), et finissent par trouver leur rétribution.

3. Job dans l’univers moral : 34. 29-37

En conclusion, Élihu énonce :

  • 1. Que Dieu nous paraisse présent ou absent, nous n’avons rien à dire (verset 29). Job s’est plaint de la conduite de Dieu : ne nous arrive-t-il pas d’être mécontents de Dieu, comme le peuple d’Israël dans le désert ? Demandons-lui d’éclairer notre être intérieur, afin de nous juger (verset 32) Psaume 139. 23. Heureusement Dieu n’agit pas en fonction de nos pauvres idées (verset 33), car la connaissance que nous avons de lui est bien limitée (verset 35 ; 38. 2).
  • 2. Que Job semble avoir par moments rejeté tout message du Seigneur et même l’avoir accusé1 (verset 37) : être découragé ou mépriser la discipline sont les deux dangers à éviter dans l’épreuveHébreux 12. 5. Élihu rappelle que Dieu a toujours en vue notre bien, nos circonstances ayant la valeur de sonnette d’alarme (verset 30 ; 33. 17), et il souhaite sans doute que Job soit délivré entièrement (verset 36). Cependant il nous surprend quand il semble rejoindre les thèses des trois amis en parlant de l’impie qui souffre pour une faute (versets 31, 32, 36, 37).

4. Dieu est-il impassible ? 35. 1-16

Élihu reproche à Job (verset 1) d’être autant convaincu de son bon droit (23. 10). En fait Job pense que si Dieu apparaît, il lui donnera raison2 (13. 18) : c’est ce qui se passera à la fin, mais auparavant Job doit prendre conscience de ses motifs. Job est déçu que sa piété ne lui soit pas d’un certain profit (verset 3). Il n’est pourtant pas de ceux qui suivent Dieu par intérêtMalachie 3. 14 ; 1 Timothée 6. 5, les premiers chapitres l’ont démontré.

Élihu lui répond que l’homme ne peut rendre service à Dieu par sa droiture, et qu’à l’inverse son péché n’amoindrit pas la majesté divine (versets 6, 7). Notre attitude n’a de conséquences que sur les autres (verset 8).

Comment vivre cette réalité ? Élihu suggère trois attitudes :

  • 1. Nous sommes souvent révoltés par les circonstances, et nous oublions de chercher Dieu (versets 9-11). Nous l’accusons facilement, et ne le remercions pas pour de nombreux bienfaits, en particulier pour son soutien dans l’épreuve. Retenons cette leçon si nécessaire !

Job avait-il besoin de cette exhortation, lui qui avait cherché Dieu ardemment dans son épreuve (23. 1-9) ? L’allusion au créateur et aux animaux est un prélude à une réponse plus appropriée sur la présence réelle d’un Dieu invisible (chapitre 38-41).

  • 2. Si nous ne voyons pas de réponse à nos prières, c’est peut-être parce que nous demandons mal, avec fierté (verset 13), comme l’apôtre Jacques le confirmeJacques 4. 1-3. Job était un homme “parfait” (1. 1), mais n’était-il pas un peu fier de cette perfection ?
  • 3. Ayons confiance que Dieu s’occupera de nous et de tous les hommes (versets 14, 15). Cette parole encourageante est souvent réitéréePsaume 34. 19 ; 37. 1-11 ; Proverbes 16. 3, mais est-ce la patience qui fit défaut à JobJacques 5. 11 ?

Cependant, Élihu s’est attaché à justifier Dieu de manière instructive, et invite à lui faire confiance en toutes circonstances.

Notes

1L’expression “battre des mains” semble représenter un geste de mépris (Lamentations de Jérémie 2. 15), dans un état d’esprit déjà évoqué par Éliphaz (5. 17).
2Selon plusieurs traducteurs, ce verset signifie : “As-tu raison d’affirmer ta justice devant Dieu” ?

Job 34

1Et Élihu reprit la parole et dit :

2Sages, écoutez mes paroles, et vous qui avez de la connaissance, prêtez-moi l’oreille ;

3Car l’oreille éprouve les discours, comme le palais goûte les aliments.

4Choisissons pour nous ce qui est juste, et reconnaissons entre nous ce qui est bon.

5Car Job a dit : Je suis juste, et ✷Dieu a écarté mon droit ;

6Mentirai-je contrea ma droiture ? ma blessure est incurable, sans qu’il y ait de transgression.

7Qui est l’homme qui soit comme Job ? Il boit la moquerie comme l’eau ;

8Il marche dans la compagnie des ouvriers d’iniquité, et il chemine avec les hommes méchants.

9Car il a dit : Il ne profite de rien à l’homme de trouver son plaisir en Dieu.

10C’est pourquoi, hommes de sens, écoutez-moi : Loin de ✷Dieu la méchanceté, et loin du Tout-puissant l’iniquité !

11Car il rendra à l’homme ce qu’il aura fait, et il fera trouver à chacun selon sa voie.

12Certainement ✷Dieu n’agit pas injustement, et le Tout-puissant ne pervertit pas le droit.

13Qui a confié la terre à ses soins, et qui a placé le monde entier [sous lui] ?

14S’il ne pensait qu’à lui-même et retirait à lui son esprit et son souffle,

15Toute chair expirerait ensemble et l’homme retournerait à la poussière.

16Si [tu as] de l’intelligence, écoute ceci ; prête l’oreille à la voix de mes paroles.

17Celui qui hait la justice gouvernera-t-il donc ? Et condamneras-tu le juste par excellenceb ?

18Dira-t-on Bélial, au roi ? – Méchants, aux nobles ?

19 [Combien moins] à celui qui ne fait pas acception de la personne des princes, et qui n’a pas égard au riche plutôt qu’au pauvre ; car ils sont tous l’œuvre de ses mains.

20Ils mourront en un moment ; au milieu de la nuit les peuples chancellent et s’en vont, et les puissants sont retirés sans main.

21Car ses yeux sont sur les voies de l’homme, et il voit tous ses pas.

22Il n’y a pas de ténèbres, il n’y a pas d’ombre de la mort, où puissent se cacher les ouvriers d’iniquité.

23Car il ne pense pasc longtemps à un homme pour le faire venir devant ✷Dieu en jugement.

24Il brise les puissants, sans examen, et il fait que d’autres se tiennent à leur place ;

25En effet il connaît leurs œuvres : il les renverse de nuit, et ils sont écrasés.

26Il les frappe comme des méchants dans le lieu où ils sont en vue,

27Parce qu’ils se sont retirés ded lui, et qu’ils n’ont pas considéré toutes ses voies,

28Pour faire monter vers lui le cri du pauvre, en sorte qu’il entende le cri des malheureux.

29Quand il donne la tranquillité, qui troublera ? Il cache sa face, et qui le verra ? [Il fait] ainsi, soit à une nation, soit à un homme,

30Pour empêcher l’homme impie de régner, pour écarter du peuple les pièges.

31Car a-t-ile [jamais] dit à ✷Dieu : Je porte ma peine, je ne ferai plus de mal ;

32Ce que je ne vois pas, montre-le-moi ; si j’ai commis l’iniquité, je ne le referai pas ?

33Rétribuera-t-il selon tes pensées ? car tu as rejeté [son jugement], car toi, tu as choisi, et non pas moi ; ce que tu sais, dis-le donc.

34Les hommes de sens me diront, et un homme sage qui m’écoute :

35Job n’a pas parlé avec connaissance, et ses paroles ne sont pas intelligentes ;

36Je voudrais que Job soit éprouvé jusqu’au bout, parce qu’il a répondu à la manière des hommes iniques ;

37Car il a ajouté à son péché la transgressionf ; il bat des mains parmi nous, et multiplie ses paroles contre ✷Dieu.

Job 35

1Et Élihu reprit la parole et dit :

2Penses-tu que ceci soit fondé, que tu aies dit : Je suis plus juste que ✷Dieu ?

3Car tu as demandé quel profit tu en as : Quel avantage en ai-je de plus que si j’avais péché ?

4Je te répliquerai, moi, par des paroles, et à tes amis avec toi :

5Regarde les cieux et vois, et contemple les nuées : elles sont plus hautes que toi.

6Si tu pèches, quel tort lui causes-tu ? et si tes transgressions se multiplient, que lui as-tu fait ?

7Si tu es juste, que lui donnes-tu, ou que reçoit-il de ta main ?

8Pour un homme comme toi ta méchanceté [peut être quelque chose], et pour un fils d’homme, ta justice.

9On crie à cause de la multitude des oppressions, et on appelle au secours à cause du bras des grands ;

10Et on ne dit pas : Où est †Dieu, mon créateur, qui donne des chants de joie dans la nuit,

11Qui nous rend plus instruits que les bêtes de la terre, et plus sages que les oiseaux des cieux ?

12Alors on crie, et il ne répond pas, à cause de l’orgueil des méchants.

13Certainement ce qui est vanité ✷Dieu ne l’écoute pas, et le Tout-puissant ne le regarde pas.

14Quoique tu dises que tu ne leg vois pas, le jugement est devant lui ; attends-le donc.

15Et maintenant, si sa colère n’a pas encore visité, [Job] neh connaît-il pas [sa] grande arrogance ?

16Et Job ouvre sa bouche vainement ; il entasse des paroles sans science.

Notes

aou : malgré.
blitt. : le Tout-juste.
cou : il ne fait pas attendre.
dlitt. : détournés d’après.
ec.-à-d. : Job.
fplutôt : rébellion, ici et dans tout l’A.T. ; voir 7. 21 ; distinct de transgression, 1 Samuel 2. 24, (et transgresser, Deutéronome 17. 2 ; 26. 13).
gc.-à-d. : Dieu.
hselon d’autres : parce qu’il n’en est pas ainsi, sa colère punit, et [Job] ne.

(La Bible - Traduction J.N. Darby)