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Le livre de Job
Sondez les Écritures - 3e année

Job 3

La détresse de Job

1. Job maudit son jour : versets 1-10

Job ne peut plus supporter le regard de ses amis qui observent sa douleur depuis sept jours. Ses premières paroles expriment la profondeur de ses souffrances. Dans son accablement, Job maudit le jour de sa naissance (versets 4, 5) et la nuit où il fut conçu (versets 6-10). Il se laisse envahir par une idée négative de lui-même, déclarant que sa naissance a été un malheur, et il souhaite qu’on supprime ce jour du calendrier (verset 6). Jérémie, découragé par l’opposition et par l’état spirituel affligeant de ses concitoyens, prononcera des paroles analoguesJérémie 20. 14-18. Job “maudit son jour”, mais ne maudit pas Dieu, contrairement à la recommandation de sa femme (2. 9). Il a de la peine à faire face à la réalité : nous imaginons parfois ce que la vie aurait pu être sans telle ou telle difficulté. Cela accroît notre désespoir, comme ce chapitre le montre. Le croyant peut connaître le désarroi et les “pourquoi”, mais la foi le conduit peu à peu à se rejeter entièrement sur DieuPsaume 42. 6, 12.

L’irritation de Job contraste avec l’esprit de Christ. Rejeté dans les villes où il avait tant prêché et fait tant de miracles, Jésus prend connaissance des questions de Jean Baptiste. Et dans cet instant douloureux, sa prière s’élève dans une soumission confiante : “Je te loue, ô Père,­… c’est ce que tu as trouvé bon devant toi” Matthieu 11. 25, 26. Il nous est difficile de conserver de bonnes pensées sur Dieu en toutes circonstances. Paul confesse qu’il avait dû apprendre à être contentPhilippiens 4. 11.

Le léviathan (verset 8) est un monstre marin1, appelé ailleurs le serpent fuyard et tortueuxÉsaïe 27. 1. Désignerait-il ici la puissance maléfique ? Job en arriverait donc à souhaiter que des personnes aux pouvoirs occultes maudissent son jour de naissance. Ses paroles n’allaient-elles pas au-delà de ce qu’il pensait ?

2. Job souhaite avoir été mort-né : versets 11-19

Job prend en dégoût la vie présente et dit qu’il aurait mieux valu pour lui mourir dès sa naissance (versets 11-15), ou pendant que sa mère le portait (verset 16). Il pense au repos et à la tranquillité dont il pourrait jouir, alors qu’il ne connaît que l’agitation et la souffrance. Il évoque la mort comme ce lieu où tous se retrouvent sur un pied d’égalité, qu’il s’agisse :

  • 1. des riches de l’antiquité, enterrés dans des tombeaux majestueux2, souvent bâtis dans des endroits isolés (versets 14, 15) ;
  • 2. des avortons, dont les yeux n’ont jamais vu la lumière du jour (verset 16) ;
  • 3. des méchants, dont les mauvaises actions ont cessé (verset 17) ;
  • 4. des gens qui se reposent après une vie trépidante (verset 17) ;
  • 5. des prisonniers et des esclaves, qui ne sont plus opprimés (versets 18, 19).

Les paroles de Job s’inscrivent bien dans la pensée générale de l’A.T. au sujet du shéol. Ce mot hébreu désigne un lieu invisible et inconnu, dans lequel sont les âmes de tous les hommes, séparées de leur corpsGenèse 37. 35 ; Psaume 89. 48. Le fidèle considère qu’il ne peut plus louer Dieu dans le shéolÉsaïe 38. 18, et il espère échapper à ce lieuPsaume 49. 16. La révélation plus précise concernant l’au-delà n’est connue que dans le N.T., car la mort a été vaincue par Jésus.

3. Job demande la mort : versets 20-26

Le “pourquoi” du verset 20, après ceux des versets 11 et 12, introduit un nouveau souhait de Job : la mort. D’autres serviteurs de Dieu expriment ce désir dans un moment de découragement :

  • 1. MoïseNombres 11. 15, qui ressent le peuple comme un fardeau trop pesant ;
  • 2. Élie1 Rois 19. 4, qui croit être le seul fidèle en Israël et est effrayé par les menaces de la reine Jézabel ;
  • 3. JonasJonas 4. 3, parce que le message de jugement qu’il avait annoncé ne s’exécute pas.

Nous pourrions vite accuser ces quatre hommes d’avoir voulu la mort pour échapper à une réalité difficile, mais notons que chacun d’eux s’en est remis à Dieu dans la prière en attendant la mort de sa main. La foi en Dieu n’empêche pas les hommes d’être faillibles, mais leur permet de se relever. Le stoïcisme est une pensée étrangère à la Bible, et Job, malgré sa constance, n’est pas un stoïque. Il sait exprimer son désespoir. Malheureusement ses amis ne sont pas prêts à l’entendre.

Dans le N.T., l’espérance du fidèle n’est jamais la mort, mais le retour du Seigneur. Job compare la lumière à la vie (verset 20), comme le fera plus tard JeanJean 1. 4, avec cette immense différence qu’il s’agit ici de la vie terrestre et non de la vie éternelle. Pour Job, pour Élihu (33. 28, 30) ou DavidPsaume 56. 14, voir la lumière veut simplement dire être vivant sur la terre.

Job est rempli d’amertume, et il devra découvrir le divin remède : la grâce, dont nous sommes appelés à ne pas manquerHébreux 12. 15. Quand notre chemin est “caché” (verset 23) – quand nous ne savons que faire ou décider, quand l’horizon paraît bouché – sachons alors dépendre davantage de DieuProverbes 20. 24 ; Jérémie 10. 23.

Mais dans sa douleur Job se voit en prison. Job révèle qu’il a été et est encore la proie de peurs irraisonnées (versets 25, 26). A-t-il cru qu’il avait trop de bonheur, et a-t-il appréhendé le malheur comme conséquence ? Pourtant jamais Dieu n’agit ainsiProverbes 10. 22. Craignait-il le temps de l’épreuve ? La peur n’est pas une bonne conseillère, et elle surgit parfois parce qu’une partie de nos pensées n’est pas soumise à la crainte de Dieu. Job craignait de succomber, comme Paul qui estima un moment avoir été chargé “au-delà” de sa force2 Corinthiens 1. 8. Paul reçut la délivrance en bannissant toute confiance en lui-même et en la plaçant en “Dieu qui ressuscite les morts” 2 Corinthiens 1. 9.

Le discours de Job, cet homme pieux, se termine sur une note d’angoisse, nous rappelant ainsi la faiblesse de notre nature humaine.

Notes

1Le léviathan est un monstre des eaux (Psaume 74. 13, 14 ; 104. 26), décrit comme un crocodile de 40. 25 à 41. 26. Il est assimilé à l’Égypte comme ennemie de Dieu (Ésaïe 51. 9), et au serpent, image du diable (Ésaïe 27. 1 ; Amos 9. 3).
2Comme la stèle que fit bâtir Absalom, fils du roi David (2 Samuel 18. 18)

Job 3

1Après cela, Job ouvrit sa bouche et maudit son jour. 2Et Job prit la parole et dit :

3Périsse le jour auquel je naquis, et la nuit qui dit : Un homme a été conçu !

4Ce jour-là, qu’il soit ténèbres ; que †Dieu ne s’en enquière pas d’en haut, et que la lumière ne resplendisse pas sur lui !

5Que les ténèbres et l’ombre de la mort le réclament ; que les nuées demeurent sur lui ; que ce qui assombrit les jours le terrifie !

6Cette nuit-là, que l’obscurité s’en empare ; qu’elle ne se réjouisse point parmi les jours de l’année, qu’elle n’entre pas dans le nombre des mois !

7Voici, que cette nuit-là soit stérile ; que les cris de joie n’y entrent pas !

8Que ceux qui maudissent le jour la maudissent, ceux qui sont prêts à réveiller Léviathan !

9Que les étoiles de son crépuscule soient obscurcies ; qu’elle attende la lumière, et qu’il n’y en ait point, et qu’elle ne voie pas les cils de l’aurore !

10Parce qu’elle n’a pas fermé les portes du sein qui m’a portéa, et n’a pas caché la misère de devant mes yeux.

11Pourquoi ne suis-je pas mort dès la matrice, n’ai-je pas expiré quand je sortis du ventre ?

12Pourquoi les genoux m’ont-ils rencontré, et pourquoi les mamelles, pour les téter ?

13Car maintenant je serais couché et je serais tranquille, je dormirais : alors j’aurais du repos,

14Avec les rois et les conseillers de la terre qui se bâtissent des solitudesb,

15Ou avec les princes qui ont de l’or, qui ont rempli d’argent leurs maisons ;

16Ou, comme un avorton caché, je n’aurais pas été, – comme les petits enfants qui n’ont pas vu la lumière.

17Là, les méchants ont cessé leur tumulte, et là ceux dont les forces sont épuisées par la fatigue sont en repos ;

18Les prisonniers demeurent ensemble tranquilles, ils n’entendent pas la voix de l’exacteur ;

19Là sont le petit et le grand, et le serviteur libéré de son maître.

20Pourquoi la lumière est-elle donnée au misérable, et la vie à ceux qui ont l’amertume dans l’âme,

21À ceux qui attendent la mort, et elle n’est pas là, – qui la cherchent plus que des trésors cachés,

22Qui se réjouissent jusqu’aux transports [et] sont dans l’allégresse, parce qu’ilsc ont trouvé le sépulcre, –

23À l’homme de qui le chemin est caché et que †Dieu a enfermé de toutes parts ?

24Car mon gémissement vient avant mon pain, et mes rugissements débordent comme des eaux.

25Car j’ai eu une crainte, et elle est venue sur moi, et ce que j’appréhendais m’est arrivé.

26Je n’étais pas en sécurité, et je n’étais pas tranquille ni en repos, et le trouble est venu.

Notes

alitt. : de mon sein.
bou : qui rebâtissent des édifices ruinés.
cou : lorsqu’ils.

(La Bible - Traduction J.N. Darby)