Élihu invite Job à la patience pour l’écouter encore (verset 1). Il se place en défenseur intègre de Dieu (versets 2-4).
Dieu tient-il compte de Job ? Élihu affirme qu’un Dieu tout-puissant ne peut mépriser personne (versets 5, 6). Il ne cesse de regarder vers les croyants, et leur a donné une place glorieuse (verset 7). Anne proclamera aussi que Dieu donne un trône de gloire en héritage aux misérables hommes que nous sommes1 Samuel 2. 8, prophétie qui s’est réalisée par l’œuvre de Jésus ChristLuc 1. 46-55 ; Romains 8. 30. Voilà une parole apaisante pour Job qui se croyait oublié !
Pour autant, la vie du croyant n’est pas facile tous les jours ! Il lui arrive de connaître le malheur, que Dieu permet pour lui faire découvrir son véritable état moral (versets 8, 9). Élevé (verset 7) ou abaissé (verset 8), le croyant est l’objet de soins particuliers de Dieu, qui n’agit pas de manière arbitraire. Il poursuit deux buts différents (verset 10) : former des disciples, et ramener près de lui si nécessaireJérémie 31. 18 ; Lamentations de Jérémie 5. 21. Pour Élihu, Job n’est pas un rebelle invétéré, puni pour ses péchés, mais un juste au bénéfice de la discipline divine. Cette affirmation est précieuse pour le cœur de tout racheté. Cependant Élihu ne fait pas mention de la tendresse paternelle que, même dans l’A.T., un Salomon saura exprimerProverbes 3. 12.
Face à la discipline, deux attitudes sont décrites (versets 11-14) : écouter l’avertissement et jouir de la bénédictionÉsaïe 1. 18-20, ou refuser d’entendre et en subir les conséquences. Mais pire encore, l’hypocrite (verset 13) – et Job n’en est pas un – montre une vie faite d’apparences et il ne crie pas à Dieu dans la détresse. Dans l’épreuve, le chemin de la bénédiction consiste à écouter Dieu (versets 15, 10). La même pensée a déjà été exprimée par Élihu à propos de l’homme en général (33. 16), et ici il la répète pour le croyant. Cette vertu éducative de la souffrance a été effleurée par Éliphaz (5. 17-27 ; 22. 21-30) et Tsophar (11. 13-19), mais constitue le thème central de la pensée d’Élihu. Elle représente un grand progrès dans la réflexion sur la souffrance dans ce livre : elle fait passer d’une recherche des causes de l’épreuve, à une révélation de son but.
Autrement dit, nous nous détournons d’une vision qui culpabilise, pour nous tourner vers l’avenir, sans exclure la repentance qui est la clé de ce changement. Cette façon de voir est bien plus conforme à la pensée de Dieu.
D’ailleurs l’Éternel n’a pas repris Élihu, malgré plusieurs remarques qui pourraient paraître à nos yeux sans lien direct avec le cas de Job.
Après avoir donné un sens aux plans de Dieu pour les croyants, Élihu incite Job à se placer dans une attitude de louange face à la puissance et à la sagesse de Dieu2. N’est-ce pas souvent une belle démarche que de ne pas nous appesantir sur nos malheurs et de méditer sur la gloire de Dieu ? Le chant d’un cantique de louanges (verset 24) nous éviterait bien des doutes (35. 10).
Élihu trouve que Job n’est pas encore dans cette disposition d’esprit. Il a pourtant célébré la grandeur divine (12. 13-25) et sa sagesse (chapitre 28) en des termes éloquents. Mais il est vrai qu’il a parfois donné l’impression de demander des comptes à Dieu (13. 3), ce qui l’a fait confondre avec les méchants (versets 16-19). Il a demandé de paraître en jugement, et a souhaité la mort : ce vœu n’est pas digne d’un croyant (verset 20). Élihu recommande avec raison d’écouter l’enseignement divin (verset 22 ; 35. 11) Psaume 94. 10-12.
Élihu désire provoquer une attitude de louange, sans exprimer la compassion fraternelle : bien qu’il connaisse la grâce, sa foi repose peut-être surtout sur un Dieu majestueux et lointain (verset 25 ; comp. 37. 20, 23, 24).
Ce texte est un des merveilleux passages poétiques de l’Écriture. Le livre de Job en contient plus d’un, et ce n’est pas étonnant car les plus belles paroles jaillissent souvent du sein de la souffrance. Par cette magnifique conclusion sur la grandeur du Créateur, Élihu fait une introduction au discours de l’Éternel. Le thème essentiel de son message est que nous ne pouvons comprendre ni Dieu, ni ce qu’il fait, ni comment il le fait (36. 26, 29 ; 37. 5, 15, 16, 23). Élihu admet le côté mystérieux de la souffrance. Acceptons-le aussi quand nous sommes face à des circonstances incompréhensibles : nous ne sommes que des êtres limités. D’un autre côté, cette affirmation peut paraître désespérante, et justifie que Dieu soit intervenu ensuite pour apporter sa présence.
Ces versets constituent un résumé des pensées d’Élihu :
En résumé Élihu a parlé de la grâce, il a stigmatisé les sentiments de révolte qui jaillissent du cœur humain dans l’épreuve et a appelé avec raison à la soumission, mais en oubliant la compassion, du moins à nos yeux. Peut-être était-ce malgré tout un discours que Job pouvait recevoir. En tout état de cause, la fougue de Job a disparu après cette intervention qui lui a ouvert de nouveaux horizons.